Résumé : La femme venait de terminer son triste récit. Il se faisait tard et je devais rentrer, mais avant cela, je lui ai proposé mon aide à condition qu'elle cesse de se prostituer. Elle sortit et je rentrai enfin chez moi, où Hacène, anxieux, m'attendait. - Ah te voilà enfin. Que faisais-tu si tard au cabinet ? - Je ne sais pas si j'aurai le courage de tout te raconter ce soir, mais au petit-déjeuner tu sauras tout. Il vint m'entourer les épaules : - Tu as l'air épuisée, Mina. - Plus que tu ne le penses. Je dormis comme une marmotte. Au petit matin, je racontai tout à mon mari pour qui je n'avais aucun secret. Il parut ému par mon récit, mais se ressaisit et me lança : - Ne crois-tu pas que cette femme te mène en bateau ? Je secoue la tête : - Tu me prends donc pour une idiote, Hacène ? À mon âge, je crois que je sais reconnaître le vrai du faux. - Oui, mais par les temps qui courent... - En tous les cas cette femme était bien trop affligée pour jouer la comédie et inventer une telle histoire. - Tu as ses coordonnées ? - Oui bien sûr... - Alors nous pourrons toujours vérifier. - Je pourrais le faire moi-même, Hacène. Je ne veux pas que cette femme s'imagine qu'on l'espionne. - Et comment comptes-tu l'aider une fois remise sur pied ? - Eh bien, à vrai dire, je voulais te demander tout d'abord conseil. Tu vois, j'ai pensé à ma grand-mère Zahra. - Ta grand-mère Zahra ? - Oui. Je trouve qu'elle commence à prendre de l'âge et qu'elle aurait besoin de quelqu'un pour la seconder dans ses tâches ménagères. - Tu plaisantes, Mina ? La grande maison est toujours aussi peuplée qu'auparavant, je dirais même plus qu'auparavant, et ta grand-mère n'aimerait sûrement pas voir une étrangère s'immiscer dans ses affaires. - Bof ? c'est ce qu'elle dit. Mais si je lui demande de prendre cette bonne femme à son service, je sais qu'elle ne va pas refuser. Elle ne m'a jamais rien refusé. Hacène hausse les épaules : - Comme tu veux. J'espère seulement que tu sais ce que tu fais. Quelques jours passèrent. J'avais revu la pauvre femme – Nafissa, elle s'appelle – et j'avais tenu parole quant à sa prise en charge et à celle de ses enfants jusqu'à son total rétablissement. Juste avant de lui enlever le plâtre, je lui fis une radio qui confirma que ses os étaient soudés et qu'elle pouvait reprendre une vie normale. Je lui fis enlever le plâtre et lui conseillai quelques séances de rééducation. Puis, quand tout rentra dans l'ordre, je lui fis part de mes intentions envers elle. Elle parut enchantée : - Oui, cela me plairait de travailler dans un petit village de campagne, me dit-elle. Mais, et mes enfants ? - Ne t'inquiète donc pas pour eux. Mes cousins pourront les inscrire à l'école avec leurs enfants. J'ai déjà soulevé ce problème, et ma grand-mère Zahra sera enchantée de t'avoir auprès d'elle. C'est une femme douce et très généreuse. Elle va te protéger et te mettre à l'abri de toute incommodité. En échange, tu devras veiller sur elle et répondre à ses besoins. Oh ! Cela ne demande pas grand-chose. Ma grand-mère aime manger à l'heure, dormir à l'heure et se lever très tôt. C'est une femme pieuse, qui passe son temps dans la prière et la dévotion.
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