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Cheikh El Mahdi : une école du chaâbi
PORTRAIT
Publié dans Liberté le 15 - 11 - 2005

Front largement dégarni, lunettes de vue juchées sur le nez, visage mangé par une barbe poivre et sel de plusieurs semaines, Cheikh El Mahdi est, à 60 ans passés, un artiste injustement ignoré en dépit d'un immense talent et d'une vie entière consacrée au chaâbi.
Un chaâbi pure souche, puisé à la bonne source d'El Anka qu'il a longuement côtoyé et suivi de fête, de mariage en gala à Alger dans les années 1960. C'est vous dire s'il a été, très tôt, à la bonne école. Cheikh El Mahdi est d'abord un excellent instrumentiste qui sait mieux que quiconque faire vibrer un banjo ou une mandoline. Ensuite, et ce qui ne gâche rien, il possède une voix de stentor, chaude et légèrement rocailleuse pour lui permettre de jouer sur tous les registres de l'émotion. Etant dans le même temps parolier, ses textes sont fluides et bien travaillés. Du bon kabyle que l'on prend plaisir à écouter à l'heure où les rimailleurs de tous poils squattent les ondes et les studios. Notre homme n'a produit durant toute sa carrière que deux albums depuis longtemps épuisés sur le marché et un troisième qui dort depuis des années dans les tiroirs d'un éditeur. C'est peu, mais la qualité de l'œuvre compense largement sa parcimonie. Tout jeune, il a commencé à flirter en cachette avec la mandole de son grand frère qu'il lui subtilisait pour la maltraiter sous un olivier, au grand bonheur des copains. En 1962, il acquiert son indépendance en même temps que le pays et décide de monter à Alger pour trouver du travail. Son pain, il le gagnera en se produisant dans les cafés. “En ce temps-là, il y avait de l'ambiance”, dit-il, comme pour justifier cette pratique de chanter dans les cafés et qui peut sembler aujourd'hui une hérésie. Autres temps, autres mœurs. C'est à cette époque bénite des dieux de l'art qu'il devient l'accompagnateur de chanteurs, comme Akli Yahiatène, Rachid Mosbahi, Youcef Abjaoui et autres. Il fait également la connaissance des grosses pointures du chaâbi, à l'image de Dahmane
El Harrachi. C'est bien beau tout ça mais il ne vit que d'expédients. Las de la vie de bohème commune à tous les troubadours, il décide de s'assagir en descendant à Hassi Messaoud, l'eldorado de tous ceux qui rêvent de mettre un peu de beurre dans les épinards de leurs gosses. À peine le temps d'engranger quelques sous vaillants que sa muse et sa musique le font remonter au Nord pour enregistrer sa première cassette qui est un vrai succès artistique et commercial. Dans la foulée, il accouchera d'un deuxième opus qui aura le même succès, mais les éternels déboires avec les éditeurs que connaissent tous les artistes ne l'épargnent pas. La preuve, à 60 ans passés aujourd'hui, il n'a toujours pas sa carte d'artiste. Le comble est que sans carte, pas de droits d'auteur. “Trouver un éditeur sérieux, c'est chercher un chameau sur la banquise”, dit-il avec autant d'humour que de philosophie. Il déserte le chemin des studios et reprend celui des cabarets et des prestations chichement payées. Il ne gagne rien à part une méchante tuberculose qui le cloue au lit pendant des mois et des mois. Il accompagne également une autre génération de chanteurs tels que Amour Abdenour et Cherif Hamani. Da lmahdi nous a reçu fort gentiment chez lui à Takeriets, son village natal. Sans façon, à l'ombre d'un olivier plusieurs fois centenaire. À notre demande, son fils lui ramène sa mandole et il nous gratifie de quelques morceaux. Un régal. Notamment une succulente adaptation de La Cigale et la Fourmi en kabyle. Il nous parle également, entre deux “touchias”, de Allaoua Le Blond, bras droit de Matoub, connu dans le milieu musical comme le loup blanc. “Cela me fait plaisir qu'il ait réussi”, dit-il. Il en est fier et pour cause, il a été son élève. C'est lui qui lui a tout appris. Pendant deux heures, nous l'écoutons égrener les notes et les souvenirs. Cet homme est une vraie école. Une école que personne n'a pris le soin d'ouvrir. Dommage ! Mais il ne fait montre d'aucun dépit, aucun regret. De toute son expérience, il n'a retenu que le meilleur. Et comme pour tous les vrais artistes, le meilleur est encore à venir. Salut l'artiste et bon retour !
Djamel Alilat


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