Les hôtes de M. Luccio Guerrato, ambassadeur, chef de la délégation de la Commission européenne à Alger, ont eu droit, pour la soirée inaugurale, à un spectacle sans frontières, célébrant cet espace commun. C'est un public trié sur le volet, composé essentiellement de représentants du corps diplomatique accrédité à Alger, qui a savouré le cocktail du musicologue italien, Eugenio Bennato. D'emblée, Michel Capasso, directeur de la fondation Mediterraneo, soulignera les rapports privilégiés de sa fondation avec l'Algérie. “Je suis très heureux de voir que l'Algérie a tourné une douloureuse page de son histoire. Le spectacle de ce soir réunit vingt-quatre artistes de différents pays, qui sont parvenus à détruire les barrières de la différence.” Selon le directeur de Mediterraneo, l'incompréhension ne vient pas du choc des civilisations, mais de l'ignorance de la culture de l'autre. Il rappellera qu'actuellement, environ 180 millions de personnes peuplent les pays du nord du bassin méditerranéen, tandis que dans ceux du Sud, leur nombre atteint environ 200 millions d'habitants. Il a souligné que le taux de croissance de la population des pays développés est inférieur à 1% par an, alors que celui des pays du Sud peut atteindre des valeurs supérieures à 6,5%. “Aujourd'hui, on parle d'immigration. Il faut savoir qu'en 2050, les populations de la rive sud de la Méditerranée seront dix fois supérieures au nombre actuel, d'où l'importance de l'instauration d'un véritable dialogue avec ces pays”, affirme M. Capasso, qui parlera de la nécessité d'accueil et d'hospitalité à l'égard des gens de cette rive. Pour sa part, M. Lucio Guerrato retracera son parcours en Algérie en tant qu'ambassadeur et chef de la délégation de la Commission européenne. “C'est mon cinquième festival en Algérie, où j'ai vu défiler plus d'un millier d'artistes des différents pays de la méditerranée. Pour ce spectacle, il n'y a que la Palestine, la Syrie et Israël qui sont absents, et qui j'espère seront présents à travers leur musique”, dira-t-il. C'est une scène superbement ornée d'instruments à corde qui accueillera les musiciens de l'orchestre symphonique national algérien qui, sous la houlette du maestro Nagui Nayer, exécutera l'hymne de la Méditerranée, composé par Marco Betta, directeur de l'Opéra de Palerme. L'orchestre sera vite rejoint par Eugenio Bennato et son groupe qui célébreront, pendant une heure, la vie, la musique et la joie. Bennato est allé puiser dans la tradition, pour redonner vie au style plébéien, qu'est la tarentelle. Une musique qui a vu le jour dans la Grèce antique, au moment de la déchéance des croyances polythéistes. Musique de transe curative. Une musique qui fait fureur parmi les jeunes en Italie et que Bennato a remis au goût du jour en Europe et a promu à l'échelle internationale. Ballo Per Chitarra, Verso il sole, Una donna bella, Taranta power, Ritmo di contrabbando, Lucia et la luna, Ai naviganti in ascolto sont autant de chansons accompagnées de guitare sèche et de percussions que Bennato a conjuguées aux sons des instruments à cordes symphoniques. La voix de Zaïna Chabane donnera une autre dimension au voyage. W. L.