Des centaines de manifestants algériens ont organisé un rassemblement dimanche à l'occasion de l'acte 55 de la révolution du sourire à la place du Canada, à Montréal. Coïncidant avec la Journée internationale des droits des femmes, la manifestation a été entièrement dédiée au combat de la femme algérienne. Même les slogans scandés ont été adaptés pour la circonstance. Les manifestants ont ainsi rappelé la résistance millénaire de la femme : le combat de Kahina, la résistance de Fadhma n'Soumer, l'engagement de Djamila Bouhired et de Louisette Ighilahriz, le courage de Nabila Djahnine et de Katia Bengana, assassinées par des terroristes islamistes, ou, plus près de nous, celui de Samira Messouci qui a repris le flambeau de ses aînées. Cette transmission générationnelle a été "fixée" sur du papier, puisqu'une exposition retraçant le combat épique de la femme algérienne a été organisée en marge de la manifestation. Les détenus d'opinion étaient également les héros de la diaspora algérienne au Canada qui a exigé leur libération. Pour donner un caractère festif à la manifestation, des fleurs ont été offertes aux manifestantes qui étaient, à l'occasion, plus nombreuses que d'habitude. Agora citoyenne d'échanges et de débats, le speaker corner, qui se tient habituellement en marge de la manifestation, a été symboliquement dirigé par une femme. Et, naturellement, les sujets abordés avaient trait pour l'essentiel à la condition féminine. Les intervenantes ont notamment dénoncé le code de la famille dont l'abrogation "pure et simple" a été réitérée. "C'est un code de l'infamie qui maintient la femme dans un statut de mineure à vie", a tonné une manifestante, pour qui les violences subies par la femme algérienne trouvent en partie leur fondement dans ce texte législatif hors d'époque. Le combat de la femme algérienne à travers l'histoire a été célébré par les hirakistes, qui ont mis en exergue le rôle de premier plan de la femme dans les haltes historiques du pays. La femme a été en effet aux côtés de l'homme, à chaque fois que la situation l'exige, a-t-on rappelé. C'est le cas, par exemple, lors de la guerre de Libération nationale, a tenu à souligner un intervenant. Pour d'autres, le combat de la femme est consubstantiel au combat pour un Etat démocratique et social. D'où l'exigence d'un "Etat civil et non militaire". "Dans un Etat véritablement démocratique, on ne réprime pas les manifestations pacifiques", a dénoncé un intervenant, faisant allusion à la féroce répression qui a ciblé les manifestants samedi dernier à Alger. Action symbolique s'il en est, les manifestants ont formé deux grands cercles en forme de 8 entourant les femmes à l'intérieur, avant que l'hymne national ne retentisse dans le ciel dégagé de Montréal : le combat continue…