Huit morts et plus de 300 blessés, tel est le bilan provisoire de l'assaut donné par la police militaire contre ceux qui occupaient les alentours du siège du gouvernement et la fameuse place Tahrir. Après avoir longuement toléré les dépassements des manifestants, l'armée égyptienne veut rattraper ses erreurs. Tout a commencé durant la nuit du vendredi au samedi lorsque des milliers d'éléments de la police militaire ont attaqué les manifestants qui se trouvaient devant le siège du gouvernement. Des images filmées à l'aide de téléphones portables montraient des scènes de violences extrêmes, des cris et des corps d'êtres humains jonchant le sol. Dans leur offensive, les policiers ont tout balayé devant eux, ce qui a contraint les centaines de manifestants à fuir à la place «Tahrir». Le retrait des contestataires à la place «Tahrir» n'a duré que quelques instants avant que les militaires n'investissent les lieux. Selon des témoins, une panique générale a été constatée chez les manifestants qui n'ont trouvé autres que de fuir vers les rues adjacentes à la place «Tahrir». Le reste des manifestants a été chargé à coups de matraque par les forces de l'ordre qui ont détruit les tentes qui se trouvaient sur la place. Certains manifestants tentaient de résister en lançant des cocktails Molotov et des pierres en direction des militaires. Des groupes de personnes ont attaqué le ministère des Transports où ils ont mis le feu. Selon des habitants, les flammes se sont propagées vers le Palais du peuple où les pompiers accompagnés des militaires tentaient d'éteindre le feu. Selon des sources généralement dignes de foi, une personnalité religieuse en la personne de Cheikh Imad Effat aurait trouvé la mort dans les heurts qui ont opposé les militaires et les contestataires. Le défunt qui est membre d'un organe religieux «Dar El-Iftah» avait l'habitude de décrèter des fatwas en Egypte. Aucune information officielle n'a été donnée pour l'instant quant à la mort de ce religieux. Selon des témoignages, les forces de l'ordre ont totalement repris le contrôle des abords du siège du gouvernement alors que l'affrontement se poursuit à la place Tahrir. Dans une conférence de presse, le nouveau Premier ministre, Kamel Al Ganzouri a pointé du doigt des forces extérieures qui selon lui, seraient à l'origine de ces troubles à l'ordre public. Certaines personnalités dont Omar Moussa tentent de gagner la sympathie des manifestants en dénonçant l'offensive de l'armée contre les manifestants. C'est le même cas pour quelques membres du Conseil consultatif qui ont décidé de suspendre leur participation à cette assemblée dénonçant selon eux la violence des militaires. L'offensive des militaires a eu lieu au même moment où le deuxième tour des élections législatives a été achevé donnant les islamistes les plus grands vainqueurs. A l'heure où nous mettons sous presse une véritable guerre de rue oppose toujours les forces de police et des manifestants.