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"On fait semblant de faire le confinement"
professeur Mourad Taleb, chef du service d'épidémiologie au CHU Abdelkader-Hassani de Sidi Bel-Abbès
Publié dans Liberté le 15 - 07 - 2020

On faisait semblant de faire le confinement, mais en réalité, il n'y avait pas de confinement. La claustration, ce n'est pas uniquement des horaires et ils ne suffisent pas s'il n'y a pas de sens des responsabilités de la population."
Liberté : Pouvez-vous nous faire un point de la situation sur l'évolution et la propagation des cas de Covid-19 à Sidi Bel-Abbès ?
Pr Mourad Taleb : Je ne vous cache rien, l'épidémie de coronavirus s'accroît actuellement de manière plus rapide qu'on ne l'avait prévu. Je vous explique, durant le premier trimestre de l'année en cours, on était à plus de 215 cas, alors qu'au mois de juin, on enregistre le double, soit 450 cas d'hospitalisation. Donc, pour conforter la thèse de la rapidité de cette hausse pour les dix premiers jours du mois de juillet en cours, on est à peu près à 280 cas.
Ce qui veut dire que le service dédié à l'hospitalisation des cas contaminés est au seuil de la saturation ?
Tout à fait. à titre d'exemple, lorsqu'on a atteint un taux de saturation, soit entre 70 et 80 cas à l'EPH Dahmani-Slimane, on avait déjà réservé le service de rééducation du CHU qui comporte 42 lits. Aujourd'hui, à quelques jours de son ouverture, on est déjà à 30 cas de patients hospitalisés, soit un total de 280 hospitalisations entre les deux services. Et malgré nos prévisions, on est aujourd'hui dépassés par la vitesse de propagation de cette épidémie, à tel point qu'on a déjà atteint un taux de saturation.
On est en train de réfléchir pour augmenter la capacité d'hospitalisation, notamment l'ouverture d'autres services. Donc, pour cet afflux de malades, la circulaire ministérielle a allégé quelque peu le délai d'hospitalisation, mais le suivi et le contrôle en ambulatoire n'ont pas suffi à diminuer la pression. En outre, on a augmenté la rotation autour des lits, mais face aux flux incessants de malades, je vous avoue que la situation est très inquiétante.
À quoi cela est-il dû ?
C'est clair, on faisait semblant de faire le confinement mais en réalité, il n'y avait pas de confinement. La claustration ce n'est pas uniquement des horaires et ils ne suffisent pas s'il n'y a pas de sens des responsabilités de la population. Donc, on a beau appliquer ces mesures de confinement mais en même temps les citoyens se côtoient de vingt heures jusqu'à sept heures. C'est comme si on n'avait rien fait.
Aussi, on voit que dans les lieux publics, administrations et devant les bureaux de poste, les citoyens se côtoient et ne portent pas de bavettes. Donc, qu'est-ce qui se passe ? La transmission continue plus rapidement et le réservoir du virus augmente et au final vous avez l'éclatement. Autre chose, on a remarqué qu'il y a beaucoup de malades, notamment des personnes âgées atteintes de maladies chroniques qui sont à un stade avancé de la maladie, c'est-à-dire que les familles ont fait tout ce qu'elles pouvaient chez elles et lorsqu'elles se présentent à l'hôpital, leur prise en charge devient difficile.
Récemment, le personnel paramédical est monté au créneau pour dénoncer l'absence de moyens de protection et de prévention contre le coronavirus ?
C'est vrai, il y a des problèmes d'organisation, de dotation, de garde et de coordination, surtout dans les structures dédiées à la Covid-19. Mais, je pense que le personnel est suffisamment doté de moyens de protection. Les voyants sont au rouge et il faudrait que tout le potentiel humain, aussi bien médical que paramédical, soit mobilisé pour la Covid. Il y a quelques heures, nous étions en visioconférence avec le ministre de la Santé qui a insisté sur le fait que la stratégie dans les hôpitaux doit être axée sur la Covid. Ce qui veut dire que la situation est très grave parce qu'on le voit, et je vous le dit en tant qu'épidémiologiste, l'épidémie continue d'augmenter et la courbe est de plus en plusexponentielle.
À partir de là, il faut s'organiser davantage car les potentialités humaines existent, mais elles sont mal gérées et mal exploitées à l'heure actuelle.
Qu'est-ce que vous proposez pour atténuer cette saturation ?
En ce qui me concerne, j'ai proposé au directeur de la santé d'ouvrir les autres établissements de santé pour éviter les déplacements de malades surtout lorsqu'il s'agit d'une grippe minime ou modérée pour laquelle le sujet est jeune car on peut le prendre en charge au niveau de l'EPH. Il faut que l'EPH de Sidi Bel-Abbès soit organisé, y compris l'hôpital de jour pour la prise en charge du malade en ambulatoire et puis prévoir des lits d'hospitalisation avec source d'oxygène. Donc, on ne va pas demander aux autres EPH de prendre en charge les cas sévères parce que c'est centralisé au niveau de l'EPH Dahmani-Slimane du chef-lieu de wilaya qui dispose de tous les moyens.
Cependant, si les EPH de la wilaya, notamment ceux des daïras de Sfisef, de Telagh et de Ras El-Ma, s'organisent à prendre en charge les cas bénins et modérés, je vous assure qu'on augmentera nos capacités et on s'organisera mieux parce que cet afflux vers un seul établissement pour toute la wilaya n'arrange pas la prise en charge des malades. C'est la stratégie qu'on doit appliquer dans l'immédiat.
Un dernier mot à l'adresse de lapopulation ?
Il faut le dire franchement, car faute d'un confinement et de mesures barrières sérieuses avec toute la responsabilité de chacun, le réservoir va encore augmenter et on risque d'avoir des scénarios beaucoup plus graves, parce que ce n'est pas la maladie en elle-même qui pose problème, mais l'afflux qui va forcément compromettre la prise en charge des malades. J'interpelle la population à se confiner sérieusement, ne sortir que pour des raisons nécessaires et éviter les attroupements. Comme vous l'avez constaté, il y a des images choquantes à chaque coin de rue, et à partir de là, c'est le système de soins qui sera mis sous pression.
Propos recueillis par : A. Bousmaha


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