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“Que la paix mette fin à notre misère !”
Un jour de vote à Had Chekala et Aïn Tarik
Publié dans Liberté le 01 - 10 - 2005

Dans ces localités de l'Algérie profonde, nichées au fin fond des monts de l'Ouarsenis, l'hostilité de la nature est venue se greffer au dénuement total de la population.
“J'ai décidé d'aller voter en faveur de la charte pour que le martyre que nous avons vécu ne se reproduise plus. Même si nous ne pouvons pas oublier ce qui s'est passé, ma famille et moi avons décidé de voter oui pour l'intérêt du pays. Nous soutenons l'initiative du Président, mais c'est après le 29 que nous verrons si l'Etat tient ou pas ses promesses.” Cette réflexion est de Tayeb Bounouara, un jeune que nous avons rencontré ce jeudi à Aïn Tarik, et dont le père avait été torturé à mort par les groupes terroristes islamistes en 1995 avant d'être découpé en morceaux et brûlé dans un fût.
Ces propos mettent en exergue un enchevêtrement de sentiments les plus contradictoires. De la détresse à l'espoir, ils résument à eux seuls l'état d'esprit de beaucoup de membres des familles victimes du terrorisme que nous avons croisés à Aïn Tarik et Had Chekala, deux localités nichées dans les fins fonds des contreforts de l'Ouarsenis, qui malgré tout ne veulent pas oublier. Mais comment justement oublier ces nuits glaciales de l'hiver 1997 lorsque des troupes du GIA, venues d'un autre âge, avaient pris d'assaut des villages entiers ravageant tout sur leur passage et exterminant les habitants ! Autant l'horreur et la terreur, imposées par ces hordes, font aujourd'hui partie du passé, autant le souvenir du supplice est encore vivace.
Ce jeudi, et comme si un quelconque mot d'ordre avait été distillé, les membres de ces familles touchées dans leur chair ont préféré répondre favorablement à l'initiative de Bouteflika. “Ma famille et moi et beaucoup de gens ici traînons encore les séquelles du diktat et de la terreur que faisaient régner sur les populations les groupes armés islamistes. Si aujourd'hui nous avons décidé de voter en faveur de la réconciliation nationale, c'est parce que l'espoir de renouer définitivement avec la paix est revenu”. Pour Tayeb, “les familles victimes du terrorisme ont voulu donner l'exemple en allant voter oui”. Ce même sentiment, toutefois légèrement nuancé, on le retrouve également chez les Patriotes de la région.
Ceux-ci ne s'attardent pas sur les douloureux évènements vécus. Ils préfèrent parler de l'avenir. “Demandez à Bouteflika de se rappeler de nous et de nous ouvrir un peu les vannes”, plaisante l'un d'entre eux qui nous prie de garder l'anonymat. On ne sait jamais. Ici l'Etat, c'est comme Dieu. On n'a pas le droit de le critiquer. Son concitoyen décide d'adopter un ton beaucoup plus sérieux. “Nous applaudissons la réconciliation dans l'espoir que la paix revienne et pour qu'on puisse améliorer nos conditions de vie. Ici, comme vous voyez, c'est la misère totale. Ce que nous voulons c'est que l'Etat se tourne un peu vers nous. La moitié de la population mendie et on veut que cela cesse”, explique-t-il.
À Had Chekala, cette localité de l'Algérie profonde, l'hostilité de la nature est venue se greffer au dénuement de la population. Pour gagner ce bourg, la route bifurque et quitte la route nationale par Oued-Rhiou pour s'enfoncer en direction des monts de l'Ouarsenis. Mais, à mesure que nous avançons, c'est un paysage lunaire, haché, usé par le temps qui nous accueille. Ici, les hommes avaient déjà appris à survivre sur cette terre austère avant qu'ils n'affrontent les descentes des groupes armés. Seuls quelques lopins échappent à l'érosion. Ils assurent une subsistance à la population, ou plutôt ce qu'il en reste.
À l'entrée du village, une banderole est accrochée à un abribus : “Oui pour la paix et la réconciliation.” Tout autour des affiches reprennent les slogans du référendum. Les quelques personnes qui attendent sur place un hypothétique moyen de locomotion n'y prêtent pas attention. Un peu plus loin, quelques villageois, sans trop d'enthousiasme, pressent le pas pour rejoindre l'école aménagée pour la circonstance en centre de vote.
À 9h du matin, c'est-à-dire une heure après l'ouverture des bureaux de vote, la participation avait déjà atteint plus de 35% dans le bureau réservé aux hommes et 11% dans celui des femmes. Une heure plus tard, la participation chez les hommes est de 45%, alors que celle des femmes n'est que de 20%. Un phénomène tout à fait normal dans ces localités rurales où traditionnellement la femme n'arrive pas à s'émanciper des comportements et réflexes rétrogrades. Mais, pour le chef de centre l'explication est ailleurs. “Chez nous, les femmes votent l'après-midi”, tente-t-il de nous rassurer. Le président d'APC, M. Bouderbala, essaye pour sa part de mettre l'accent sur le taux de participation enregistré dans la commune.
À 11h, il était déjà de 36,22%. Le taux le plus élevé a été atteint au centre de Boughaidene, un village qui a accueilli des dizaines de familles rescapées des massacres collectifs de 1997. “C'est très encourageant”, estime-t-il. Comme si la bataille de la paix était déjà gagnée, il relève que “le plus important maintenant, c'est le développement de la commune à travers les différents programmes qui seront mis en œuvre et qui vont, notamment permettre de relancer l'habitat rural et l'agriculture”. Ayant fui leurs maisons après les descentes meurtrières des troupes du GIA, certaines de ces familles, traumatisées par ce qu'elles ont vécu, ne veulent plus retourner chez elles. “ça nous arrive de remonter dans la journée là-haut pour travailler la terre, mais il n'est pas question d'y retourner définitivement. Nous n'avons absolument rien”, explique Abdelkader. “L'occasion nous est offerte pour réaliser la paix grâce à la charte de Bouteflika, alors nous avons accompli notre devoir”, ajoute-t-il, comme pour justifier son choix d'avoir voté en faveur du texte. Visiblement échaudés par les années rouges du terrorisme intégriste, les citoyens de Had Chekala et Aïn Tarik que nous avons rencontrés ne parlent que de paix. “Si je n'ai rien à me mettre sous la dent, je mangerai la terre. L'essentiel c'est qu'il n'y aura personne qui viendra me narguer ou me faire du mal. Peut-être qu'avec ce référendum, les cœurs vont se purifier et que la misère s'atténuerait”, lâche Boumediene Boussedra, un des Patriotes de la première heure, lui qui a combattu les éléments les plus sanguinaires d'El-Ahoual, comme pour clore ce débat sur la charte de Bouteflika.
Hamid Saïdani


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