Résumé : Norredine avait reporté son départ espérant voir son frère, mais la lenteur administrative ne lui laissait plus le choix. Il espérait qu'à son retour, il trouvera Djamel à la maison. Il laissa sa famille en larmes. À l'aéroport, il eut le temps de discuter avec Mounir et de lui confier sa famille avant d'embarquer. Mounir se rendit à son travail, son vieux cousin l'y attendait. Il lui apprit que Djamila pourrait être en vie. Mounir était perturbé par la nouvelle. -Comment ça, tu crois ? -En fait, au début, ils avaient des doutes. Elle ressemble trait pour trait à l'amie de Djamel. -Personne ne peut confirmer si c'est vraiment elle ? -Ils les ont retrouvées, elle et d'autres filles portées disparues depuis des mois, dit Mohand-Arab. La bonne nouvelle, elles sont en vie, la mauvaise est que certaines familles qui ont été contactées refusent de les reprendre. Comme elles ont été violées et qu'il est question d'honneur... J'ai de la peine pour elles. -Vous avez contacté la famille de Djamila ? Eux aussi, ils ne veulent pas d'elle ? -Sa famille ne vit plus dans la région. Djamila est dans un foyer. D'après ce qui se dit, elle en a vu de toutes les couleurs, dit le vieux cousin. Elle n'est pas bien, la psychiatre lui a administré des calmants. -J'espère que le traitement donnera de bons résultats, murmura Mounir. Quand je vois l'état de mon beau-père, je me demande s'il ne ferait pas mieux de l'arrêter ou de le changer. -Il est revenu de loin. Il a aussi chuté de haut. Ce n'est pas facile à vivre. Inchallah que le plus dur est passé. Djamel rentrera bientôt et tu verras, ton beau-père ira mieux. Tu comptes te marier cette année ? -J'attends que toute la famille soit là. Norredine reviendra, peut-être que sa femme assistera à notre mariage. Enfin, si elle n'a pas peur, car tous les étrangers prennent des risques en venant au pays. Ce serait malheureux si elle tombait entre leurs mains. Je ne voudrais pas l'avoir sur la conscience. -Inchallah khir. Si j'ai du nouveau, je t'appellerais. Si Djamel... -Je sais, s'il rentre avant, je t'en informerais. Mounir ira travailler, mais il n'était pas concentré. Il se demandait s'il devait en parler à sa belle-famille. Il pensa à Djamel et imaginait sa joie de retrouver non seulement sa famille, mais l'unique amour de sa vie. Il pria pour qu'elle aille mieux et qu'ils puissent vivre tranquilles. Le jeune homme était loin de se douter que la sécurité militaire avait emmené Louisa au foyer où se trouvait Djamila. -Il n'y avait aucun papier d'identité. Les autres filles l'appelaient Djamila. Elle ne parlait pas, d'après le psy, elle est parfois agressive. Les calmants qu'ils lui font prendre, c'est pour qu'elle n'attente pas à sa vie. On a besoin de son passé pour confirmer son identité. -Inchallah que c'est elle. Je voudrais retrouver mon amie, ma vie d'avant. En plus de notre amitié, nous avons eu le même parcours. Nous avons été enlevées, séquestrées... Les atrocités que nous avons subies restent indescriptibles. Même si on met des mots sur ce qu'ils nous ont fait, même si vous voyez ou imaginez, ce n'est rien à côté de ce que nous avons vécu. Il faudrait passer par là pour comprendre que nous sommes mortes le jour où ils sont entrés dans notre vie... Celle que vous voyez debout, en face de vous, est une autre. Je comprends sa détresse et qu'elle soit un danger pour elle-même. Car, moi-même, j'y pensais... Le fait d'être enceinte, m'empêche de passer à l'acte. J'espère seulement qu'elle n'est pas revenue enceinte. -Hélas ! -Oh mon Dieu, pourquoi toutes ces épreuves ? Personne ne pouvait répondre à cette question. Lorsqu'on emmena Louisa dans le jardin du foyer, elle reconnut vite Djamila. Elle était recroquevillée sur le banc, les yeux baissés. Une dame d'un certain âge lui tenait compagnie. -Ma fille, je crois que tu as de la visite. Regarde. Louisa fondit en larmes lorsque son amie leva la tête et sourit en la voyant. Louisa n'attendit pas qu'elle se lève pour aller s'asseoir près d'elle et la prendre dans ses bras. Toutes deux pleuraient. Jamais elles n'auraient cru se revoir un jour. Elles étaient revenues de si loin.
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