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"Nous sommes en train de tout changer"
Lotfi Benbahmed, ministre de l'Industrie pharmaceutique
Publié dans Liberté le 18 - 02 - 2021

Le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, affirme, à travers cet entretien, que son département s'attelle à mettre en place une réforme radicale qui vise à remédier à l'absence totale d'une politique nationale du médicament. Selon lui, cette démarche vise à la fois à favoriser naturellement la production locale et sécuriser par la même l'approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques, en remodelant tout l'instrument de régulation du marché national.
Liberté : Le secteur névralgique du médicament est livré depuis des années à des contraintes d'organisation qui entravent son développement. Quelles réformes prévoyez-vous pour mieux réguler les importations tout en veillant à la sécurité sanitaire du pays en termes d'approvisionnements ?
Lotfi Benbahmed : Nous sommes en train de tout changer. La création même du ministère de l'Industrie pharmaceutique découle de cette exigence dictée par un contexte de crise. Ce département, faut-il le rappeler, n'existe que depuis juin 2020 et nos attributions ne sont officialisées que depuis octobre dernier.
Dès lors, nous avons mis en place les textes législatifs nécessaires qui concernent les outils et institutions de régulation, à savoir l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, les différentes commissions d'enregistrement et d'homologation, le Comité intersectoriel des prix, celui des experts et toute l'instrumentation nécessaire à la régulation et l'expertise.
Il ne s'agit pas seulement de prévoir de nouveaux textes techniques, mais de concevoir d'abord et avant tout des lignes de force dans ce nouveau dispositif législatif, en rapport avec les exigences d'une mise à niveau réglementaire internationale. Nous avons ainsi mis en place une procédure d'enregistrement pharmaceutique d'urgence qui nous a permis notamment d'enregistrer rapidement le vaccin Spoutnik.
De même, ces lignes de force nous permettent de favoriser de manière naturelle la production nationale et l'exportation. Nous avons pris des mesures en matière de procédures d'enregistrement qui font que désormais nous pourrons enregistrer rapidement et de la façon la plus complète possible les produits fabriqués localement.
Les réformes initiées dans le secteur pharmaceutique sont-elles assorties d'objectifs concrets ?
L'objectif de cette démarche de réformes est d'abord de se doter d'une politique pharmaceutique nationale. Ce que l'Algérie n'a jamais eu jusqu'ici, même s'il existait auparavant quelques éléments qui tendaient vers cela. C'est dans ce sens que nous avons notamment mis en place de nouvelles procédures qui font que le taux d'intégration pour la production nationale sera désormais déterminant dans le prix du médicament.
Les génériques produits devront ainsi s'aligner sur les meilleurs taux d'intégration, lors de renouvellement d'enregistrement de tel ou tel produit. Cela pourra inciter de plus en plus à la fabrication de la matière première et vers la recherche et le développement car c'est à travers cela que l'on peut créer véritablement de la valeur ajoutée.
Au-delà de la régulation du marché en lui-même, cette nouvelle politique tend-elle à satisfaire suffisamment les besoins nationaux en produits pharmaceutiques ?
Dans une deuxième phase de réformes, en plus de celles liées à la régulation, nous sommes en train de mettre en place des textes législatifs pour réguler l'activité pharmaceutique en elle-même. Nous avons ainsi mis en place un nouveau décret, l'ancien étant vieux de 38 ans, et ce, pour ériger un nouveau cadre réglementaire instaurant des statuts d'établissements pharmaceutiques, d'exportation et d'exploitation.
Désormais, nous ne parlerons plus d'opérateurs mais d'établissements pharmaceutiques avec une réelle responsabilité. Les bureaux de liaison de multinationales se transformeront, de par la nouvelle réglementation, en établissement de droit algérien avec une véritable responsabilité pharmaceutique. Il s'agit à travers cette démarche de veiller à sécuriser nos approvisionnements et la qualité des produits qui nous sont fournis, car la responsabilité de ces établissements sera complétement engagée en ce sens au vu de ce nouveau statut.
L'Algérie va-t-elle ainsi vers la mise en place d'une nouvelle politique nationale du médicament ?
Il n'y a jamais eu de politique pharmaceutique en Algérie dans le sens où le médicament était considéré juste comme un coût. C'est cela justement le cœur de la réforme engagée par le ministère, sur la base d'une démarche consensuelle impliquant tous les intervenants du secteur, ce qui permet de l'implémenter concrètement sur le terrain. Il s'agit en somme d'aller vers les bonnes pratiques admises universellement.
En dépit de l'existence d'un potentiel réel d'exportations, celles-ci restent somme toute des plus marginales. Des mesures concrètes sont-elles prévues pour tenter d'y remédier ?
Nous avons d'ores et déjà mis en place une plateforme d'exportation à travers la nouvelle réglementation qui prévoit la création d'établissement d'exportation. Actuellement, la valeur des exportations de produits pharmaceutiques est de l'ordre de 10 millions de dollars par an. Pour 2022, l'objectif potentiel ciblé est évalué à plus de 200 millions de dollars. Il faut toutefois l'implication de différentes institutions, telle la Banque centrale pour favoriser l'activité d'exportation.
La mise en place, il y a quelques mois, d'une procédure liée à l'exigence d'attestation de régulation à l'importation a donné lieu à certaines appréhensions parmi les opérateurs. Quel est l'objectif de cette nouvelle démarche ?
À travers l'exigence de cette attestation de régulation, il s'agissait avant tout d'arrêter d'importer ce qui est fabriqué localement en suffisance et ce qui existe déjà en surstocks. L'enjeu étant de rationaliser l'importation et la réorienter vers les produits non disponibles sur le marché national. Cela a permis aussi de lutter contre la surfacturation. Nous avons découvert, grâce à cette procédure, des programmes d'importation surfacturés parfois à des niveaux de 300 fois leur valeur réelle.
Au bout, nous avons réduit, par exemple, la facture globale à l'importation de matière première d'un opérateur à près de 250 000 dollars au lieu de 50 millions auparavant. Etant donné que nous avons mis en place les nouveaux programmes d'importation pour 2021, l'attestation de régulation n'est plus exigée sauf pour les dispositifs médicaux et les produits mixtes en attendant la finalisation d'un système de suivi complet pour ces deux créneaux.
Il y a, à présent, un dispositif de suivi informatique régulier, combiné à un suivi au niveau des officines pour mieux contrôler et prévoir les programmes d'importation et d'approvisionnement. L'autre nouveauté est, par ailleurs, l'implication de toute la chaîne d'intervenants dans le circuit pharmaceutique, dont notamment les prescripteurs, afin de favoriser autant que faire se peut la prescription des produits disponibles localement.
La rationalisation des importations n'est-elle pas aussi à l'origine de certaines pénuries de médicaments ?
Nous avons fixé 530 programmes d'importation pour 2021, soit 530 produits à importer sur les 3 500 que compte la nomenclature nationale en la matière. Les pénuries enregistrées l'an passé ont surtout porté sur des produits considérés comme non essentiels et dont certains sont disponibles sous forme de génériques produits localement comme le Lovenox.
Ces pénuries ne sont pas liées à l'importation mais à une mauvaise régulation du marché car les producteurs passent parfois de la surproduction à la pénurie pour des raison de commercialisation. Aussi, pour cette année, nous avons prévu un système informatisé de régulation des programmes d'importation de matière première correspondant à des programmes concrets de production, détaillés mois par mois. Le même système est également prévu pour les importations de médicaments.
Que pèse exactement la production nationale de médicaments et quels sont les objectifs fixés en ce domaine ?
Il existe en tout 95 unités de production locale. Nous essayons de favoriser les notions de valeurs ajoutées mais aussi les applications de recherche et de développement. La production nationale assure actuellement jusqu'à 54% des besoins du marché national. La valeur du marché local est estimée à quelque 4,3 milliards de dollars dont 2,3 sont satisfaits localement.
La dévaluation du dinar pénalise grandement les producteurs. Des mécanismes d'ajustement de prix sont-ils envisagés pour les soutenir contre ces distorsions de change ?
Nous avons instauré des modes de régulation qui permettent désormais d'adapter les prix à la baisse comme à la hausse, suivant le contexte. Comme il y a des dépréciations du dinar, il y a également des baisses des cours mondiaux de matières premières.
Dans les deux cas, nous avons conçu et mis en place un système permettant de corriger les prix dans un sens comme dans l'autre. L'enjeu est de soutenir la production nationale, tout en préservant le système de sécurité sociale et en veillant à rationaliser les dépenses du pays en devises.
Le vaccin russe contre la Covid-19 pourra-t-il être réellement produit à temps par le groupe public Saïdal ?
Si nous recevons la matière première nécessaire, nous pouvons lancer la production du vaccin dans les deux mois qui suivent. Le partenaire russe a déjà mis à notre disposition une plateforme numérique qui détaille tout le processus de fabrication de ce vaccin. Dans une seconde phase, il s'agirait de fabriquer localement cette même matière première.
L'outil industriel existe et nous pouvons y parvenir d'ici la rentrée prochaine. L'objectif essentiel pour nous est le transfert de technologie pour développer les biotechnologies et parvenir ainsi à mettre en place une plateforme vaccinale locale qui nous permettra à l'avenir de produire localement nos vaccins.

Entretien réalisé par : AKLI REZOUALI


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