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Chlef perd une mémoire, un repère et une conscience
Le moudjahid et syndicaliste Mohamed Baroudi Kiouar tire sa révérence
Publié dans Liberté le 02 - 08 - 2021


Par : M'hamed ABACI
Ancien cadre financier à Sonatrach
Avec la mort de Mohamed Baroudi Kiouar, c'est un pilier du mouvement national qui s'en va, sans faire de bruit autour de lui."
Cheikh Baroudi Kiouar, homme politique et syndicaliste accompli, très cultivé, était connu pour son sourire éternel et sa sympathie légendaire. Il est décédé, rappelle-t-on, un certain mardi 20 juillet 2021, le premier jour de l'Aïd El-Kebir, en son domicile, au quartier du Radar, sur les hauteurs de Chlef, à l'âge de 86 ans, après une complication de son état de santé. Il rejoint ainsi ses défunts amis Mohamed Boudia, Ali Medjdoub, Kouadri, Bouali, Aït Sâada Mâamar et M'hamed Djellid.
Il a été enterré le même jour au cimetière de Sidi-Ameur, situé à la sortie nord de Chlef, où une immense foule d'anciens compagnons, d'amis, d'anciens collègues et de citoyens lui ont rendu un dernier hommage. Il a laissé derrière lui une famille en pleurs et une ville attristée.
Fils d'un ancien instituteur de la génération de cheikh Mehdi et de cheikh Boudali El-Farrisi, Mohamed Baroudi Kiouar adhéra au mouvement national alors qu'il n'avait que 18 ans. Durant la grève des 8 jours, en 1958, Mohamed Baroudi fut parmi les milliers de militants nationalistes et syndicalistes arrêtés et incarcérés au camp de concentration de Berrouaghia. Entre autres leaders interpellés en même temps que lui, Tahar Gaïd, Madjid Ali Yahia, Slimane Rebba, Rabah Djermane, Mohamed Abib, Attalah Benaïssa, Boualem Bourouiba, Mohamed Zioui, Amar Lamini, Mayouf Hanachi, Ali Boudjellal et Hassen Bourouiba. À noter également que Kiouar a été arrêté pour la deuxième fois et incarcéré à la prison d'Orléansville, l'actuelle Chlef, en compagnie de ses frères-militants Mohamed Attaf, Benayad Ayad et Bourabah Mahmoud, qui furent condamnés à mort. Il prodiguait des cours de langues arabe et française aux prisonniers, partageant la même cellule jusqu'à l'indépendance du pays.
Avec la mort de Mohamed Baroudi Kiouar, c'est un pilier du mouvement national qui s'en va, sans faire de bruit autour de lui. Il y a quelques mois seulement, il m'avait annoncé fièrement qu'il planchait encore sur la rédaction de ses mémoires qu'il comptait éditer aux éditions Les Presses du Chélif, car il voulait consigner ses mémoires et ceux de ses frères de combat dans un écrit, l'écriture étant le meilleur support pour fixer la mémoire, faire connaître le mouvement nationaliste en Algérie et son combat et faire savoir à quel prix nous avons arraché notre indépendance. Le parcours de cet illustre militant, que tout le monde ici à Chlef appelle Baroudi, est riche et intéressant pour comprendre une page importante de l'histoire de notre pays. Dommage qu'il soit parti sans rien laisser, et c'est là une perte immense pour l'Algérie. Diplômé de l'enseignement général, il était aussi ancien correspondant du journal Algérie Républicain et menait en parallèle des activités militantes au sein du mouvement national, ce qui lui a valu d'être plusieurs fois arrêté et emprisonné durant la guerre de Libération nationale. Baroudi a été également ancien membre de la centrale de l'UGTA et de la JFLN. Au lendemain de l'indépendance, se considérant comme "simple résistant", le défunt avait entamé sa carrière professionnelle comme fonctionnaire dans le secteur des postes et des télécommunications, puis a assumé le poste de directeur de wilaya de l'entreprise publique Sonelec, puis l'Edied. Après sa retraite et après avoir rendu de loyaux services au pays, il a commencé à dispenser des cours de français dans des écoles privées et à animer des conférences sur le mouvement nationaliste, le scoutisme et le syndicalisme. Il mettait inlassablement son énergie au service de l'intérêt général, en particulier les intérêts suprêmes du pays, qui ont fait de lui l'homme populaire par excellence dans l'histoire de la patrie et dans la longue lutte de la classe ouvrière.
Nous sommes très attristés par cette brutale nouvelle de la disparition d'un homme qui a marqué de son costume bleu shanghai chinois des générations postindépendance de la JFLN, du parti FLN et de l'UGTA. Il avait toujours mené une vie modeste, vivait de sa petite retraite et n'avait ni villa ni voiture. Il était brave au milieu des habitants de Chlef. D'ailleurs, sa carte Chifa, il ne l'a eue que depuis ces trois dernières années et ce, grâce à l'intervention de notre ami Kamel Sahli, ancien responsable de la caisse de sécurité sociale. La maladie qui l'avait atteint depuis plusieurs années a réduit ses ressources avec lesquelles il subvenait aux besoins de sa famille. Parti sur la pointe des pieds, notre cheikh Baroudi, toujours le sourire aux lèvres et d'une politesse irréprochable, était considéré comme étant l'un des dignes fils de la ville de Chlef, tellement il lui a tant donné. Oui, il était digne d'un véritable nationaliste, ayant milité durant la guerre de Libération nationale contre la répression en Algérie et les exactions de la soldatesque coloniale.
Il nous laisse le souvenir d'un homme ouvert sur l'histoire du mouvement nationaliste en Algérie et toujours disponible pour ses amis, ses anciens compagnons et les citoyens de condition modeste. Il était respecté et apprécié. Chaque personne avec qui il a milité ou travaillé gardera de lui un souvenir impérissable. Nous perdons à la fois un ami, un frère et une précieuse mémoire. Son souvenir reste vivace au sein des habitants de la ville de Chlef. Ses anciens collègues, ses amis, ses anciens compagnons et des citoyens de Chlef ont salué sa mémoire. Pour ses amis du café littéraire et du café "La Fleur du Chélif", où il a pris l'habitude de s'attabler, c'est une perte terrible. Sa disparition est pénible, c'est le grand vide pour ses amis. Mon amitié avec Baroudi s'est consolidée au fil des années et n'a jamais souffert la moindre dispute. Il avait des qualités humaines exceptionnelles. Nous avons perdu un frère avec lequel nous avons partagé des moments d'amitié inoubliables.
Un moment d'émotion. Boughari Hocine, journaliste à l'hebdomadaire Le Chélif, m'avait informé que, la dernière fois qu'il a eu une discussion avec Baroudi au téléphone, c'était à deux jours de sa mort. "Afin de m'enquérir de ses nouvelles, je l'ai appelé. Il m'a répondu difficilement et avec essoufflement. Il a dit qu'il était légèrement souffrant et son état de santé toujours stationnaire. Je lui ai demandé si je pouvais l'aider ou intervenir pour lui, il m'a répondu ceci : merci, je sais que tu es un homme de parole, je te suis très reconnaissant et je ne te souhaite que du bien, mon frère Boughari." C'est durant les années 1970 que j'ai eu le privilège et l'insigne honneur de connaître Baroudi Kiouar. Très vite, j'ai compté parmi ses meilleurs amis quand il était à la JFLN. J'ai eu aussi le plaisir de découvrir un homme très attachant, cultivé, un militant des plus actifs, doté d'une forte personnalité et d'un courage à toute épreuve. Il aura marqué deux époques du militantisme avant et après l'indépendance de l'Algérie. Il reste pour moi le plus raffiné et le plus averti des gens de son âge car il veillait tout le temps à nourrir cette amitié vieille de plus de trente ans maintenant.
Il était acteur et témoin de la Révolution et de l'Algérie indépendante. Il fut de ceux qui ont imprimé une formidable dynamique au mouvement nationaliste et à la révolution algérienne dans la région de Chlef. Bien attristés que nous sommes, nous le pleurons chaleureusement et nous engageons à perpétuer son œuvre. Merci, cheikh Baroudi, pour tout ce que tu as donné avec générosité à notre pays. Nous ne t'oublierons pas. Sache que les habitants de Chlef garderont de toi l'image d'un homme de cœur, de foi et de grande sagesse. D'un homme politique accompli et très cultivé. D'un homme d'une grande modestie. Et, sans conteste, d'un militant infatigable engagé pour la cause nationaliste, qui s'est battu tout au long de sa vie pour un idéal : l'égalité en droits et en devoirs de tous les Algériens. Baroudi, tu as été un homme d'une extrême intégrité, généreux et brave à la fois, très apprécié et aimé par la population de Chlef et cela, en reconnaissance à ta précieuse contribution au développement des idées de justice et de progrès.
Chlef perd en toi une mémoire, un repère et une conscience d'une grande valeur humaine et citoyenne. Tu es parti avec une image qui collera toujours à ton nom : un fils digne de la ville de Chlef dans la dignité, un homme très estimé, un homme très respecté. Nous sommes heureux d'avoir pu obtenir de toi des faits importants qui ont marqué le mouvement national pour l'indépendance. Ta bonne humeur, ton érudition, ta profonde connaissance du milieu syndical et ta disponibilité à engager des débats politiques nous ont permis de mieux apprécier la situation actuelle de notre pays. Tes interventions nous inspiraient au plus haut point car tu as su nous inculquer des idées progressistes bien ancrées en toi : utiliser le savoir et la connaissance pour la construction de l'Algérie nouvelle, idée à laquelle tout un chacun de nous adhère. Homme de conviction et de bravoure, ta droiture est exemplaire. Tu es resté attaché à ton idéal et à tes principes jusqu'à la fin de tes jours. Nous, habitants de Chlef, refusons que ce grand patriote nationaliste soit oublié après sa mort. Nous estimons qu'il mérite qu'une structure culturelle d'importance porte son nom. En reconnaissance de son combat pour l'Algérie.


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