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Les marchands de rêves...
IMMIGRATION CLANDESTINE
Publié dans Liberté le 02 - 11 - 2006

Ils sont des milliers à se jeter dans la gueule du loup pour changer de vie. Très peu réussissent.
“Dis-leur qu'on arrive, dis-leur que tant d'autres nous suivent, dis-leur qu'on est plus qu'à quelques pas, qu'on est par milliers avec ou sans papiers, des marchands de rêves”, chante Corneille, seul survivant de sa famille lors du génocide du Rwanda en avril 1994.
On les suit du regard, on les désigne du doigt, on les appelle souvent les clandestins, les sans-papiers ou les marchands de rêve. Pourtant, chacun d'eux a sa propre histoire, chacun a fui quelque chose : la guerre, un conflit, la persécution ou bien la misère. Ils ont quitté leur pays en quête d'une nouvelle vie, d'un nouveau rêve, mais ils se retrouvent tous dans la même galère aux postes-frontières. Là-bas la désillusion pousse à la fuite.
Clément refuse de nous parler. “Pourquoi vous vous intéressez à nous ? Nous ne voulons pas de problèmes”, remarque-t-il. Nous avons tenté de nous présenter en déclinant notre profession. Même nos marques d'amitié n'ont rien pu faire. Nous n'avons eu que quelques bribes d'informations sur leur vie quotidienne. Ils vivent à Dely Brahim, à Chéraga ou à La Casbah. Clandestinement. Comme la plupart des sans-papiers africains. Ils racontent tous la même histoire. Ils ont quitté leur pays, il y a trois ans, une année, quelques mois, ou seulement depuis quelques jours, fuyant les guerres ethniques ou la misère sociale. L'espoir d'une vie meilleure et quelques billets économisés en serrant la ceinture sont leur seul passeport pour franchir un nouveau pas. Ils réussissent à s'infiltrer à travers nos frontières du Sud puis remontent la transsaharienne de Tamanrasset à Ghardaïa pour arriver enfin à Maghnia ou Alger. Il faut savoir que les immigrants clandestins que l'on rencontre dans la capitale ne sont pas candidats à l'exode européen. À Dely Brahim, nous les avons rencontrés. Ils revendiquent l'intégration, espèrent établir des papiers en règle et faire leur vie ici, et même se marier. Pourquoi pas ? Très peu parmi eux évoquent la piste marocaine. “Nous n'avons aucune chance de partir d'Alger car le seul moyen c'est par le port et c'est impossible. Alger est une destination pour se faire du blé et des contacts avec des passeurs qui organisent le départ jusqu'à Sebta”, témoigne Moussa, rencontré au bois des Cars. Ingénieur de formation, d'origine camerounaise, il a refusé de donner son identité. Moussa n'est qu'un prénom d'emprunt qu'il a choisi pour “personnaliser” le témoignage de notre article. Il poursuit son récit en disant qu'il travaille dur pour ramasser suffisamment d'argent et faire passer sa femme et son fils âgé de trois mois né à Tamanrasset. “Ma femme était enceinte, donc j'était obligé de rester trois mois à Tamanrasset jusqu'à la naissance de mon fils.” Tout comme les autres clandestins, il sait très bien que la traversée ne sera pas facile avec une famille à charge, surtout dans le royaume chérifien, il décide quand même de se jeter à l'eau en sachant que très peu arrivent à l'Eldorado. “Je prendrai le temps qu'il faut pour organiser notre périple. Si j'ai la chance de gagner suffisamment d'argent, je pourrai payer un accompagnateur pour plus de sécurité pour ma famille, et si la chance se détourne de moi, je me plierai au destin. Mais je ne pourrai rebrousser chemin”. En attendant son départ, Moussa travaille comme électricien sur des chantiers. Chaque matin, il attend au bois des Cars qu'on lui propose un boulot. “Je peux tout faire même le sale boulot, de l'électricité au ménage. Je gagne environ 300 DA. Bien évidemment cela dépend de l'employeur mais le plus souvent on se fait exploiter”. Il avouera également qu'il a travaillé pendant trois mois dans une maison comme plombier, jardinier et homme de ménage. Il a été convenu au départ que le propriétaire lui verse un salaire de 4 000 DA par mois, pour des journées de 9h à 17h. “Je n'ai jamais été payé. Chaque mois, mon employeur me disait que je recevrai mon solde en rappel mais je n'ai jamais touché un centime. J'ai tenté d'insister pour obtenir mon argent, mais il m'a menacé de me dénoncer à la police.”
Moussa n'est qu'un parmi d'autres Africains qui arrivent chaque jour, la tête chargée de rêves, mais déchantent facilement car le parcours est difficile et l'avenir incertain.
Enfin, le parcours des clandestins se résume en quelques lignes. Ils arrivent d'un pays subsaharien, s'installent dans un premier temps à Tamanrasset, se dirigent vers les frontières algéro-marocaines, restent quelques jours à Maghnia puis tentent leur chance pour le Maroc. La plupart seront arrêtés puis refoulés.
Ceux qui arrivent à Alger espèrent s'établir et régulariser leurs papiers, mais eux aussi sont confrontés à la même galère ; vérification de papiers, emprisonnement puis reconduction aux frontières. Certains tenteront le coup plusieurs fois avant de baisser les bras.
Alger, terre d'exil
“Pourquoi les Européens ont le droit de circuler librement dans tous les pays de l'Union et nous, les Africains, nous sommes incapables d'instaurer un système équivalent ?” se désole Schoubèrh, un nom qui veut dire rieur en dialecte africain. Un rire qui s'est effacé de son visage depuis qu'il a quitté son pays pour se retrouver parmi de nombreux autres Africains adossé à un mur à attendre que quelqu'un les engage comme manœuvre. “Je refuse qu'on nous appelle les immigrants clandestins. Pour moi, cette appellation signifie une seule chose : le refus de l'intégration et la peur de l'étranger”, renchérit-il.
Schoubèrh, Assimbo, Léa, Djabraïl, Mosako… et tant d'autres sont des personnes qui ne rêvent pas de l'Europe. Leur seul souhait c'est se faire accepter par les Algériens et s'intégrer dans la société. Djabraïl, musulman d'origine malienne, est arrivé en Algérie il y a deux mois. Il travaille comme homme à tout faire dans une famille à La Casbah. “Non, je ne rêve pas de l'Europe, j'ai choisi l'Algérie pour m'établir”, affirme-t-il.
Mosako est l'un des 94 Congolais demandeurs d'asile rencontrés à Dely Brahim. Il est arrivé en Algérie, il y a deux ans, mais il n'a pas encore obtenu son statut de réfugié. Il nous tend un certificat de demande d'asile établi par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). “Je suis en règle, je ne suis pas un clandestin”, justifie-t-il. Il est écrit sur sa demande que le statut de réfugié est en cours d'examen par le bureau du Haut-Commissariat des réfugiés. “En tant que demandeur d'asile, il relève de la compétence de l'UNHCR. Il doit être, notamment protégé contre tout retour forcé vers son pays d'origine tant que ne sera pas définitivement tranchée sa demande de statut de réfugié”.
Mais à Alger, les immigrants clandestins arrivent quand même à trouver un logis et un petit boulot, histoire de survivre… mais pour combien de temps encore ?
N. A.


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