La manifestation dominicale organisée à la place du Canada, à Montréal (Québec), a rendu un vibrant hommage au défunt président Mohamed Boudiaf, dont on a célébré hier le 28e anniversaire de son assassinat. Les manifestants ne pouvaient pas laisser passer cette occasion du souvenir d'un des pères fondateurs du FLN historique pour réitérer la nécessité d'un changement systémique. Le parcours du révolutionnaire a été revisité ; un texte qui retrace les faits saillants du combat de Boudiaf a été lu par un manifestant, avant que la foule n'observe une minute de silence à la mémoire du Président assassiné. La vérité sur cet assassinat "en direct" est toujours réclamée. Le speaker corner a repris ses droits également à la faveur de la reprise des rassemblements de soutien à la Révolution du sourire. L'occasion d'évoquer les perspectives du mouvement citoyen qui semble être à la croisée des chemins à cause, notamment, de la crise sanitaire et des coups de boutoir du pouvoir qui veut avorter la révolution citoyenne. Et pour preuve, la répression maintenant assumée des libertés mènera à tout, sauf au changement démocratique revendiqué par les Algériens, ont soutenu plus d'un. "Nous devons rester vigilants, le pouvoir veut en finir avec le hirak qu'il ne cesse pourtant de bénir", a d'emblée affirmé un intervenant. Un autre militant est revenu sur la question d'organiser la révolution populaire, en élaborant un texte fondateur où seraient énumérées les valeurs fondamentales de la démocratie. La mise en scène de l'humiliation d'Ahmed Ouyahia lors des funérailles de son frère a été longuement commentée. Crise sanitaire oblige, les manifestants ont observé les mesures de protection et de distanciation sociale, alors que le Canada appréhende une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. Dans ce sillage, le collectif, qui organise les samedis les rassemblements devant le consulat algérien de Montréal, a décidé de reporter la reprise des manifestations, eu égard justement à la situation sanitaire qu'il dit suivre avec attention. Lors de la manifestation de ce dimanche, les hirakistes ont annoncé l'organisation d'une marche à l'occasion du 5 Juillet pour exiger la libération des détenus d'opinion et soutenir la révolution citoyenne du 22 Février. La marche pacifique, la première après le déconfinement, aura lieu dimanche prochain à 11h. Elle s'ébranlera de la place du Canada pour se diriger vers le siège du consulat général d'Algérie à Montréal. Le rassemblement s'est terminé avec la voix rebelle de Matoub, commémorant l'assassinat des révolutionnaires : "D'Abane à Boudiaf..."