"Pourquoi les juges d'Alger ne veulent-ils pas libérer ces détenus, sachant que les tribunaux d'Annaba, de Mostaganem, de Batna et de Chlef ont déjà acquitté des manifestants arrêtés pour les mêmes motifs ?" s'interrogent les avocats. Trois détenus pour port du drapeau amazigh ont été auditionnés, hier, par les juges d'instruction près les tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab El-Oued, puis renvoyés en prison. Bounouh Nabil et Mohand Ameziane Belehoul ont été présentés devant le juge d'instruction de Sidi M'hamed. Okbi Akli a, quant à lui, été présenté devant le juge d'instruction près le tribunal de Bab El-Oued. Selon les avocats du collectif de la défense des détenus, le juge d'instruction prononcera sa décision ultérieurement. Ces avocats se sont interrogés sur le retard observé "sciemment" dans le traitement de cette affaire, alors que des manifestants arrêtés pour les mêmes motifs dans d'autres wilayas du pays ont été libérés. Ces trois détenus, qui croupissent à la prison d'El-Harrach depuis plusieurs semaines, apprend-on, n'avaient, jusque-là, "jamais été auditionnés par la justice" pour "statuer sur leur affaire". Des avocats ont dénoncé "cette manière de faire" de la part des autorités "afin de gagner du temps qui leur permettra de maintenir en détention des innocents". Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a informé, pour sa part, que le détenu Bilal Ziane, atteint d'un cancer, n'a pas bénéficié d'une remise en liberté pour poursuivre ses soins. Selon le comité, "Bilal Ziane a raté son rendez-vous de chimiothérapie prévu hier". "La justice refuse de lui accorder une liberté pour se soigner", dénonce le comité, assurant que le détenu, arrêté le 13 septembre dernier, "garde le moral" et ce, malgré "ses soucis de santé". Le CNLD informe, par ailleurs, que les détenus Benhabib Madjid et Sayah Aïssam seront auditionnés par le juge du tribunal de Tlemcen aujourd'hui. Le comité rappelle qu'ils sont accusés d'"atteinte à l'unité nationale" et d'"atteinte au moral des troupes". Yahiaoui Hilal et Chami Arezki seront auditionnés dans le fond par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed également aujourd'hui. Le comité a indiqué que plusieurs détenus d'opinion ont déjà été entendus dans le fond, puis renvoyés à nouveau à la prison d'El-Harrach. Cependant, "le juge d'instruction a instruit des commissions rogatoires (enquêtes sociales) pour sept détenus résidant hors de la wilaya d'Alger". "Pourquoi tout ce retard dans la procédure et pourquoi les juges d'Alger ne veulent-ils pas libérer ces détenus, sachant que les tribunaux d'Annaba, de Mostaganem, de Batna et de Chlef ont déjà acquitté des manifestants arrêtés pour les mêmes motifs ?" s'est interrogé, en effet, le comité. faut rappeler que plus de soixante manifestants ont été arrêtés pour port du drapeau amazigh. Les services de sécurité avaient procédé à leur arrestation, notamment à Alger, après le discours du vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, du 19 juin à Béchar, où il avait évoqué "des individus" qui exhibent un drapeau "autre que le drapeau national".
