Si le précieux nul arraché par le leader du championnat, la JS Kabylie, au stade du 20-Août face au CRB (0-0), était largement commenté et diversement apprécié, hier encore à Tizi Ouzou comme un peu partout dans les autres localités de la région, il n'en demeure pas moins que ce fut bien la lâche et grave agression perpétrée contre le joueur Sid-Ahmed Kheddis dans la tribune officielle du stade du 20-Août qui polarise l'actualité sportive en Kabylie. Tout au long du week-end et durant toute la journée d'hier, où comme chaque samedi les kiosques à journaux ont été littéralement pris d'assaut, notamment par les amateurs de football et les commentaires des “fans du foot” s'articulaient essentiellement autour de ce malheureux incident qui aurait pu se traduire par un véritable drame tant le jeune Kheddis aura subi un lynchage en règle orchestré par des voyous qui n'ont certainement rien à voir avec le sport et encore moins avec l'histoire fabuleuse du grand CRB. C'est dire que l'indignation aura atteint son paroxysme en Kabylie, où Sid-Ahmed Kheddis, sportif exemplaire et l'un des plus beaux fleurons du football algérien, aura échappé à une mort certaine — n'ayons pas peur des mots ! — dans l'un des plus grands fiefs de l'histoire du football algérien, et ce, sous le regard médusé de son propre père, l'ex-international hussein-deyen Mohamed Kheddis qui, lui, aura appartenu à une tout autre génération sportive où l'adversaire du jour n'était guère considéré comme un ennemi de tous les jours. Et si de nombreux sportifs en Kabylie et un peu partout en Algérie auront condamné énergiquement cet acte ignoble orchestré par des écervelés hantés de passion aveugle et de haine bestiale, force est d'admettre que ces mêmes voix ne veulent guère assimiler ces débordements d'un autre âge à l'histoire et à la notoriété d'un club aussi prestigieux que le CRB. D'ailleurs, l'accueil fraternel réservé par les dirigeants belouizdadis, avant le match et après le coup de sifflet final, où une collation fut même offerte au club visiteur, contraste heureusement avec la stupidité de cette cohorte déchaînée qui aura souillé considérablement l'image de marque du fameux Chabab, jadis connu pour sa sportivité et sa loyauté sur le terrain comme dans les tribunes. International olympique et considéré comme l'un des grands joueurs d'avenir du football algérien, Sid-Ahmed Kheddis, très connu et apprécié pour sa gentillesse, son amabilité et son éducation irréprochable, ne méritait certainement pas de vivre un tel cauchemar dans ce véritable temple du football algérien où son digne père, jadis capitaine de l'équipe nationale, aura écrit l'une des plus belles pages du club Algérie. À travers cet épisode douloureux, il est utile de rappeler malheureusement que ces fameuses tribunes appelées pompeusement “tribunes d'honneur” tendent à devenir malheureusement de véritables “tribunes d'horreur” qui échappent dangereusement à l'autorité des dirigeants de club, mais aussi à celle des services de sécurité. Il est temps de mettre le holà à ce genre de débordements dangereux, surtout lorsqu'on rappellera qu'il y a, de nos jours, beaucoup plus de chaleur et de quiétude dans les gradins populaires que dans ces tribunes squattées par des voyous sans foi ni loi, et ce triste constat ne s'applique pas malheureusement au seul stade du 20-Août d'Alger. La sonnette d'alarme doit être tirée, sinon autant fermer toutes ces cages à fauves pour éviter le pire ! MOHAMED HAOUCHINE