Le coup d'envoi officiel de la saison estivale 2019 à Tizi Ouzou a été donné samedi 22 juin à la plage le Caroubier d'Azeffoun par les autorités de wilaya qui, comme chaque année à la même période, n'ont pas manqué l'occasion pour mettre en avant les "efforts" déployés dans le but de permettre aux estivants de se rafraîchir dans de bonnes conditions sur les plages de la wilaya. Mais qu'est-il justement de ce que ces responsables qualifient de "bonnes conditions" ? Une tournée à travers quelques-unes des huit plages autorisées à la baignade sur le littoral de la wilaya, la veille de l'ouverture de la saison estivale, renseigne à vrai dire de manière éloquente sur ces supposées "bonnes conditions". À peine devant l'entrée de la plage le Caroubier, voilà que la gratuité des plages, que les responsables rappellent comme un leitmotiv à qui veut encore le croire, vole en éclats. Un ticket d'entrée est imposé à tout automobiliste voulant accéder au vaste espace de stationnement. Le prix ? Que ce soit pour une journée ou pour une demi-heure, il faut débourser 150 DA ! Soit 50 DA de plus que la saison précédente. "La concession nous a coûté près d'un milliard de centimes cette année", nous explique le préposé à l'encaissement. Une fois sur le sable de la plage, il est quasi impossible de planter son propre parasol ou installer sa tente. Le vaste rivage est déjà envahi par les équipements du tenant des lieux qui oblige ainsi les estivants à débourser près de 1000 DA pour une tente de fortune ou près de 500 DA pour un parasol et d'autres frais encore en cas de besoin de chaises ou de tables en plastique. "Je n'aurais pas été regardant sur de telles dépenses si seulement la plage était au moins en bon état !", fulmine un sexagénaire qui avançait chancelant sur le sable plein de galets et autres détritus qui jonchent la plage. Des blocs de pierres, sans doute charriés par les vagues lors des tempêtes hivernales, étaient également toujours là, faisant du Caroubier une place loin d'être prête pour accueillir les estivants, même les moins exigeants. "D'habitude, un trax est mobilisé à la veille de chaque saison estivale pour extraire tous ces blocs et galets et rendre la plage agréable", se plaint le même homme, s'interrogeant comment on peut accorder une concession de près d'un milliard pour une plage sans se soucier de son état. En effet, ce n'est que durant la même journée de l'ouverture de la saison estivale qu'une opération de volontariat est organisée pour rendre la plage un tant soit peu fréquentable. À Tigzirt, la situation n'est pas moins semblable. Même pire, tant le jour même de l'ouverture de la saison estivale, des travaux sont toujours en cours sur les plages Tassalast et la Grande Plage. Pour leur nettoyage, il aura fallu compter sur la fameuse opération "les éboueurs de la mer" initiée chaque année par la Chaîne 3 et à laquelle participent à chaque fois des dizaines de volontaires acquis à la cause écologique. Mais si pour rendre les plages de la région fréquentables il aura fallu compter sur le volontariat, pour s'offrir une journée d'évasion sur ces rivages sablés, il faut, tout comme à Azeffoun, mettre la main à la poche. Si le wali de Tizi Ouzou, qui s'est rendu à Azeffoun pour donner le coup d'envoi de la saison estivale, a été bruyamment hué par les citoyens, ce n'est sans doute pas seulement pour des raisons politiques mais aussi pour dire basta à cette politique de bricolage que continuent à mener les responsables locaux, même dans ce contexte de révolution populaire dont une des origines n'est autre que le ras-le-bol généré par la gouvernance aléatoire depuis des dizaines d'années.