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Le diktat des distributeurs
les officines dénoncent la vente concomitante de médicaments
Publié dans Liberté le 07 - 12 - 2020

En imposant aux pharmaciens d'officine la vente concomitante, certains distributeurs ont provoqué une pénurie de médicaments, voire une rupture dans certains cas. Au bout de la chaîne, les malades perdent patience.
Au-delà de son incidence désastreuse sur la santé du citoyen, dont les malades chroniques qui font face à une rareté, jamais vécue, de médicaments vitaux aux traitements de leurs pathologies, les pharmaciens d'officine se heurtent, eux aussi, au stress des ruptures de stock souvent orchestrées par des "distributeurs indélicats".
Et pour cause, le recours de ces derniers à la vente concomitante de packs de plusieurs produits à rotation très lente et même à péremption proche contre une quantité infime de médicaments en rupture de stock est devenue une pratique courante et presque généralisée à toutes les transactions.
L'alerte donnée par le président du Syndicat national algérien des pharmacies d'officine (Snapo), mercredi dernier, quant à la pénurie qui touche, selon lui, plus de 300 médicaments, n'a d'ailleurs pas manqué de faire réagir l'Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (ADPHA), qui a qualifié d'"exagéré" le chiffre annoncé par Messaoud Belambri.
Une polémique qui s'expliquerait par les dénonciations maintes fois reconduites par les pharmaciens d'officine, récusant le diktat des distributeurs, notamment à travers la vente concomitante qui leur est imposée pour toute commande, a fortiori si celle-ci concerne un ou des produits en rupture de stock.
Un procédé qui a pris une telle ampleur que les pharmaciens hésitent à faire des commandes selon leurs besoins devant l'abondance des offres des distributeurs, conditionnées par la fourniture de packs de plusieurs produits à la fois. Plaque tournante de la distribution des produits pharmaceutiques au niveau régional et même national, la capitale de l'est du pays n'a pas échappé à cette crise de rareté qui touche une large palette de produits.
Une pénurie qui était prévisible selon des pharmaciens de Constantine qui décèlent une certaine précipitation dans la démarche du ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, laquelle était censée réduire la facture d'importation des médicaments, mais qui a fini par affecter également la production locale en raison du manque d'intrants, également concernés par les nouvelles procédures d'importation.
Rareté et diktat des distributeurs
Pour M. G., pharmacien à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, "même la tutelle accuse régulièrement des retards dans l'élaboration des programmes d'importation de médicaments, ce qui génère régulièrement des ruptures de stock. Un problème qui s'est accentué cette année à cause de la crise sanitaire. Car jamais auparavant, nous n'avons connu des ruptures aussi importantes".
Tous les médicaments sont concernés par la pénurie, assure M. G., qui cite, à titre d'exemple, les antihypertenseurs. Le Loxen, "une molécule assez connue qui n'existe plus sur le marché, y compris sous ses formes génériques. Exceptionnellement, l'on peut retrouver certains génériques, mais en pack, en d'autres termes en vente concomitante, c'est-à-dire pour une petite quantité du médicament en question, vous êtes obligé d'acquérir d'autres produits dont la date de péremption est proche ou bien reconnus pour leur lente rotation".
À ce titre, M. G. révèle que le Varenox, qui est un générique bio-équivalent du Lovenox, un anticoagulant produit localement et administré aux patients atteints de la Covid-19, est proposé en pack. "Un colis de 35 boîtes dont le coût n'excède pas les 35 000 DA, épuisables sur pas plus de trois ordonnances, est subordonné à une commande d'un million de dinars en pack préétabli par le distributeur." Le plus souvent, les malades sont obligés de recourir aux circuits informels pour acquérir certains produits.
D'ailleurs, des médicaments introuvables en pharmacie sont proposés sur les réseaux sociaux à des prix exorbitants. Pour illustrer son propos, M. G. nous montre une proposition sur un compte Facebook de ce même médicament, le Lovenox, "offert" au double de son prix réel. "La boîte qui coûte 1 000 DA est cédée à 2 000 DA, sans vignette et d'origine inconnue, sachant que toutes les frontières sont fermées.
Pis encore, nous recevons énormément de proches de malades hospitalisés atteints de la Covid-19 à la recherche de ce médicament qui est en principe fourni par la PCH aux patients hospitalisés. Il y a, cependant, lieu de noter que la tension sur le Lovenox existait bien avant l'apparition de la pandémie."
Il en est de même pour le Prostamed ou encore le Novastéride, des antigènes prostatiques dont le prix n'excède pas 1 500 DA et que M. G. n'a pu acquérir qu'en pack comprenant le Basalog, une insuline à 6 500 DA. Même les bandelettes de test pour les diabétiques ont disparu des pharmacies. "Une seule marque fabriquée localement est disponible actuellement sur le marché.
La plus recherchée par les malades, Bionime, est introuvable. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines, puisque l'on nous annonce que l'insuline Lantus du laboratoire Sanofi est aussi en rupture de stock", nous confie S. S., pharmacien à Aïn Smara. Lui aussi est victime de la vente concomitante imposée par les distributeurs de médicaments.
"Toute commande est assujettie à un montant et à une gamme de médicaments précis par le fournisseur. Sur dix produits, vous n'ouvrez droit qu'à un ou deux médicaments touchés par la rupture, et en quantités très réduites.
Nous sommes obligés de céder à ce chantage par compassion avec les malades, mais aussi par peur de perdre nos clients." Pour S. S., "le pharmacien est confronté quotidiennement à un dilemme inextricable. Celui de ne pas pouvoir satisfaire les ordonnances médicales des patients dans leur globalité, de leur proposer uniquement les médicaments disponibles ou encore de leur refuser un produit en rupture si, pour autant, ils avaient acquis tous les autres dans une autre officine".
Les antibiotiques ne sont pas en reste même si la tension sur ces derniers peut s'expliquer en partie par la crise sanitaire de la Covid-19. Le Levothyrox, qui est un médicament prescrit à vie pour remplacer une hormone naturelle, la thyroxine (goitre), est aussi introuvable. Il existe un générique, mais beaucoup de malades se sont plaints de complications et de son inefficacité.
"Cela dure depuis 3 ans", ont affirmé plusieurs pharmaciens. Même chose pour les veinotoniques qui sont des médicaments destinés à traiter les troubles de la circulation veineuse et qui sont des produits non remboursables par la Cnas, mais qui sont en rupture, à l'image du Daflon et du Cyclo3. Le paracétamol à 1 gramme est aussi en rupture.
Pour l'avoir, c'est carrément l'achat de packs qui est mis en avant par les distributeurs. "Pourtant, il existe une vingtaine de génériques fabriqués localement. On ne sait pas s'il s'agit de manque de matière première ou bien un fait des agissements des distributeurs", commente S. S.
La spéculation accentue la pénurie
Pour sa part, M. G. ne se fait pas d'illusion. "J'incrimine plutôt les distributeurs de spéculation, car la disponibilité de certains produits est souvent annoncée pour des officines et non pour d'autres. C'est selon le chiffre d'affaires de l'une ou de l'autre pharmacie. Nous ne sommes jamais à l'aise dans nos approvisionnements."
Pour des commandes qui ne sont pratiquement satisfaites qu'à hauteur de 50% pour cause d'indisponibilité, M. G. considère qu'un médicament est disponible quand toutes les commandes sont satisfaites sans aucune restriction, mais dès qu'un produit ne l'est plus chez une majorité de fournisseurs, c'est qu'il y a pénurie.
"Sur papier, la tutelle affirme que tous les produits sont disponibles, il y a donc un problème sérieux dans la distribution. C'est le prix à payer quand il n'y a pas de transparence et de traçabilité des produits pharmaceutiques. Cela ouvre la voie à toutes sortes de spéculations, d'où, d'ailleurs, la présence de médicaments dans des circuits qui échappent à tout contrôle fiscal (vente sans factures)", poursuit-il.
Les offres de distributeurs qui poussent comme des champignons sont abondantes, mais seulement pour des ventes concomitantes avec un ou deux produits en rupture et un quota conséquent de génériques et autres à péremption proche.
"Il me semble que ce sont les distributeurs qui aggravent la situation. Certes, il y a des retards dans l'élaboration des programmes d'importation par le ministère de la Santé, mais ce sont surtout les grossistes qui posent problème, d'ailleurs, ils n'aiment pas qu'on les appelle ainsi, et préfèrent le terme distributeur.
À Constantine particulièrement, leur nombre a augmenté de manière vertigineuse ces derniers temps, au point que même les pharmaciens des autres wilayas se plaignent du harcèlement des distributeurs implantés dans cette ville." M. G. accorde, néanmoins, un sursis à ceux qu'il appelle "les grosses cylindrées, à savoir producteurs, importateurs et distributeurs à la fois, et qui demeurent plus ou moins professionnels dans leurs rapports avec les pharmaciens".

Kamel GHIMOUZE


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