Les manifestations estudiantines se suivent depuis plus d'une année, mais ne se ressemblent pas. à l'occasion du 55e mardi du hirak, les étudiants ont quelque peu ajusté leur "fenêtre de titres" en consacrant une bonne partie des slogans mis en avant, à la liberté de la presse, à l'indépendance de la justice et à la libération des détenus. "Justice libre, presse indépendante", ont été les slogans les plus scandés depuis le départ du cortège jusqu'à son arrivée, devant la Fac centrale. "Libérez la presse", criaient certains. Arrivés à la rue Ali-Boumendjel, à hauteur du tribunal d'Alger, sis à la rue Abane-Ramdane, les manifestants reprenaient de toutes leurs forces : "Ce peuple ne mérite pas l'humiliation, Zeghmati le poltron" ou encore "Justice indépendante". Comme lors de la marche de mardi dernier, les étudiants ont réclamé haut et fort la libération de tous les détenus. "Libérez Tabbou, Libérez Belarbi", scandaient-ils, par-ci, et "Libérez les détenus ils n'ont pas vendu de cocaïne", criaient-ils par-là. Sur les portraits de Karim Tabbou et d'autres détenus on pouvait lire : "Liberté pour les détenus d'opinion". D'autres, sur des pancartes de fortune, réclamaient la libération de Tabbou et de Nekkaz. Mais le détenu le plus acclamé hier a été, incontestablement, le policier Toufik Hassani mis en mandat de dépôt pour la énième fois vendredi 6 mars, à l'occasion de la 55e marche d u hirak. Il a été porté en triomphe. Les manifestants n'ont pas cessé de l'acclamer en scandant, surtout quand ils sont arrivés à hauteur du commissariat de police du boulevard Amirouche : "Dieu Est Grand Toufik Hassani." Bien évidemment les incontournables mots d'ordre d'"Etat civil et non militaire", "Etudiants s'engagent, système dégage", "Nous, enfants d'Amirouche, ne connaissons pas la marche arrière (…)" ou encore "Vous avez pillé le pays, traîtres" ont résonné dans les principales artères d'Alger-Centre. À l'arrivée de la marche, à un pas de la Fac centrale, un jeune leader estudiantin — tout en insistant sur la manifestation pacifique — a pris la parole pour dénoncer la répression du samedi 7 mars dont ont été victimes des marcheurs, notamment de vieilles femmes. "Les arrestations injustes ne font que renforcer notre détermination à libérer notre pays", s'est-il écrié, en invitant ses pairs à s'adonner à un travail de sensibilisation et de conscientisation des étudiants qui ne participent plus aux marches plutôt que de verser dans la confrontation. "On n'a pas de problème avec la police, mais avec le système. La violence fera l'affaire de la îssaba (bande)", expliquait-il. Le jeune étudiant s'est également élevé contre les tentatives de ressusciter les divergences idéologiques au sein du hirak. "Nous sommes unis pour libérer le pays. C'est la révolution de tout le peuple algérien. Celui qui veut introduire les idéologies dans le hirak veut, en fait, sa division. Une fois que nous mettrons en place un Etat véritablement démocratique et républicain, chacun sera alors libre de défendre son idéologie", a-t-il martelé. Les étudiants ont ensuite entonné l'hymne national avant de se quitter sous les cris d'"indépendance".