Il s'apprêtait à frapper encore un grand coup cet été, pour honorer, une fois de plus, les couleurs algériennes en terre nipponne, mais... Après avoir remporté une première médaille d'or historique sur 1500 m aux jeux Olympiques de Londres en 2012 puis glané deux médailles d'argent au 1500 m et au 800 m aux JO de Rio de Janeiro en 2016, notre champion de demi-fond Taoufik Makhloufi s'apprêtait à frapper encore un grand coup, cet été, aux JO de Tokyo, initialement prévus du 24 juillet au 9 août 2020. Physiquement et moralement, il était prêt à effectuer une bonne préparation préolympique pour honorer, une fois de plus, les couleurs algériennes en terre nipponne, mais cette maudite pandémie de coronavirus a fichu tout en l'air, au grand dam de notre champion qui avait choisi l'Afrique du Sud pour se préparer en conséquence. "Nous sommes arrivés à Johannesburg le 17 mars pour un stage de préparation de cinq semaines qui devait prendre fin le 20 avril avant de rentrer en France pour prendre part éventuellement à quelques meetings en Europe avant de rallier Tokyo pour les JO initialement prévus cet été, en juillet-août, mais entre-temps tout a été reporté pour l'année prochaine à cause du Covid-19, ce qui était une bonne chose pour tout le monde, mais voilà que nous sommes bloqués en Afrique du Sud car, entre-temps, tous les vols ont été annulés", nous a confié hier Taoufik Makhloufi qui aurait voulu rentrer au pays et passer tout au moins le mois de Ramadhan auprès de sa famille en Algérie. "J'aurais donné cher pour passer le ramadhan en famille" Comme tout Algérien qui se respecte, l'enfant de Souk Ahras souffre quelque peu de son éloignement du bled en cette période particulière de Ramadhan. "Sincèrement, j'aurais donné cher pour passer le Ramadhan avec les miens, mais le destin en a décidé autrement. Je n'ai pas d'autre choix que de me faire une raison en attendant de voir le bout du tunnel", lance encore notre champion qui est en contact permanent avec sa famille à Souk Ahras et qui ne manque de rien en Afrique du Sud où il réside, précisément à Bedfordview, une banlieue huppée de Johannesburg, en compagnie d'un groupe d'athlètes partis eux aussi pour préparer les JO. "Je tiens à rassurer tous mes proches et mes amis que nous ne manquons de rien ici à Johannesburg, surtout que nous résidons dans un quartier résidentiel à Bedfordview où nous passons notre temps à effectuer des entraînements quotidiens beaucoup plus pour maintenir la forme physique en attendant des jours meilleurs", enchaînera Makhloufi, qui a tenu à préciser que "tous les athlètes sont choyés par les responsables de l'ambassade d'Algérie à Pretoria qui sont aux petits soins avec nous, alors que les responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports, à leur tête le ministre, prennent souvent de nos nouvelles et ont tenu à nous réconforter régulièrement, alors que des Algériens résidant ici en Afrique du Sud sont très chaleureux envers nous". En plus des entraînements quotidiens, notre champion nous a même avoué qu'il s'est mis à la cuisine algérienne en ce début de Ramadhan pour meubler gaiement ces jours de confinement au pays de Mandela. "J'essaye de mon mieux pour préparer la chorba frik et la galette bien de chez nous, même si cela ne vaut pas la saveur de la table familiale en cette période sacrée de Ramadhan", avoue l'enfant prodige de Souk Ahras qui, a priori, semble décidé à faire contre mauvaise fortune bon cœur en ces jours de morosité. "Nourredine Morceli est mon idole et mon grand frère" Qu'à cela ne tienne, Makhloufi a toujours combattu l'adversité d'où qu'elle vienne et a su relever toujours la tête durant sa riche carrière sportive. "La vie d'un athlète de haut niveau est faite de sacrifices et d'imprévus à longueur d'année, mais il faut bien se faire une raison et prier Dieu pour nous accompagner et nous protéger en toutes circonstances, notamment en cette période de pandémie qui menace toute la planète", enchaînera Makhloufi qui ne sort pratiquement pas de chez lui "si ce n'est pour effectuer quelques achats utiles dans cette charmante ville de Bedfordview où tout est sécurisé", dit-il. En fait, notre médaillé olympique ne veut point céder au découragement ni à l'ennui. "Dans ma tête, j'étais prêt moralement et physiquement à réussir une bonne préparation pour les Jeux de Tokyo, mais ce n'est que partie remise pour l'année prochaine où je compte me préparer, comme d'habitude, au 1500 et au 800, tout en espérant que tout va rentrer dans l'ordre d'ici quelque temps. Je profite de l'occasion pour remercier aussi du fond du cœur notre grand champion Nourredine Morceli qui a toujours été à mes côtés, lui qui fut jadis mon idole et qui, au fil du temps, est devenu mon grand frère", dira encore Makhloufi qui fêtera ses 32 ans ce 29 avril, et qui rêve d'offrir encore tant de bonheur et de fierté au peuple algérien comme il l'a si bien fait à Londres et à Rio. Pour conclure, la grande vedette du demi-fond mondial a tenu à lancer un appel solennel aux citoyens d'Algérie – surtout les jeunes – pour leur demander de respecter scrupuleusement les mesures préventives de confinement. "Je lance un appel du fond du cœur à tous mes frères algériens pour rester chez eux en cette période de pandémie et ne pas risquer leur vie et surtout celle de leurs parents face à ce virus terrible qui est très dangereux et qui se propage rapidement, dès lors que les mesures de vigilance et de protection ne sont pas respectées", a tenu à clamer tout haut le plus grand médaillé olympique algérien de l'histoire, qui n'a pas omis de transmettre ses belles pensées à ses parents et ses amis qui lui manquent tant, tout en souhaitant "un bon Ramadhan à tout le peuple algérien". Mohamed HAOUCHINE
