Il n'a pas dépassé 42% de taux d'avancement des travaux. Et c'est l'Agence nationale des autoroutes (ANA), maître d'ouvrage du projet, qui avance cette estimation, en faisant part de nombreuses contraintes dans sa réalisation. Sept ans après le coup d'envoi du projet, il est évident que ce n'est finalement qu'un coup d'épée dans l'eau. Ainsi va le sort réservé à ce projet structurant d'envergure, resté l'otage d'une situation de blocage qui n'arrive toujours pas à se dénouer. Mercredi dernier, c'est une délégation de l'APW qui est allée s'enquérir de cette situation, intrigante à plus d'un égard. Car, sept ans après, on fait part des mêmes contraintes, qui n'ont jamais pu être levées. "On est allé voir ce qui se passe, on va faire un rapport et le transmettre au ministère", confie le P/APW. À de nombreuses occasions dans ses différentes sessions, cette même APW s'est attardée, longuement et à plusieurs reprises, sur ces entraves qu'elle va se contenter de reproduire dans son rapport. Et c'est là où le bât blesse, quand on sait qu'aucun organisme n'a pu intervenir ou peser de son poids pour faire avancer les tronçons de ce projet de Jijel à Sétif, en passant par Mila. Il convient de rappeler que cette opération a été confiée de gré à gré à un groupement algéro-italien (48% à l'Italien Rezzani De Eccher, 47% ETRHB et 5% Sapta) pour sa réalisation, selon la fiche technique de l'ANA. En vertu d'un contrat de sous-traitance, signé le 1er décembre 2015, le groupe turc Mapa s'est associé à la réalisation de deux tunnels de 1 860 m. Le suivi du projet est assuré par un bureau d'études algéro-français (Egis, Saeti et LTPE). Quant au montant global du marché, il est de l'ordre de 176 987 440 746 DA. Le taux de consommation de cette enveloppe est estimé à 35% pour un taux d'avancement des travaux de 42%. Si du côté de Jijel on estime le taux d'avancement de ces travaux à 45%, à Sétif et à Mila, on fait part des mêmes contraintes d'un projet qui n'avance pas. Celles-ci sont multiples et sont liées à des obstacles d'ordre technique, dont les difficultés de terrain et l'insuffisance dans l'étude. Sur ce plan-là, le projet et son tracé ont connu de nombreuses modifications, dont, entre autres, l'accès au port de Djen Djen et le raccordement avec l'autoroute Est-Ouest à El-Eulma ; en plus de la traversée du barrage de Tabellout, à Jijel, de la modification du tracé entre les PK34 et 38 et au niveau de deux sections à Mila et à Sétif. Des contraintes de réseaux et administratives sont également évoquées par l'ANA et concernent le déplacement des réseaux électrique, de gaz et hydraulique, les oppositions de riverains et l'insuffisance des gîtes d'emprunt, notamment à Jijel. S'ajoutent à cela des contraintes d'ordre financier, résumées dans le retard de paiement des situations mensuelles des travaux et des contraintes budgétaires dans l'autorisation de programme. Et ce n'est pas fini, puisque la même agence fait part d'autres contraintes administratives relatives à la notification des avenants et au délai et planification officiellement maîtrisables à cause notamment des contraintes financières, selon toujours l'ANA. Autant dire qu'au-delà de tous ces aléas dans la réalisation de ce projet, dont rêvent depuis de longues années les habitants de la wilaya de Jijel pour se libérer des contraintes de déplacement en direction des différentes régions du pays, c'est l'espoir d'emprunter cette pénétrante dans les meilleurs délais qui s'envole de plus en plus. Cela dit, et à maintes reprises, les responsables de l'entreprise italienne ont fait montre d'un certain agacement à l'égard de l'évolution des travaux, restés tributaires des paiements des avenants et des situations financières. Selon eux, tout dépend de la volonté des Algériens à faire l'effort financier qu'il faut pour pouvoir avancer dans les travaux. En juillet 2018, l'ex-ministre des Travaux publics et des Transports Abdelghani Zaâlane a, lors d'une visite à ce projet, esquivé les reproches de ces mêmes Italiens à l'égard du non-paiement de certains avenants. À son escale au niveau des tunnels de Texenna, cet ex-ministre annonçait le plus normalement du monde que cette pénétrante allait être livrée... en 2019 ! Elle offre un spectacle inédit d'abandon de ses ouvrages tout au long de son tracé sur 110 km, hormis une timide reprise des travaux par l'entreprise Sapta du côté de Jijel, le reste du chantier est à l'arrêt.