Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne nourrit aucune illusion quant aux intentions des tenants du pouvoir dont les entraves aux libertés, qu'illustrent les dernières arrestations et les pressions exercées sur les médias, contrastent singulièrement avec leur disponibilité présumée au dialogue. Dans les résolutions qui ont sanctionné la réunion de son conseil national tenu samedi à Alger, le RCD a dénoncé, de nouveau, ce qu'il qualifie d'"offensive" contre les libertés, en réitérant l'exigence de la libération "immédiate" et "inconditionnelle" de tous les détenus d'opinion, parmi lesquels l'ancien maquisard Lakhdar Bouregâa. "Il ne peut y avoir de solution à la crise par la reconduction des autoritarismes qui ont ruiné le pays", estime le RCD. Convaincu que rien n'est plus cher pour l'avenir du pays que le maintien de l'élan populaire exceptionnel du 22 février, le RCD relève que l'ambition de la construction d'un Etat de droit, comme le réclame le peuple algérien, se heurte aujourd'hui à l'accaparement de l'appareil judiciaire par un "groupe" dont l'objectif est d'avoir la mainmise sur les leviers de la décision. "Comme sous le règne du président déchu, d'où que l'on vienne, l'obstacle aujourd'hui est l'accaparement de l'appareil judiciaire utilisé pour asseoir la mainmise d'un groupe sur tous les pouvoirs de décision", soutient le parti de Mohcine Belabbas. "Qui peut croire aujourd'hui que parmi les décideurs acharnés d'un 5e mandat il existerait chez certains d'entre eux des motivations autres que le maintien d'un statu quo et d'un système fait de dilapidation de l'argent public, de rapine et d'impunité ?" s'interroge-t-il. "Qui peut croire que le vice-ministre de la Défense, l'actuel président de l'Etat ou le chef du gouvernement, tous illégitimes, avaient pour motivation le sauvetage de notre pays de la ‘issaba', eux qui étaient les principaux promoteurs de la reconduction de Bouteflika par le biais de son cadre ?" se demande-t-il encore. Pour le RCD, la réponse a été magistralement donnée le 22 février 2019 par le peuple algérien. Non seulement la justice est loin d'accomplir les missions telles que les recommandent les standards, mais, à ses yeux, elle viole la loi et procède à des "montages" pour mettre aux arrêts des citoyens. "Une justice indépendante, pilier central de tout Etat de droit, ne sert pas uniquement à condamner. Elle doit aussi innocenter, dédommager et rétablir l'honneur de personnes accusées à tort. On en est loin. C'est cette justice aux ordres du vice-ministre de la Défense qui viole la loi en recourant à des montages et à des approximations juridiques pour jeter en prison un moudjahid authentique pour délit d'opinion et de jeunes citoyens pour délit de possession de l'emblème amazigh, symbole de l'identité nord-africaine", accuse le RCD. Partie prenante de l'appel aux forces de l'alternative démocratique, le RCD estime nécessaire son élargissement pour accompagner le mouvement à même de faire aboutir ses revendications, dont l'organisation de la transition.