Les experts estiment que "l'Etat doit intervenir" pour instaurer une réglementation claire concernant surtout "l'utilisation de l'apitoxine à des fins thérapeutiques". Vulgariser les techniques d'extraction du venin d'abeille et de son utilisation à des fins médicales, tel est l'objectif assigné à la journée technique et scientifique organisée samedi à l'Institut national spécialisé de la formation professionnelle (INSFP) d'El-Kseur, dans la wilaya de Béjaïa. Initiée par l'association des apiculteurs dénommée Thizizwa n Soummam (Abeilles de la Soummam), cette rencontre scientifique a été organisée en partenariat avec la direction des services agricoles (DSA) et de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Béjaïa. "C'est une rencontre très bénéfique pour nos apiculteurs, eu égard à l'importance du thème choisi, à savoir les techniques d'extraction du venin d'abeille et ses vertus médicinales. Une première dans la région", s'est félicité Djamel Cherouak, le DSA de Béjaïa. Au programme de cette journée technique, des conférences-débats animées par des cadres du ministère de l'Agriculture, des experts et autres chercheurs en apiculture autour des thèmes "Techniques d'extraction du venin d'abeille", ses "Bienfaits et vertus médicinales" et "Certification des miels". Lors de son intervention, Ghania Zitouni, cheffe de département à l'Institut technique des élevages (Itelv) de Baba Ali (Alger) et experte en apiculture, expliquera comment extraire, conserver et utiliser le venin d'abeille à des fins médicales. "Ce venin est obtenu en électrocutant des abeilles à l'aide d'un appareil dédié à l'exécution d'une telle technique. L'insecte produit un réflexe de piqûre et verse son venin sur une plaque de verre tout en échappant à la mort", a-t-elle précisé. L'optimisation de la productivité d'un rucher passe par le respect strict des bonnes pratiques apicoles. Mettant en exergue les multiples bienfaits de l'apithérapie, la conférencière affirmera que plusieurs études scientifiques ont révélé le potentiel analgésique et anti-inflammatoire de ce poison d'abeille, appelé apitoxine. Après avoir mis en exergue les vertus médicinales du venin d'abeille, Mme Zitouni met en garde contre le "risque d'allergie" que présente cette pratique thérapeutique. Devant l'absence de réglementation en la matière, l'oratrice estime que "l'Etat doit intervenir pour combler ce vide juridique, en réglementant l'utilisation de l'apitoxine à des fins thérapeutiques". Abordant la certification des produits apicoles, notamment le miel, la représentante de l'Itelv explique que la démarche consiste en un contrôle de qualité effectué par un laboratoire reconnu par l'un des organismes d'accréditation de droit algérien. Cependant, elle regrette que le processus de certification du miel, déjà enclenché en Algérie, "ne puisse susciter l'engouement attendu chez les apiculteurs". "Je pense qu'il faudra investir encore davantage dans la sensibilisation des apiculteurs sur les avantages de la certification de leurs produits afin de valoriser et d'assurer la conformité du miel", a-t-elle soutenu. Pour sa part, le directeur des services agricoles de la wilaya d'Aïn Defla, Makhlouf Laïb, a déclaré à Liberté que ce genre de rencontre permettra aux apiculteurs locaux de "s'initier aux techniques d'exploitation rationnelle de leurs ruchers et à l'utilisation optimale de leurs produits dérivés (cire, pollen, propolis, gelée royale, venin...)". Autrement dit, a-t-il ajouté, il s'agit d'accompagner ces agriculteurs dans leur activité afin de rentabiliser au maximum leurs ruchers qui recèlent, en réalité, des richesses incommensurables.