Amnesty International a dénoncé hier "la répression sanglante" qui a visé le mois dernier des manifestants appelant à la démission du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Une dizaine de ces manifestants ont été tués par balles par les forces de sécurité, selon des témoins cités par l'ONG. Le week-end du 10 juillet, une manifestation, à l'appel du Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), opposé au président Keïta, a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. Le 11 juillet, après des rumeurs concernant l'arrestation de la figure de proue de la contestation, l'imam Mahmoud Dicko, des manifestants et des habitants se sont rassemblés près de son domicile, a expliqué dans un communiqué Ousmane Diallo, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest à Amnesty. "Des agents de sécurité et des policiers ont alors tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant quatre personnes", a dit le responsable d'Amnesty. L'ONG affirme également que plusieurs personnes ont été tuées par des balles perdues alors qu'elles ne participaient pas aux manifestations. Amnesty estime à "au moins 11" le nombre de manifestants et de passants tués, tandis que l'opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l'ONU de 14 manifestants tués. Dans son communiqué, Amnesty réclame aussi une "enquête approfondie" sur le rôle qu'aurait joué la Force spéciale antiterroriste (Forsat) dans ces événements.