Le groupe Cevital consacrera 165,89 milliards de dinars pour son programme d'investissements, soit plus de 2 milliards de dollars, pour la période 2005-2010, dont 35,74 milliards de DA seront consacrés à la grande distribution (centrale d'achat et grandes surfaces), 4,28 milliards de DA pour l'extension de la raffinerie de sucre, 1,83 milliard de DA pour 2 centrales électriques, qui seront opérationnelles dans 8 mois, et 700 millions de DA pour 29 lignes de conditionnement de sucre. “Nous sommes dans plusieurs activités”, a annoncé hier, son P-DG, Issad Rebrab, lors de l'émission “En toute franchise” de la radio Chaîne III. Le groupe Cevital, connu surtout dans l'agroalimentaire et l'automobile (véhicules Hyundai), doit désormais prendre en compte les nouvelles activités dans lesquelles il s'est investi ou dans lesquelles il s'investira d'ici à 2010. Il s'agit particulièrement de gros projets industriels, qui concerneront notamment la sidérurgie (complexe sidérurgique d'une capacité de production de 10 millions de tonnes, dont la première partie démarrera d'ici à 2010 avec une capacité de 1,6 million de tonnes), la pétrochimie, le lancement de 10 projets d'unités dans l'industrie du bâtiment (préfabriqué), qui toucheront différentes wilayas du pays, celui de l'unité du verre plat et de la nouvelle filiale de véhicules industriels (montage et fabrication de bus et de minibus). Mais, il ne faut pas oublier les projets touchant l'immobilier, la distribution (réalisation cette année d'une dizaine de centrales logistiques, supermarchés, etc.), l'électroménager et l'électronique (outre l'ouverture de certains magasins, une usine sera fonctionnelle d'ici à mars 2007), le transport et la logistique, les énergies renouvelables et l'électricité, ainsi que la trituration des graines oléagineuses destinées à l'alimentation du bétail (vaches…). “Nous sommes en plein développement”, a affirmé le patron de Cevital hier, dans la présentation de son programme, en notant que celui-ci permettra la création de “dizaines de milliers d'emplois”. Cinq projets d'investissement au Conseil national de l'investissement Issad Rebrab a annoncé que cinq projets d'investissement appartenant à son groupe “sont passés au niveau du Conseil national de l'investissement (CNI) le 25 novembre dernier”. Il s'agit de deux centrales électriques, d'une raffinerie de sucre, d'une unité de trituration de graines oléagineuses, de la réalisation de 29 lignes de conditionnement du sucre et d'une unité de production d'aliment de bétail, a-t-il précisé. Ces projets, qui devraient être réalisés à proximité du port de Béjaïa, “ont rencontré beaucoup de difficultés, notamment bureaucratiques”, a souligné Issad Rebrab. “Mais Dieu merci, notre dossier est finalement passé au CNI”, s'est-il réjoui. Il faut savoir que le CNI est placé sous la tutelle des services du gouvernement et a pour rôle d'examiner et de donner l'autorisation définitive pour la réalisation des projets d'investissement. Une présence incontournable sur le marché Le patron de Cevital a révélé que pour l'année 2007, le volume des investissements réservé s'élève à 500 millions de dollars. Il a en outre indiqué que son groupe va aller, dès cette année, vers l'exportation de 70% de la production du verre plat, “tout en couvrant les besoins du marché local”. Issad Rebrab a aussi informé du lancement prochain d'une centrale électrique de 17 mégawatts. Cevital, dira Issad Rebrab, a été créée en 1998 et fonctionne depuis l'année suivante. Mais l'entreprise a vu en réalité sa naissance en 1971, tiendra-t-il à préciser, en mettant d'autres informations à notre disposition. Ainsi, de 1999 à ce jour, le groupe a investi quelque 500 millions de dollars, dont 225 millions pour la seule année 2005. Il a créé 5 500 emplois, dont 1 000 emplois en 2005 et 1 600 emplois en 2006. Sur le marché national, Cevital couvre 75 à 80% des besoins du marché algérien, dans le domaine des huiles végétales. Alors que sa capacité de production est de 140%. “Nous laissons une part du marché à nos concurrents”, a déclaré l'intervenant. Puis, de signaler que dans le domaine du sucre, sa société couvre à 70% les besoins locaux et qu'elle atteindra les 80 ou 85% avec la nouvelle raffinerie. “Tout l'excédent est placé sur le marché extérieur”, a-t-il précisé. Investissements sur les fonds propres À la question sur le financement des projets, M. Rebrab a relevé que Cevital, depuis sa naissance, “ne fait qu'investir la totalité de ses résultats”. Le groupe veille, selon lui, non seulement à “la transparence” de ses comptes financiers, mais aussi à leur consolidation, et au renforcement de son capital et de la confiance des créanciers, algériens ou étrangers. “Cevital a un commissaire aux comptes, mais elle audite également ses comptes par un bureau international”, a-t-il affirmé, en rappelant que Cevital “n'a pas de découvert bancaire”. Bien au contraire, 75% du montant des nouveaux investissements sont réalisés sur les fonds propres du groupe. Au cours de l'émission, le P-DG de Cevital a fait part des problèmes et contraintes dont est confrontée sa société. Il parlera de “problèmes bureaucratiques” au niveau de l'administration, du “dysfonctionnement du système bancaire et de l'inadéquation du système éducatif” aux exigences économiques. À une question sur les contraintes à l'investissement, notamment agricole, le patron de Cevital a indiqué que “le seul frein à ce niveau est celui du foncier”. “Nous avons des difficultés à trouver des terrains pour réaliser les 10 centrales logistiques”, a-t-il argumenté. Cependant et devant certains problèmes posés sur le terrain, Cevital réagit pourtant en investissant dans des projets pouvant servir à la collectivité. Pour preuve, l'installation de 2 centrales électriques en cogénération à Béjaïa a permis d'alimenter le complexe agroalimentaire de cette ville (25 mégawatts). “Les 25 autres mégawatts seront cédés à Sonelgaz, qui serviront à la wilaya de Béjaïa”, a annoncé le patron de Cevital. Il a également indiqué avoir obtenu l'autorisation des pouvoirs publics pour l'extension du complexe de Béjaïa. Ce qui permettra à Cevital d'étendre le terrain devant l'usine. Il avisera en outre de l'accord de l'administration pour le développement du port de Béjaïa. Le rôle de l'opérateur économique Lors de l'émission, le patron de Cevital a tenté d'aborder sereinement les questions se rapportant au secteur public et secteur privé, ainsi que celles de la mondialisation. S'inspirant d'un réformateur chinois, il a laissé entendre que peut importe la “couleur de l'entreprise”, qu'elle soit publique ou privée, du moment qu'on a affaire à des “opérateurs économiques”. “L'essentiel, ajoutera-t-il, réside dans les richesses qu'elle a créées”. Sur le chapitre de la mondialisation, M. Rebrab a noté que le marché international est “une jungle où il n'y a pas de place pour les faibles”. “Aujourd'hui, les entreprises qui tiendront dans le marché mondial sont celles qui investissent et investiront dans les dernières technologies, les secteurs porteurs, et qui doivent s'imposer par leur compétitivité”, a-t-il déclaré. En faisant preuve d'optimisme, il a assuré “qu'avec une mobilisation et du bon sens, notre pays peut avoir une croissance à deux chiffres sans problème”. Pour peu que l'Etat, “un des principaux actionnaires à travers la fiscalité”, aide les opérateurs économiques et les investisseurs privés. Profitant de l'accession prochaine de l'Algérie à l'OMC, le P-DG de Cevital a interpellé les gouvernants, en leur suggérant de s'inspirer des pays développés qui subventionnent certains secteurs, tels que l'agriculture, et de mettre à niveau les entreprises. Plus de 1,3 milliard de dollars hors hydrocarbures “Nous comptons dégager plus de 1,3 milliard de dollars d'investissements hors hydrocarbures”, a confié M. Rebrab, en s'appuyant sur les excédents du secteur agroalimentaire. Selon lui, Cevital investira à l'avenir sur le marché national, mais également à “l'échelle régionale et internationale”. On apprendra, entre autres, que le groupe compte exporter du verre plat vers la Tunisie, la Libye, la Syrie, l'Afrique du Sud et, éventuellement du côté européen, vers la Suisse et la Norvège. Hausse du prix de l'huile et réduction de celui du sucre Concernant la récente hausse des prix de l'huile sur le marché national, le P-DG de Cevital, Issad Rebrab a indiqué que “cette augmentation est due à la flambée des prix de la matière première sur le marché international”. Dans ce cadre, il a précisé qu'au dernier semestre 2006, les huiles brutes ont connu une hausse de 35%, passant de 500 dollars la tonne à 705 dollars sur le marché international. “On a maintenu les prix de l'huile, en raison du Ramadhan et des deux Aïd. Mais à partir de mardi dernier, Cevital a décidé de l'augmentation du prix de l'huile, en la fixant à 7 DA le litre. Cependant et contrairement à l'huile, le P-DG de Cevital a annoncé que le kilo du sucre a vu son prix baisser de 7,5 DA. L'entrée à la Bourse de Londres reportée “Ce n'est pas le moment pour Cevital d'entrer à la Bourse de Londres, d'autant qu'il n'a pas besoin d'argent”. C'est ainsi que le patron du groupe industriel a justifié le report de l'accession à la Bourse, en expliquant que Cevital fait une croissance de 50%, chaque année, et réalise 75% de ses investissements sur ses fonds propres. Mais, lssad Rebrab n'a pas exclu d'aller en Bourse “un jour, quand l'opportunité se présentera”. Hafida Ameyar
