L'objectif de la forte présence de l'opposition dans ce scrutin est d'ébranler le système Ouattara qui règne en maître absolu sur le pays. Les électeurs ivoiriens avaient rendez-vous hier avec les urnes pour élire 255 députés, lors des élections législatives qui marquent le retour de l'opposition, dont le but est d'atteindre une majorité parlementaire afin d'empêcher la consolidation d'"un pouvoir absolu" de l'actuel président M. Ouattara, dont elle ne reconnaît pas l'élection à un 3e mandat. Les 22 000 bureaux ont ouvert à 8h (GMT et locales) pour l'élection de 255 députés dans 205 circonscriptions, sans grande affluence dans un premier temps, ont rapporté des médias locaux. Ce scrutin suscite l'espoir des Ivoirins pour un retour à une vie politique apaisée, après une campagne qui s'est déroulée dans le calme. "De l'avis quasi unanime des différentes parties prenantes au processus, la campagne s'est déroulée sur l'ensemble du territoire national de manière paisible, malgré quelques incidents, au demeurant mineurs et marginaux", a indiqué vendredi la CEI. Pour la première fois depuis dix ans, l'ensemble des principaux acteurs politiques participeront à ces législatives, alors que l'opposition avait boycotté la présidentielle du 31 octobre 2020, marquée avant et après le scrutin par des violences ayant fait 87 morts et près de 500 blessés. Ainsi, ce scrutin marque le grand retour dans le jeu électoral du Front populaire ivoirien (FPI) de l'ex-président Laurent Gbagbo, qui boycottait tous les scrutins depuis l'arrestation de M. Gbagbo en avril 2011 à Abidjan et son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, après des violences post-électorales ayant fait quelque 3 000 morts. Pour son retour, le FPI, force motrice d'une coalition appelée Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), a passé une alliance électorale avec son rival historique, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-président Henri Konan Bédié, l'ancien parti unique créé par le "père de l'indépendance" Félix Houphouët-Boigny. Le PDCI et le FPI, qui avaient boycotté la présidentielle, ne reconnaissent toujours pas la réélection d'Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé. Mais ils veulent aujourd'hui la majorité à l'Assemblée pour empêcher "la consolidation d'un pouvoir absolu" de M. Ouattara et de son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le RHDP s'affiche comme le "seul" à pouvoir présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, promettant "une vague orange", la couleur du parti, pour poursuive "les réformes" du chef de l'Etat. Aux dernières législatives, en décembre 2016, le RHDP, alors allié au PDCI, avait remporté la majorité absolue avec 167 sièges. En outsider, s'est formée une autre alliance entre l'ancien Premier ministre de M. Gbagbo, Pascal Affi N'guessan, et les formations d'un ex-ministre, Albert Mabri Toikeusse, et de l'ex-chef des "Jeunes patriotes" Charles Blé Goudé, qui a longtemps été un des piliers de la galaxie des partisans de Laurent Gbagbo. MM. Gbagbo et Blé Goudé ont été acquittés de crimes contre l'humanité par la CPI en 2019 et vivent toujours en Europe, M. Blé Goudé à La Haye et M. Gbagbo à Bruxelles.