Au moment où les chiites enterrent leurs morts de l'attentat de Kandahar, l'Afghanistan plonge jour après jour dans l'incertitude. Pis encore, une autre crise migratoire risque de se faire jour avec le manque de liquidités qui pourrait pousser les travailleurs à quitter à leur tour le pays. Le Haut-Commissariat aux réfugiés a demandé aux pays d'accueil de faciliter et d'accélérer les procédures de réunification familiale pour les Afghans dont les familles sont restées en Afghanistan ou qui ont été déplacées dans la région. Pour le HCR, il s'agit de donner la priorité et de simplifier les procédures d'admission au regroupement familial. "Nombreux sont ceux qui se rendent dans les bureaux du HCR, désespérément inquiets pour la sécurité et le bien-être des membres de leur famille restés en Afghanistan ou dans les pays voisins", a déclaré, lors d'un point de presse à Genève, Shabia Mantoo, porte-parole du HCR. Alors que de nombreux pays disposent de cadres juridiques spécifiques qui prévoient le regroupement familial des réfugiés et offrent des garanties et des dérogations spécifiques, le HCR craint que de nombreux réfugiés afghans ne soient confrontés à des obstacles administratifs considérables dans la réalisation de ce droit légal. Parmi ces obstacles, l'Agence onusienne cite "les coûts prohibitifs, les longs délais d'attente et les exigences inflexibles en matière de documentation". "Avec la fermeture de nombreuses ambassades et consulats en Afghanistan, de nombreux réfugiés rencontrent également des difficultés pour obtenir et fournir les documents nécessaires", a ajouté Mme Mantoo. Alors que quelques pays se sont récemment engagés à accélérer les procédures, notamment par l'adoption de programmes de visas humanitaires, et à donner la priorité aux procédures de réunification des familles afghanes, le HCR exhorte donc les Etats à "assouplir, élargir et accélérer ces dispositions". En attendant, de nombreux ambassades et consulats sont actuellement fermés à Kaboul. En effet, de nombreuses ambassades ont été fermées lors du retrait des forces militaires américaines et transférées par la majorité d'entre elles à Doha, au Qatar. Un déplacement au Qatar devient ainsi nécessaire mais pas évident pour ces Afghans pour accomplir les formalités administratives. Le HCR exhorte donc les pays à prendre en compte les contraintes auxquelles les réfugiés peuvent être confrontés pour pouvoir satisfaire aux exigences administratives et documentaires imposées pour ces admissions. "Dans le contexte actuel, beaucoup de ceux qui cherchent à retrouver leurs proches dans des pays tiers seront de toute façon considérés comme des réfugiés et pourront bénéficier de toutes les garanties de protection des réfugiés", a détaillé la porte-parole du HCR. L'Agence onusienne encourage également les pays à "appliquer des critères humains pour identifier les membres de la famille éligibles dans le cadre de ces programmes, en tenant compte des diverses compositions et structures familiales".