Les habitants d'Ameddah, un village perché sur les hauteurs de Tizi Gheniff, ont renoué, hier, avec "thimechret", cette tradition mise aux oubliettes depuis de longues années dans cette localité du sud de la wilaya. Après avoir préparé tout le nécessaire, les villageois se sont réunis, tôt hier, au lieudit El-Djemaâ n U Meddah. Ils se sont mobilisés comme un seul homme pour fêter comme il se doit cet événement dans la solidarité et la liesse. Chaque groupe devait s'occuper d'une tâche bien déterminée alors que les membres du comité étaient chargés de tout ce qui a trait à l'organisation. De nombreux enfants ont, ainsi, assisté à cet événement pour la première fois de leur vie. "C'est une tradition ancestrale. C'est non seulement une occasion de réunir tout le monde, mais c'est aussi le moment de discuter sur les projets du village. Si nous l'avons organisée à la veille du Mouloud, ce n'est que pure coïncidence, mais nullement pour donner à cette tradition un quelconque cachet religieux. C'est aussi à la veille du lancement de la cueillette des olives et de tous les autres travaux des champs", nous a expliqué Makhlouf Chikh, président du comité de village. Peu avant midi, les quartiers de viande découpés minutieusement par les plus habiles ont été répartis équitablement en parts égales sur tous les foyers recensés. "Nous avons immolé un veau, un bélier et un bouc. Chaque famille a contribué à raison de 1 500 DA. Mais il faut souligner que les nécessiteux ont pris leur part gracieusement. Au total, nous avons obtenu 300 parts. C'est vraiment un grand plaisir de revenir à ce genre de tradition. Elle raffermit les liens de fraternité entre les villageois. Nous avons constaté que plusieurs familles résidant à Alger et à Boumerdès sont venues spécialement pour assister à cet événement festif", ajoutera le même interlocuteur. Cette action, ont estimé les membres du comité de village, constitue également un élément déclencheur pour redonner à "thajemaât" la place qui lui sied parmi la communauté villageoise parce que ses prérogatives ne se limiteront pas, désormais, à l'immolation de bêtes, mais aussi, soutiennent-ils, à l'organisation de la cité dans toutes les circonstances. "Cette organisation ancestrale est la seule à même d'assurer la pérennité de toutes les traditions villageoises mises de côté ces dernières années dans une société en pleine mutation", explique encore un membre du comité de village.