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Jacques Vergès nous a quittés ce 15 août...
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 08 - 2013

«Je ne crois pas en la justice pénale internationale !» Jacques Vergès (Dictionnaire amoureux de la justice) On vient d'apprendre le décès de l'avocat Jacques Vergès, à l'âge de de 88 ans. C'est BFM TV qui révèle cette info. Cet homme de loi s'était rendu célèbre pour avoir défendu notamment le président yougoslave Slobodan Milosevic ou l'humble jardinier Omar Raddad.
Une vie engagée Avocat de réputation mondiale, Jacques Vergès fut résistant, communiste patriote et militant anticolonialiste. Défenseur des causes radicales, au carrefour du politique et du judiciaire, il a associé son nom à de nombreux procès sulfureux, acceptant les causes maudites dont aucun avocat ne voulait (Klaus Barbie, Moussa Traoré, Paul Barril, Omar Raddad, le tueur en série Charles Sobrhraj, le préfet Bernard Bonnet...), ou encore les grands procès politiques (Georges Ibrahim Abdallah, Moussa Traoré, Carlos, Slobodan Milosevic, l'un des avocats de la Fraction armée rouge Klaus Croissant, Magdalena Kopp...). Né en 1925 d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne, il est le frère de Paul Vergès, ancien député communiste de La Réunion, président du conseil régional et sénateur communiste de La Réunion. Dans son «carnet d'adresses», on retrouve également le nom de Pol Pot, au Cambodge, dont il est soupçonné d'avoir été l'un des conseillers. Le révolutionnaire Carlos et le président ivoirien Laurent Gbagbo figurent également parmi ses clients célèbres. Né en 1925 en Thaïlande, maître Vergès avait obtenu une certaine notoriété durant la guerre d'Algérie, après avoir défendu les accusés du FLN. Et inventé sa fameuse «défense en rupture», politisation radicale du procès où l'accusé devient accusateur et le Système coupable. Il avait notamment défendu Omar Raddad et attaqué – à nos côtés et ce fut un des grands honneurs de ma vie militante – le pseudo Tribunal pénal international, chargé de juger des crimes commis dans l'ex-Yougoslavie, assimilé par lui fort justement «aux sections spéciales de Vichy». Me Jacques Vergès, qui assurera aussi la défense de Saddam Hussein, est le «défenseur des causes perdues le plus médiatique et le plus mystérieux du barreau de Paris», dira le Nouvel Obs. De petite taille, rond, le visage lisse et ironique, amateur de havanes et de pêche à la ligne, Me Vergès, 80 ans, s'est rendu célèbre par les clients «indéfendables» dont il a assuré la défense devant les tribunaux. Il ne cachait pas «son goût de la déstabilisation et de la provocation» et se flattait non sans raison de son «pouvoir» engendré «par la fréquentation de personnalités politiques du monde entier et de militants de l'ombre». Un grand résistant : à 17 ans dans le FFL puis dans le combat anticolonialiste Né en Thaïlande, de père français et de mère vietnamienne, Me Vergès passe son enfance à La Réunion. Il s'engage à 17 ans dans les Forces Françaises Libres du général de Gaulle, puis adhère en 1945 au Parti communiste. Il réside à Prague de 1951 à 1954 comme cadre du mouvement communiste international. Fin 1955, le jeune avocat milite pour le FLN algérien. Il quitte le PCF en 1957 et épouse Djamila Bouhired, auteur de plusieurs attentats à la bombe en Algérie. De 1970 à 1978, il disparaît. «Je suis passé de l'autre côté du miroir. C'est ma part d'ombre», dira-t-il. Selon certaines sources, il aurait travaillé clandestinement avec Pol Pot et les Khmers rouges. Il a notamment défendu devant les tribunaux des militants du FLN pendant la guerre d'Algérie Partisan de la justice populaire Il s'était toujours opposé à la justice bourgeoise et prônait une justice populaire (une des bases de la Démocratie Directe). «Etes-vous un inconditionnel du jury populaire ?», interrogeait Le Soir (Bruxelles). Vergès de répondre : «Tout ce qui est humain est susceptible d'erreur. Mais la justice populaire donne la garantie d'une indépendance que la magistrature n'a pas. Parce que vous trouvez aussi, dans la magistrature, l'esprit corporatiste. La Cour ne va pas désavouer le juge d'instruction. Et le juge ne va pas désavouer le policier - qui, souvent, a fait le travail à sa place !» Le Soir, hostile, interrogeait à nouveau : «Le jury populaire, c'est un maillon de la démocratie. Or, on a souvent l'impression que vous êtes en délicatesse avec les démocraties, en défendant des dictateurs, des terroristes, des «collabos». Et Vergès, cinglant : «Une journaliste danoise m'a demandé, comment pouvez-vous vouloir défendre Milosevic ?» Je lui ai répondu ceci : «Vous vous croyez démocrate, mais votre réflexion est fasciste !». Car c'est seulement dans les régimes fascistes que certaines causes ne peuvent pas être défendues». Une éthique militante l'honneur contre le fric-roi... Vergès était surtout un homme droit, dirigé par une éthique révolutionnaire – que je partage totalement et qui guide aussi ma vie – où l'honneur s'oppose au fric-roi de la société bourgeoise. Vergès affirmait dans «L'apartheid judiciaire» (et il n'y a rien à y ajouter) : «Dans un passé pas si lointain, le courage à la guerre était une valeur sacrée. Rappelons-nous Léonidas et ses trois cents Spartiates mourant à Thermopyles pour obéir aux lois de Sparte. Le sacrifice de la vieille garde à Waterloo. Le sacrifice du roi Lazare face aux Ottomans. Ou encore le courage des défenseurs de Stalingrad. C'est ce que l'on appelait l'honneur. Le mot figure sur les drapeaux de la République en France... Hitler a mis fin à tout cela. Pour lui, ses adversaires ne pouvaient être que des sous-hommes.» Et il concluait, rappelant les affinités idéologiques occultées entre nazisme et américanisme : «Aujourd'hui, les disciples de l'OTAN professent le même mépris, chargé de peur et de haine, contre ceux qui contestent leur droit à l'hégémonie. Le racisme est simplement remplacé par l'idéologie des droits de l'Homme, dans la version exclusive des généraux Westmoreland, Powell et Clark, bourreaux des peuples du Viêt-nam, d'Irak et de Serbie. Le procédé n'est pas nouveau. C'est toujours au nom d'un idéal détourné que les conquérants justifient leurs agressions et leur sauvagerie... Aujourd'hui, c'est au nom des droits de l'Homme qu'on tue les civils dans les Balkans, qu'on affame les enfants en Irak et qu'on fait refleurir le pavot en Afghanistan.» Un auteur prolixe Me Vergès est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages, notamment : - De la stratégie judiciaire, Editions de Minuit, Paris 1981 ; Beauté du crime, Plon, Paris 1988 ; - Je défends Barbie (avec une préface de Jean-Edern Hallier), Jean Picollec, Paris 1988 ; - J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans, J'ai lu, Paris 1999 ; - avec Pierre Marie Gallois, L'apartheid judiciaire, L'age d'Homme, Lausanne 2002. Nos combats communs Nous avions combattu ensemble au sein du «Comité international pour la défense de Slobodan Milosevic (ICDSM) – dont il était le Conseil et moi le président -, étroitement de 2002 à 2006, organisant entre La Haye et Paris, la défense du Président Milosevic détenu dans les geôles de l'OTAN – dont le pseudo TPI n'est qu'un appendice honteux – à La Haye. Le combat pour Milosevic fut long et difficile. Parce que nous devions combattre sur tous les fronts : contre les médias de l'OTAN, la machine du TPI, les médiamensonges. Mais aussi contre un ennemi intérieur, des militants trotskistes et sionistes à New-York et aux Pays-Bas, infiltrés dans nos rangs et qui sabotaient sans cesse notre action, semant la zizanie... Mais fort de notre combat, le seul débat public ayant jamais opposé les porte-paroles du TPI et Vergès et moi-même sur la chaîne de télévision «LCP-Public Sénat» (Paris) et qui tourna à la défaite des domestiques de l'OTAN. Nous nous étions encore retrouvé lors de la défense de Saddam Hussein, de la Jamahiriya libyenne de Moammar Kadhafi – il avait comme moi été un des rares à aller apporter son soutien à Tripoli sous les bombes de l'OTAN au triste printemps 2011 –, et celle du président ivoirien Bgagbo... La mort de Jacques Vergès laissera un grand vide. Irremplaçable. Il était de ceux dont la compagnie illuminait une rencontre. Simple et sympathique aussi. Je me souviendrai toujours de sa gentillesse lors d'un dîner dans un chinois à La Haye avec des militants ouvriers liégeois du PCN. J'avais un camarade... (Suivra)

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