LE SOUK (2e partie et fin) Résumé : Le souk regorgeait d'une foule cosmopolite. On y trouvait de tout. Des légumes et fruits, mais aussi des couvertures, des tapis et autres… Un guérisseur proposait aussi ses services et les gens se bousculaient pour guérir leurs maux. En bon guérisseur, l'homme s'adressera à une jeune femme qui se trouvait non loin de lui : - "Voici une amulette pour te débarrasser de tes angoisses... Tu la porteras constamment sur toi, et en voici une autre que tu feras fondre dans un verre d'eau avant de l'exposer trois nuits consécutives à la belle étoile et de la boire à l'aube du quatrième jour." La jeune femme remercia et s'en alla, non sans avoir remis un beau billet de banque au vieil homme qui le fourra dans les plis de son chèche. Un jeune, d'une trentaine d'années, s'approcha à son tour pour montrer son bras tuméfié. - "Ah ! une déchirure musculaire... Regardez-moi ces bleus ! Tu aurais pu venir plutôt mon fils. Je vais tout de même essayer de te soulager..." Le guérisseur mettra sa main sur le bras de "son client" et récitera deux ou trois phrases inaudibles. Il l'imbibera ensuite d'huile d'olive et le massera soigneusement, avant de le serrer dans un mouchoir. - "Voilà... Dans une semaine, tout au plus, tu seras totalement guéri. Toutefois, si la douleur persiste, reviens me voir." Plusieurs "patients" défilèrent ainsi pour soulager leurs maux. Cependant la "thérapie" qui me marquera le plus fût un enfant, âgé à peine de quatre ans, qui souffrait de muguet buccal qui envahissait toute sa bouche. Le vieil homme lui demandera de tirer la langue et la retint avec une grosse pince à linge. Il se saisit ensuite de la moitié d'un citron avec laquelle il se mettra vigoureusement à la frotter. Le gosse, maintenu par son paternel, n'arrivait ni à bouger ni a crier, mais on devinait facilement ses souffrances car le sang giclait, au fur et à mesure que le vieux guérisseur frottait les pustules purulentes. Au bout de quelques minutes, qui me parurent une éternité, il s'arrêtera et se mettra à préparer une pâte d'ail et sel qu'il étalera sur les parties infectées. Le gosse pleurait à chaudes larmes, mais cela n'empêchera pas le vieil homme de lui laver la bouche avec une infusion d'huile d'olive. - "Voilà, maintenant il faudra l'empêcher de se gratter, et dans deux jours, il n'y aura plus rien !" La deuxième opération à laquelle j'ai assisté sera une extraction dentaire avec une tenaille, une pince et un tourne-vis... Et bien sûr, tenez-vous bien, sans aucune anesthésie ! Une fois la dent extraite, le vieillard étalera une couche de poudre d'alun à l'intérieur de la cavité dentaire et recommandera au malade d'éviter de mâcher durant deux jours sur cette partie de sa bouche, qui commençait déjà à enfler. C'est le crépuscule. La placette commence à se vider. Quelques femmes discutaient autour d'un tapis, et une autre négociait une couverture. Dans quelques instants, tout ce monde quittera les lieux, et il ne restera du souk que ses déchets que le vent finira par éparpiller.
Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.