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Ces affligés en exil
LARMES, DEUIL ET COLÈRE DES ALGERIENS À L'ETRANGER
Publié dans Liberté le 17 - 04 - 2021

La fermeture stricte des frontières les a empêchés de jeter un dernier regard sur leurs parents décédés. Ils n'ont pas pu assister à leurs funérailles. Des milliers d'Algériens établis à l'étranger ne feront jamais le deuil de leurs proches disparus... Témoignages.
La scène est tendue. Elle se déroule en ce début avril à l'entrée du consulat général algérien à Paris. Face à une petite foule exaspérée qui lui demande quand rouvriront les frontières algériennes, un employé tente une explication grotesque. "Il faut demander à l'Etat algérien. Ici, on ne fait que des passeports. Il n'y a pas de différence entre nous et la mairie de Bachdjerah", se justifie l'agent avant de quitter les lieux, sous le regard furieux de ses interlocuteurs.
"Ils nous traitent comme des moins que rien, oubliant que nous avons le droit en tant que citoyens algériens de nous rendre dans notre pays", s'indigne Rabah, un étudiant qui se trouvait sur place et qui a filmé l'échange.
Avec une voix brisée par l'émotion, le jeune homme se confie péniblement au téléphone sur le deuil qui vient de le frapper. Son père rongé par le cancer a succombé à la maladie, il y a une vingtaine de jours, loin de lui.
Tout seul dans sa chambre du Crous (résidence universitaire), Rabah n'a que ses yeux pour pleurer et le smartphone qui lui a permis d'assister aux funérailles via Whatsapp.
"En voyant la fin approcher, j'ai tenté par tous les moyens de partir. Je me suis déplacé au consulat tous les jours dans l'espoir d'obtenir une autorisation pour prendre l'avion. Mais on a refusé de me la délivrer, prétextant des instructions reçues depuis Alger", relate l'étudiant. Après avoir effectué plusieurs vols de rapatriement depuis la fermeture des frontières en mars 2020 pour cause de Covid-19, Alger a décidé au début du mois de mars de suspendre à nouveau les vols de la compagnie aérienne nationale Air Algérie.
Le gouvernement a justifié sa décision par la dégradation de la situation sanitaire dans le monde avec l'apparition de variants du virus. Depuis, les Algériens vivant en France comme ailleurs dans le monde ont perdu la possibilité d'obtenir des laissez-passer pour retourner en Algérie, dans des cas d'urgence absolue comme la maladie ou le décès d'un proche.
"J'ai perdu ma mère le 6 mars et mon père vient de la rejoindre. Il est décédé le 7 avril", raconte Dahbia, qui n'a plus revu ses parents vivants depuis août 2019. "Ils étaient vieux et usés par la vie. Leur disparition ne me surprend pas, mais j'étais loin d'imaginer que je serai absente à leur enterrement", explique l'Algérienne, encore incrédule. Pour crier son désarroi, elle utilise les réseaux sociaux et s'exprime souvent sur les groupes des Algériens bloqués en France et ailleurs à l'étranger.
Pour elle comme pour beaucoup d'autres expatriés, Facebook est devenu en quelque sorte un exutoire. "Je me sens moins seule dans ma douleur. Certaines histoires sont encore plus tragiques que la mienne", révèle Dahbia en pensant notamment à Slimane, un sans papiers de 40 ans qui vient de perdre sa mère, quittée il y a une dizaine d'années.
Dans une discussion sur Messenger, celui-ci s'en prend d'emblée au pouvoir algérien. "Ils n'ont aucun mal à voyager alors que nous sommes considérés comme des pestiférés. C'est inhumain", dénonce Slimane, qui dit avoir sollicité, en vain depuis des mois, les autorités consulaires pour retourner définitivement en Algérie au chevet de sa mère très malade. La délivrance de laissez-passer avait commencé à l'automne 2020.
Pour contenir la colère des Algériens résidant à l'étranger, les autorités algériennes avaient mis en place un dispositif dérogatoire qui autorisait certaines catégories à retourner en Algérie pour des motifs impérieux. Il suffisait alors de se rendre au consulat, avec un justificatif (acte de décès ou certificat médical d'un proche) pour obtenir un accord. "Il est même arrivé que des gens déjà en possession de billets se présentent directement à l'aéroport et soient embarqués", relate un agent d'Air Algérie.
Après l'interruption des vols de rapatriement, il y a un mois et demi maintenant, le ministère des Affaires étrangères a pris une nouvelle décision pour permettre aux proches d'une personne décédée à l'étranger d'accompagner sa dépouille en Algérie, par avion, via les compagnies étrangères.
Cette mesure a toutefois été supprimée très rapidement et sans motif le 6 avril. "Nous n'avons reçu aucune explication", révèle une source consulaire à Paris. Pour illustrer les conséquences de cette annulation, notre interlocuteur évoque le cas d'une famille qui, en quelques jours d'intervalle, avait obtenu puis s'est vu refuser l'accord d'accompagner le corps d'un parent décédé.
Hassiba dit avoir fait des pieds et des mains et joint toutes ses connaissances pour ne pas laisser la dépouille de son mari partir seule en Algérie. Elle s'est finalement résignée à son sort, en donnant des instructions au téléphone à ses proches sur l'organisation des funérailles.
"Je ne savais pas qu'on allait se quitter comme çà après 30 ans de mariage, dans un aéroport, lui dans un cercueil en partance pour l'Algérie et moi retournant chez moi, pour le pleurer avec nos enfants entre quatre murs", explique péniblement la veuve, la gorge nouée.
Sur les réseaux sociaux, la tristesse de certains s'est muée en révolte, après avoir appris que Salima Souakri, ministre déléguée chargée du sport d'élite, est intervenue pour permettre à Hacène Yebda, ex-joueur de l'équipe nationale de football, et à 8 membres de sa famille d'accompagner la dépouille de son père en Algérie.
"Les privilèges sont réservés aux célébrités, même dans les moments les plus tragiques", ironise Camelia, attristée par le deuil à distance d'une amie qui n'a pas pu assister à l'enterrement de son frère.
Les confessions douloureuses d'une Algérienne de Bilbao, en Espagne, qui vient de perdre sa sœur ont également ému la jeune fille. Sur la vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, la dame en pleurs s'adresse directement au chef de l'Etat, en lui reprochant de garder les frontières fermées.
"Pourquoi vous fermez les frontières ? Nous avons des morts. J'ai perdu ma sœur. Je n'ai pas le droit de la voir M. Tebboune. Mobilisez un avion, un bateau pour que nous puissions rentrer voir nos morts", s'est insurgée la femme anéantie par la douleur.
Solidaire de la demande des expatriés pour l'ouverture des frontières, le député Nordine Belmeddah déplore également le sort infligé aux personnes et aux familles qui n'ont pas le droit de se rendre en Algérie pour enterrer leurs proches.
Il y a deux jours, il a posté la photo d'un ami, qui a dû aussi utiliser Whatsapp pour assister à la cérémonie d'inhumation de sa mère. Avant le retour au confinement et aux restrictions sur les voyages à l'étranger depuis la France, des Algériens ont tenté de rejoindre le territoire national par la Tunisie.
"Malheureusement, ce n'est plus possible aujourd'hui car il faut se munir d'un justificatif", explique Rabah, l'étudiant qui ne perd pas l'espoir de se rendre en Algérie. Comme beaucoup de compatriotes, il fait le pied de grue régulièrement devant le consulat général d'Algérie à Paris.
Sur la Toile, les Algériens agissent aussi individuellement ou en groupe pour conduire les autorités algériennes à rouvrir les frontières, ou du moins permettre aux personnes qui ont des motifs impérieux de voyager.
Un membre du groupe des Algériens bloqués en France assure avoir inondé de messages le compte officiel du président Tebboune. Plusieurs pétitions ont également été lancées ainsi que des appels à une mobilisation plus large.
Depuis le confinement en France, la possibilité d'organiser des rassemblements devant les représentations diplomatiques algériennes est néanmoins suspendue.
"Je me sens complètement démunie, privée du droit d'aller me recueillir sur la tombe de mes parents", résume Dahbia, qui se souvient avoir dit à sa mère, en la quittant en 2019, qu'elle ne tarderait pas à retourner la voir. "Je n'ai pas pu tenir ma promesse. C'est dommage", conclut-elle dans un sanglot.

Par : SAMIA LOKMANE-KHELIL


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