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Témoignage d'une moudjahida
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 12 - 2011

Au vu de son itinéraire, on peut comprendre les convictions d'Annie Fiorio-Steiner, prête au sacrifice suprême durant la guerre de Libération au moment où les autres pieds-noirs agissaient à contre- courant de l'Histoire.
Une forme de biographie par entretiens qui donnent un livre à la fois vivant et enrichissant. Cela rejoint quelque peu la technique de A. Ferrah pour les livres qu'il a consacrés à l'Emir Abdelkader et à saint Augustin, sauf que là l'interviewer et l'interviewé sont tous les deux vivants et de notre temps. Hafida Ameyar, qui est journaliste à Liberté a eu l'idée géniale de reconstituer par écrit, et pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli, la vie de la moudjahida qui a joué dans le feu de la guerre de Libération, le rôle périlleux d'agent de liaison qui a fait d'elle une prisonnière politique parmi d'autres. Il faut rappeler avec insistance que ce livre a été réalisé grâce aux efforts déployés par l'Association des amis de Abdelhamid Benzine. Une jeune femme d'origine pied-noir engagée dans le combat libérateur On trouve paradoxal qu'une femme de sa condition ait apporté une aide désintéressée à la Révolution algérienne. Deux contraires qu'elle a incarnés pour prouver qu'il est toujours possible de se placer au-dessus des conflits. On connaît trop les pieds-noirs pour en parler, mais ce qui mérite d'être souligné, c'est la contribution active à la révolution libératrice d'une pied-noir, enfant unique, gâtée et qui, pourtant, avait tout pour être heureuse. A l'âge où les jeunes de son âge rêvent d'une vie sentimentale et matériellement équilibrée, Annie Fiorio Steiner s'était liée avec les gens de la Révolution qui en était à sa deuxième année : hom-mes politiques du FLN, ceux du PCA, les fabricants de bombes. Ce qui lui avait valu d'être transférée aux commissariats pour interrogatoires, et d'avoir affaire aux avocats avant d'être conduite dans les prisons comme Barberousse réputée pour ses bourreaux et sa guillotine. C'était dans cette prison des hauteurs de la Casbah d'Alger qu'elle a appris des chants patriotiques. Elle le dit en ces ter- mes : «Une sœur, Safia, m'a dit : je vais t'apprendre des chants nationalistes. Ce qu'elle fit pour moi en tournant dans la cour de Barberousse. J'ai appris ainsi «Min djibalina talaâ saout el ahrar younadina lil istiqlal» et rapidement pour faire une voix de plus». Que de têtes on a coupées ! Lorsque quelqu'un est emmené à la guillotine, on entend tout. Toute la journée, c'est des défilés d'hommes et de femmes qui vont à la torture. Certains préféraient mourir que parler pour dénoncer des frères. Après l'indépendance de l'Algérie Annie Fiorio-Steiner parle de son foyer qu'elle a failli voir se briser, sa famille ayant été disloquée. Son mari était rentré dans son pays, la Suisse. «En Suisse, je me suis battue pour récupérer mes deux filles. En prison, nous étions ensemble. Mon procès pour la garde des filles a été difficile et assez pénible. Ma mère m'avait suivie en Suisse. C'était au moment où on voulait faire croire que je devais être internée dans un asile : peut-être un complot du mari qui voulait garder les filles ou qui ne voulait pas qu'elle reste sa femme, après la guerre d'indépendance ? Annie Fiorio-Steiner qui a gardé le nom de son mari est décidée à n'avoir que la nationalité algérienne et à travailler en Algérie au secrétariat général du gouvernement jusqu'en 1991, date à laquelle elle prit sa retraite. Les questions-réponses avec Fafida Ameyar portent sur l'Algérie des décennies de l'indépendance dures à supporter. On avait beaucoup espéré en une vie meil-leure, c'est la déception qui s'est installée. Que de jeunes moudjahidate qui ont combattu à ses côtés avant d'être incarcérées, traînées d'une prison à l'autre, torturées, avaient cru en une Algérie où elles seraient des êtres dignes, libres, respectées com-me des citoyennes à part entière. Elles se sont retrouvées soumises à un code de la famille qui les a infériorisées. Annie Fiorio-Steiner qui a eu la chance de rencontrer des personnalités qui ont géré la vie politique et sociale du pays, a rencontré le général Giap, l'auteur de Dien Bien Phu, une rencontre qui l'a marquée à vie. Malgré sa retraite, elle s'intéresse à la vie au quotidien, celle des femmes condamnées à l'enfermement ou à l'oisiveté, celle des harraga, du statut des travailleurs, de l'arabisation, de la justice, de la laïcité. Elle regrette que tout ne se soit pas bien passé pour le bien-être des Algériens. Un livre sur la vie d'une moudjahida mais qui donne l'occasion de faire une belle rétrospective des événements qui ont marqué l'Algérie avant et après l'indépendance. Des additifs tout de même utiles A la longue interview s'est ajoutée d'abord sous le titre «Entre mémoire et histoire officielle», la période au cours de laquelle se sont constitués divers partis qui ont donné naissance au FLN de la guerre de libération nationale. Cela a donné l'occasion d'effleurer des historiques de la politique et de la guerre en Algérie. Puis a été annexée la vie et l'œuvre du professeur éminent Hadj Sadok, agrégé d'arabe, qui a formé des hommes de la Révolution comme M'hamed Yazid, Ben Khedda, Abane Ramdane, au lycée de Blida. En annexe 2, trois poèmes d'Annie Fiorio- Steiner ont été composés avec beaucoup de talent pour peindre une actualité brûlante. Ces trois poèmes sont historiquement marqués puisqu'ils ont vu le jour dans les prisons de Barberousse et de Blida, au cours de l'année 1957. En voici un extrait : « Nous somme tristes et meurtries/ A travers murs et barreaux / Qui veulent nous séparer / C'est à vous que nous demandons / La force de supporter / L'instant de cruauté / Ou le couperet/ Puis le coq a chanté. Pour agrémenter l'ouvrage, on a jugé utile de terminer par deux points de vue émanant de l'interviewée que l'on peut considérer comme une femme historique pour sa participation active à la révolution. Le premier de ces points qui est à lire avec beaucoup d'intérêt porte sur «L'affaire Gharbi», le second consacre près d'une page et demie à la librairie : Noûn tenue par Noûn et Kiki et qui a disparu au grand regret de tous ses habitués comme Annie Steiner. C'est le 3e point de vue qui a retenu notre attention pour son titre «La mémoire des militantes de la guerre de Libération nationale» par l'historienne Malika El-Korso. La moudjahida Annie Fiorio-Steiner de Hafida Ameyar, Association A. Benzine, 187 pages, 2011.

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