Le kamikaze qui a exécuté l'attentat de Naciria qui a fait 4 morts parmi les policiers et plus de 22 blessés, notamment des civils, a été identifié comme étant Mouhoune Kamel dit Abdallah Echanani. Âgé de 30 ans, il est originaire de la localité de Chaâna relevant de la commune de Afir, à l'extrême est de la wilaya de Boumerdès. Selon nos sources, ce terroriste avait pris le maquis en 2000, au moment où la loi sur la concorde civile a été mise en œuvre, pour rejoindre la seriat de Mizrana qui active dans la région de Afir et Mizrana. Nous avons profité de notre présence à Afir, à l'occasion d'un reportage sur la région, pour aller à la rencontre de Rachid, frère du kamikaze, qui s'apprêtait à regagner le foyer familial situé à Chaâna, un pâté de maisons à l'ouest de Afir. Une centaine de familles y vivent. La commune de Afir compte plus de 20 villages semblables, tous éparpillés dans la chaîne de montagnes s'étalant de Dellys à Mizrana. Rachid nous a affirmé qu'il n'a pas vu son frère depuis plus de huit ans, précisant qu'il ignore que c'est son jeune frère qui est l'auteur de l'attentat, mais il n'en dira pas plus. Issu d'une famille composée de sept personnes, dont cinq garçons et deux sœurs et d'un père agriculteur, le kamikaze était membre de la seria de Mizrana qui fait partie de katibat El-Ansar, dirigée actuellement par Bentouati Ali dit Amine ; il a rejoint katibat Ennour dirigée par Abou Sofiane qui active dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon nos sources, Mouhoune Kamel aurait déjà été blessé au dos lors d'un accrochage avec les services de sécurité qui a eu lieu à Mizrana, il y a un peu plus de six mois. Il aurait reçu, ce jour-là, une balle dans le dos qui n'a jamais été extraite selon nos sources qui se basent sur des renseignements donnés par des repentis de la région. Nos sources ajoutent que la famille du kamikaze a été approchée à plusieurs reprises par les membres des services de sécurité pour dissuader son fils à se rendre et bénéficier ainsi des avantages de la charte pour la réconciliation nationale. Mais il avait toujours hésité, bien qu'il ait donné un jour son accord de principe, précisent nos sources qui ajoutent que ces tentatives pour le convaincre à déposer les armes n'ont jamais cessé. Sur la route qui mène vers la localité de Chaâna, où réside la famille du kamikaze, un véhicule calciné est abandonné au bord de la route. Selon les habitants de la localité, le véhicule, une Jetta appartenant à un entrepreneur, avait été utilisé il y a une semaine par un groupe terroriste. Ils y ont mis le feu avant de repartir dans la direction de Mizrana, affirme un jeune garçon qui nous rassure toutefois que la commune de Afir vit ces jours-ci dans la tranquillité. Les forces de sécurité se sont déployées sur les axes routiers les plus importants, notamment à l'Est, aux limites territoriales des communes de Afir et de Makouda, relevant de la wilaya de Tizi Ouzou. C'est dans cette région montagneuse qu'a été préparé et planifié le premier attentat kamikaze commis sur le territoire de la wilaya de Boumerdès et qui a ciblé la caserne de la Marine nationale où plus de 35 militaires ont été tués. Le carnage était signé par katibat El-Ansar dont faisaient partie Mouhoune Kamel et Bechla Rabah, l'autre kamikaze qui a foncé, le 11 décembre dernier, sur le siège de l'ONU à Alger. Mais cette fois-ci, les terroristes qui ont l'habitude d'utiliser les kamikazes pour frapper à Alger ont opté pour la wilaya de Boumerdès qui enregistre ainsi son deuxième attentat kamikaze, après celui de Dellys. Ce choix serait certainement dicté par les mesures draconiennes de sécurité prises ces derniers jours et l'important dispositif mis en place autour de la capitale. Des mesures qui auraient dissuadé les terroristes à “lâcher” leurs kamikazes sur les commissariats bien que ces cibles, de par leur situation géographique, n'aient pas le même impact. Selon d'autres observateurs, les terroristes avaient misé sur cette structure de la police compte tenu du nombre de policiers qui s'y trouvaient et qui est évalué à 20 éléments. L'attentat a provoqué d'importants dégâts matériels aux habitations et a fait plus de 14 blessés parmi les citoyens dont des enfants en bas âge. Par ailleurs, on a appris que plusieurs personnes ont été arrêtées hier par les services de sécurité. Pour rappel, c'est le quatrième attentat kamikaze après celui du 11 avril 2007 qui a ciblé le Palais du gouvernement, le commissariat de Bab-Ezzouar et le centre d'Interpol. Ces attentats ont été perpétrés par Mouadh Ben Jabel qui était au volant d'un véhicule bourré de 700 kg d'explosifs et qui a explosé au niveau du Palais du gouvernement. Le deuxième kamikaze est Zoubeir Abou Sajida. Il était au volant d'un véhicule chargé également de 700 kg d'explosifs et s'est attaqué “au siège d'Interpol” à Bab Ezzouar. Le troisième attentat a visé le poste de police de Bab Ezzouar, situé sur la route de l'aéroport international d'Alger; il a été perpétré à l'aide d'un véhicule chargé de 500 kg d'explosifs, conduit par Abou Dajjana. Ces attentats ont été suivis par celui perpétré à la caserne militaire de Lakhdaria, puis celui contre une patrouille de la gendarmerie qui escortait une délégation d'experts français. En septembre 2007, c'est le cortège présidentiel qui a été ciblé par un attentat kamikaze à Batna. Deux jours, après c'est au tour de la caserne des gardes-côtes de la marine implantée au port de Dellys (Boumerdès) qui a fait l'objet d'un attentat kamikaze. Les huitième et neuvième attentats kamikazes survenus durant l'année 2007 ont été les plus ressentis par la communauté internationale. Il s'agit de deux attentats simultanés, l'un contre le bâtiment du Conseil constitutionnel algérien, et l'autre contre le siège de l'ONU à Alger. M. T.
