Selon les statistiques des Douanes algériennes, le premier semestre de 2012 a vu l'importation de plus de 260 000 véhicules de tourisme. Ce chiffre représente ainsi une hausse de près de 50% par rapport à la même période de l'année écoulée. Ce fort taux de croissance du marché automobile dans notre pays fait pâlir de jalousie l'ensemble des grands constructeurs mondiaux par ces temps de crise. A titre d'exemple, les ventes de Renault sur le marché français ont reculé de plus de 11% au mois de juillet passé, tandis que les ventes de PSA Peugeot Citroën ont baissé de près de 10%. Rien à dire, le marché de l'automobile algérien se porte bien, sauf qu'il ne participe nullement à la dynamique économique du pays. La totalité des véhicules vendus sur le marché national par les concessionnaires sont importés. Pour importer ces 260 000 véhicules, il fallait dépenser la bagatelle somme de 3,15 milliards de dollars. Cette facture représente le double de celle des importations de céréales, semoule et farines et des médicaments. Les données chiffrées communiquées par les Douanes algériennes nous informent aussi que l'importation des véhicules par l'Algérie profite en premier lieu aux constructeurs automobiles français. Ainsi, Renault vient en tête des marques de voitures vendues durant le premier semestre 2012 avec plus de 63 000 véhicules contre 39 500 durant la même période de l'année écoulée, soit une hausse impressionnante de 60% à un moment où la voiture au Losange subissait un recul de ses ventes en France avoisinant les 11%. Même constat pour Peugeot. Ce dernier constructeur a occupé la seconde position en termes de vente avec plus de 26 700 véhicules durant cette même période. Peugeot a pratiquement doublé ses ventes par rapport au premier semestre de l'année 2011. Pourtant, le constructeur français PSA Peugeot traverse une grave crise et a vu ses ventes chuter de 10% en France, le mois dernier. Si ce niveau élevé des ventes sera maintenu d'ici la fin de cette année, on s'attend à des importations qui dépasseraient le demi million de véhicules. Un marché potentiel qui justifie largement l'implantation d'une industrie de véhicules de tourisme en Algérie. Mais pour le moment le projet Renault est au stade du choix de la région et du terrain qui doit abriter l'usine. Tandis que le projet Volkswagen n'a pas encore dépassé le stade de l'intention. Pourtant une nouvelle donne pourrait, dans les prochains mois jouer en faveur de l'Algérie, la crise qui secoue PSA Peugeot. Ce constructeur a plongé dans le rouge durant le premier semestre 2012 en enregistrant une perte nette de près de 820 millions d'euros. Ces pertes ont été la conséquence d'un important recul des ventes sur le marché européen. Comme on le sait les pays de l'Union européenne sont en crise et les ventes de Peugeot ont reculé de près de 14% en une année. Les sanctions contre l'Iran ont aussi pénalisé les ventes de voitures en kit. Les ventes de voitures Peugeot en kit ont chuté de 30%. Pour les experts le redressement de PSA Peugeot doit inévitablement passer par le renforcement de sa présence dans les marchés émergents et hors Union européenne. En dehors de la Chine et de la Russie, l'Algérie reste le plus importants débouché pour les véhicules Peugeot en Afrique et au Moyen- Orient. L'implantation d'une usine en Algérie renforcera inévitablement la présence du constructeur français sur les marchés maghrébin, africain et du Moyen-Orient. Une usine qui profitera aussi des avantages accordés par la zone arabe de libre échange (Zale). Mais, certains estiment qu'il est difficile de faire aboutir des projets aussi importants en l'absence d'une forte volonté politique de relancer le processus d'industrialisation du pays. Ces projets ont aussi besoin de managers publics et privés, compétents et dynamiques, capables d'attirer et de piloter des partenariats et non pas d'une armée «de concessionnaires automobiles» qui ne sont intéressés que par les chiffres des ventes. Sur le moyen terme, les finances du pays ne peuvent continuer à supporter un tel niveau des importations de véhicules. Si ce rythme sera maintenu durant ce second semestre, l'Algérie dépensera plus de 6 milliards de dollars pour financer les importations de véhicules en 2012. Ce qui est énorme. Dans le cas où aucune contrepartie à cette frénésie des importations ne se concrétiserait en projets industriels, le gouvernement devrait en urgence réfléchir à une batterie de mesures pour tempérer cette «fièvre» de l'automobile payée par la rente pétrolière.
