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Esclave affranchie et abolitionniste
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 06 - 2012

Best-seller aux Amériques, Aminata est un grand roman sur l'esclavage, sous la plume du Canadien Lawrence Hill. Arrachée à son Afrique natale à l'âge de 11 ans, son héroïne éponyme raconte les horreurs et les brutalités de la traite négrière transatlantique.
«Je m'appelle Aminata Diallo, fille de Mamadou Diallo et de Sira Coulibali. Je suis née dans le village de Bayo, à trois lunes à pied de la côte des Graines en Afrique de l'Ouest. Je suis une Bambara. Et une Peule. Je suis les deux, comme je l'expliquerai plus loin. Je crois que je suis née en 1745, ou pas loin de là… » Ainsi parle la protagoniste éponyme de Aminata, le roman à succès du Canadien Lawrence Hill. Esclave à l'esprit indomptable, Aminata est une héroïne courageuse et bouleversante. Son périple la conduit de son village natal de Bayo, au Mali, jusqu'au Londres des abolitionnistes en passant par les champs de coton et d'indigo des Etats-Unis, les ghettos urbains de la Nouvelle-Ecosse (Canada) et la Sierra Leone à l'époque de sa fondation. L'ouvrage se lit comme un récit d'aventures épiques, doublé d'une fable de la supériorité de la prisonnière sur son geôlier. 500 000 exemplaires vendus au Canada «Cela me fascine de voir comment des gens ont survécu à des horreurs sans continuer le cauchemar après, a expliqué le romancier. Comment est-ce qu'on peut vivre l'Holocauste, le génocide rwandais ou la traite d'esclaves transatlantique et ne pas être rempli de haine et d'amertume ? Comment se fait-il que des gens ordinaires s'en sortent et veulent toujours aimer et bien vivre ?». Paru en 2006, le livre s'intitulait initialement The Book of Negroes, en référence au registre dans lequel les colonisateurs anglais avaient inscrit le nom des 3 000 loyalistes noirs qui avaient pris fait et cause pour eux. Cet événement, comme d'autres jalons historiques tels que le mouvement abolitionniste, servent de cadre au récit d'Aminata, essentiellement fictionnel. Le mélange adroit de la fiction et du réel n'est sans doute pas étranger au succès populaire de ce roman qui s'est vendu à 500 000 exemplaires au Canada. Il a également obtenu des distinctions littéraires importantes dont le «Commonwealth Writer's prize for the Best Book». Traduit en français, il débarque aujourd'hui en France. Résistante et rebelle Ce succès s'explique par la personnalité de son héroïne. Ce qui fait d'Aminata un personnage inoubliable, c'est à la fois sa force de caractère et la conscience aiguë de son identité africaine. Résistante et rebelle, Aminata n'a que onze ans quand elle est capturée par des négriers dans les environs de son village natal, dans l'actuel Mali. Ses parents sont abattus sous ses yeux, son village incendié. Laissant derrière elle ses jeux d'enfant et ses espérances, la jeune fille s'engage dans une longue marche exténuante qui durera plus de trois mois, au bout de laquelle elle se retrouvera avec d'autres captifs noirs dans la cale du bateau négrier en partance pour les Amériques. L'adolescente survivra aux horreurs de la traversée grâce à son agilité d'esprit et sa détermination à rester libre dans sa tête malgré les chaînes qui entravent son corps. Dans la plantation d'indigo, en Caroline du Sud où elle débarque, elle connaîtra les humiliations du servage, le viol, la séparation de ses enfants, mais saura malgré les violences garder la tête haute, allant de l'avant vers l'accomplissement de son destin, en maître de sa vie. Elle s'enfuira à New York et finira par gagner sa liberté en émigrant au Canada, puis en Sierra Leone avant de venir s'installer à Londres où elle devient la mascotte de la cause abolitionniste qui bat son plein en cette fin du XVIIIe siècle. «Slave narratives» Diffusé en France et en Afrique francophone par Présence Africaine, le roman de Hill s'inscrit dans la riche tradition des récits d'esclavage (« slave narratives ») née avec l'autobiographie du Nigérian Oluadah Equiano («The Interesting narrative of the life of Oluadah Equiano or Gustavus Vassa the African written by himself») - qui fut une publication majeure de son époque. D'autres récits de la même veine ont marqué l'histoire de la littérature afro-américaine. Ils sont racontés soit sur le mode des mémoires par d'anciens esclaves, comme dans le livre-culte de Booker T. Washington, L'Autobiographie d'un Noir (1901), soit sur le mode fictionnel, comme l'a fait Alex Haley dans son best-seller mondial Racines ou, plus récemment, Toni Morrison dans son roman Beloved. Si l'odyssée d'Aminata n'est pas sans rappeler le parcours de Kinta Kunte, l'ancêtre mandingue au cœur du roman d'Alex Haley, c'est sans doute l'autobiographie d'Equiano, qui fut le premier témoignage direct de la traite négrière, qui a servi de modèle à Hill. Ecrit à la première personne, Aminata épouse de près les circonvolutions historiques de son époque : l'indépendance américaine (1776), le mouvement abolitionniste en Angleterre. Tout comme Equiano, la belle esclave affranchie de Hill participe à la lutte pour l'interdiction de la traite négrière. L'auteur a aussi renouvelé la tradition des récits d'esclavage en situant l'aventure de son héroïne en partie au Canada, dont on connaît mal l'héritage sombre en matière de ségrégation et d'émeutes raciales. En inscrivant le destin de sa protagoniste dans l'histoire de la première grande vague de retour en Afrique des esclaves et affranchis noirs, Hill nous rappelle aussi la contribution oubliée des Canadiens noirs à la création de l'actuelle Sierra Leone. Aminata, par Lawrence Hill. Traduit de l'anglais par Carole Noël. Paris, Présence Africaine, 2012. 568 pages.

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