Le scénario libyen se profile à l'horizon syrien. Toutefois, avant de lâcher ses molosses de l'OTAN, le trio franco-américano-britannique, appuyé par leur queue européenne, doit d'abord s'assurer du sombre appui de la Ligue Kharab. Entre intime, cette «guilde», corps creux propre à répercuter les échos, semble soucieuse du respect des résolutions onusiennes. On l'a vu avec l'affaire libyenne. L'assassinat de Kadhafi n'a provoqué aucune indignation au sein de ses membres, et pourtant, assassiner un chef d'Etat en exercice est en soi une violation du droit international si cher aux perroquets de la guilde. Concernant l'affaire syrienne, voilà une nouvelle khardja (sortie) de l'émir du Qatar, dont on sait le rôle vassal qu'il a joué dans l'assassinat du guide libyen. Ce dernier, tout content des futurs joujoux que Washington s'apprête à livrer aux pays du Golfe afin de contrer la «menace» iranienne, avait réclamé la suspension de la Syrie de la Ligue arabe. Comment peut-on concevoir cette Ligue sans la Syrie ? Après un bref moment d'opposition à cette décision, voilà que le vent du Nord se met à fouetter le Sud. Et sans surprise aucune, l'élixir a fait son effet. La Ligue arabe, soutenue par l'UE, a appelé au retrait des ambassadeurs arabes dans le pays et invité l'opposition à préparer la transition. La cause évoquée demeure «le non-respect des engagements pris par Damas quant à la violente répression des manifestations». La Ligue arabe suspend la Syrie et exige des sanctions. A l'issue d'une réunion extraordinaire, elle a également demandé des «sanctions économiques et politiques contre le pouvoir syrien». L'organisation appelle par ailleurs tous les courants de l'opposition syrienne à se retrouver au Caire afin de «se mettre d'accord sur un projet unique pour la gestion de la transition prochaine en Syrie», a précisé le chef de la diplomatie du Qatar Hamad ben Jassem al-Thani. Des annonces soutenues par l'Union européenne… en attendant, bien sûr, une résolution onusienne. Cette suspension, qui entrera en vigueur le 16 novembre, est l'une des revendications principales de l'opposition syrienne dont les différents courants se sont succédé au Caire ces derniers jours pour rencontrer Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe. Question : au nom de quel droit viole-t-on ses propres textes ? L'ambassadeur Youssef Ahmad, délégué permanent de la Syrie à la Ligue arabe, a qualifié de «non juridique» la décision adoptée aujourd'hui par la Ligue arabe portant suspension de l'adhésion de la Syrie, affirmant qu'elle est contraire à sa charte et à son statut intérieur qui stipulent que la suspension de l'adhésion de tout pays membre a besoin d'une décision du Conseil au niveau du sommet, à l'unanimité de tous les pays membres et non pas à la majorité. Aujourd'hui, l'Occident est plus que convaincu que la situation en Syrie est sa dernière carte contre «l'axe de la résistance» (Hezbollah, Hamas...). N'ayant pas réussi à faire sauter le régime syrien ni son appareil militaire et sécuritaire, alors il fait appel aux pouvoirs occultes de la guilde.