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"Une bonne dette est toujours meilleure que la planche à billets"
Rachid sekak, expert en finances et ancien directeur de la dette extérieure à la banque d'algérie
Publié dans Liberté le 13 - 10 - 2019

Expert international en finances, ancien directeur général de la banque HSBC Algérie et ancien directeur de la dette extérieure à la Banque d'Algérie (BA), Rachid Sekak analyse à travers cet entretien la question du retour de l'Algérie à l'endettement extérieur, décidé récemment par le gouvernement. Selon lui, il y a une bonne et une mauvaise dette…
Liberté : Le retour annoncé par le gouvernement à l'endettement extérieur est-il faisable à des conditions favorables en l'état actuel des finances de l'Algérie ?
Rachid Sekak : La bonne nouvelle est que la dette extérieure n'est plus un tabou politique, ni un argument avancé par certains pseudo-défenseurs autoproclamés de notre souveraineté nationale pour légitimer un statu quo. La dette, à tort, a été diabolisée par des prises de position qui relevaient plus de l'opposition politique stérile que d'un débat économique serein. Certains, profitant des douloureux souvenirs des années 90 encore bien présents dans les esprits, ont même tenté d'attiser la peur en assimilant la dette extérieure au FMI. Et ce, alors que les deux sujets sont totalement indépendants. Un pays n'a recours au FMI que lorsqu'il est proche de la cessation de paiement… et l'Algérie n'est pas en cessation de paiement. Notre pays a besoin de s'ajuster et de se réformer et la dette extérieure peut être un moyen pour atténuer les coûts sociaux associés à ces ajustements et réformes…, mais la dette extérieure ne peut pas remplacer les réformes qui sont indispensables. Cela fait plusieurs années que de nombreux analystes, dont je faisais partie, annonçaient comme inévitable le retour à l'endettement extérieur du fait notamment de l'interdépendance entre les grandes variables macroéconomiques, du niveau abyssal de nos déficits budgétaires et de la déplétion rapide de nos réserves de change. Il faut rappeler que la dette extérieure est comme le cholestérol. Il y a la bonne et la mauvaise dette. La bonne dette est celle qui se rembourse d'elle-même grâce aux projets qu'elle sert à financer, soit par un accroissement des exportations, soit par la génération d'un effet d'import substitution. La bonne dette est celle qui génère de la croissance et des emplois productifs. La bonne dette est toujours meilleure et plus efficiente que le financement non conventionnel. La mauvaise dette, elle, est celle qui sert à financer les déficits de la balance des paiements d'un pays qui consomme plus qu'il ne produit. La mauvaise dette c'est aussi celle qui a été contractée à partir de 1987, par manque de courage et de vision, par refus d'un nécessaire ajustement des importations… et qui a conduit au scénario devenu indispensable des années 90. Sur ce dernier point, je m'interroge sur la pertinence de la dernière note de l'ABEF qui impose un financement à 9-12 mois pour certaines importations. Attention de ne pas renouveler les erreurs du passé et au retour des crédits fournisseurs associés aux juteux et célèbres sweetners ! Cela étant, la décision d'un recours à l'endettement extérieur n'arrive, malheureusement pas, au meilleur moment. Un contexte politique compliqué, et une morosité économique ambiante, ne représentent certainement pas des conditions favorables pour un bon accès au marché financier international. Le traitement qui a été récemment réservé à certaines opérations de commerce extérieur impliquant les entreprises de personnes faisant l'objet de poursuites judiciaires ont induit un certain attentisme des banques internationales sur le volet Trade finance et une très forte poussée des taux de confirmation.
Il est de la première importance de rester parfaitement courant sur le volet commerce extérieur. Le niveau de nos réserves de change qui reste appréciable bien que considérablement amoindri le permet encore très largement. Les autorités gouvernementales actuelles et futures devront rapidement déployer une grande force de conviction et mettre en place un programme de relation avec les investisseurs. Il faut aussi noter que nos banques publiques, qui auront sans aucun doute un rôle important à jouer dans ce retour sur le marché financier international, ont été, pendant près de 20 ans, isolées de ce marché. Pendant cette période, elles ont été uniquement cantonnées à gérer des crédits documentaires. N'y a-t-il pas un danger, une carence à prendre rapidement en charge, avec la déperdition observée des ressources humaines et des compétences en matière de financement extérieur au sein de nos banques ? Par ailleurs, dans les années 90, des équipes cohérentes et homogènes (Banque d'Algérie, ministère des Finances, banques commerciales) déployaient la stratégie définie par les plus hautes autorités du pays. Un tel mode opératoire existe-t-il de nos jours ? Sommes-nous prêts d'un point de vue institutionnel à ouvrir un tel front ? Attention, il ne suffit pas d'affirmer sa volonté de lever de la dette extérieure, il faut aussi disposer du cadre institutionnel pour le faire !
L'accès à un rating international est-il indispensable pour convaincre les bailleurs de fonds ?
Il y a plusieurs catégories d'endettement possibles : le multilatéral, comme auprès de la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement, les crédits bilatéraux, comme les crédits export assurés, et la dette privée, comme la dette bancaire et la dette obligataire. Il existe des préalables si l'on veut aller de façon ordonnée et la moins coûteuse possible vers l'endettement extérieur. Le premier réside dans l'élaboration d'un discours cohérent et homogène qui ne peut s'appuyer que sur une stratégie économique pluriannuelle de réduction des déficits budgétaires et de la balance des paiements et sur la mise en œuvre d'une série cohérente de réformes structurelles. Notre communication au niveau international sera de la première importance. Mais attention, les marchés sont sensibles aux discours mais ils réagissent aux actes. Le second est l'obtention, le moment voulu, d'un rating souverain auprès de l'une des 3 principales agences de notation internationales. Cette démarche est un préalable à une éventuelle émission obligataire internationale (Sukuk inclus). Elle créerait un "benchmark" pour le pays. La recherche d'un tel rating par notre pays serait très appréciée par les acteurs du marché financier international, car considérée comme une volonté de transparence et comme un engagement ferme sur la voie à emprunter pour le rétablissement des équilibres macroéconomiques et sur la volonté de mettre en œuvre des réformes structurelles ambitieuses. Il est dommage que nos autorités n'aient pas apprécié à sa juste valeur la nécessité d'un rating souverain. Par le passé, un niveau de réserves de change supérieur à 200 milliards de US$ et d'énormes excédents budgétaires et de balance de paiement auraient rendu, sans aucun doute, l'exercice plus facile. Mais... pour traduire un dicton arabe "le passé est mort". Regardons l'avenir.
Le financement extérieur peut-il réellement tenir lieu d'alternative au recours à la planche à billets, gelé pour le moment par le gouvernement ?
Nos équilibres macroéconomiques actuels sont compromis, aussi bien pour le budget que pour la balance des paiements. Les déficits restent, à ce jour, énormes. Aussi, le financement extérieur ne pourra être qu'un recours partiel au financement du gap. Si l'on ne réduit pas de manière substantielle notre déficit budgétaire, alors le financement non conventionnel (la planche à billets) aura malheureusement encore de beaux jours devant lui ! Ceci d'autant que, pour l'instant, nos autorités souhaitent limiter notre endettement extérieur aux crédits multilatéraux dont les enveloppes financières disponibles sont largement en dessous des besoins.
L'Algérie est-elle aujourd'hui en mesure de mettre en place des projets d'investissement financés par des emprunts externes et suffisamment rentables pour couvrir pas eux-mêmes le remboursement de ces emprunts ?
Des projets vertueux, tels que définis plus en avant dans cet entretien, existent chez nous. Il y a un élément nouveau et il est important : le recours aux financements multilatéraux va améliorer la maturation et la mise en œuvre des projets proposés aux bailleurs. Les bailleurs chercheront à connaître la destination de leurs fonds et analyseront la qualité des projets, ce qui pourra éviter certaines dérives observées dans un passé récent dans la conduite et les coûts des grands projets.
Le marché financier mondial, en proie selon le FMI à une grave crise d'endettement, est-il aujourd'hui propice à la collecte de ressources pour un pays mono-exportateur et dépendant du marché des hydrocarbures, à l'image de l'Algérie ?
La configuration actuelle des marchés est atypique avec des possibilités d'emprunter à des taux très bas. Certains pays de la zone OCDE empruntent à 10 ans à des taux proches de zéro. Mais ne rêvons pas… L'Algérie devra payer une prime de risque, laquelle dépendra du rating qu'elle pourra obtenir, de la perception favorable ou défavorable par le marché de son programme de redressement des équilibres macroéconomiques, ainsi que de la qualité de son programme de communication avec les investisseurs. Beaucoup de travail reste donc à faire !

Propos recueillis par : Akli Rezouali


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