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Beggar Hadda, une vie sur le fil
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 05 - 2014

Des fois, il faut creuser et fouiller au plus profond de nos mémoires pour évoquer les grandes figures d'une ou d'un artiste. C'est le cas de Beggar Hedda, cette grande dame frappée par l'oubli. Une artiste de la chanson bédouine des années 1940, qui a vécu et restée toujours dans l'anonymat.
Cette femme, à son époque, a eu le courage de casser les tabous du temps où cette activité était considérée comme une honte pour les tribus, voire même une atteinte à la dignité des leurs. D'ailleurs, elle chantait à visage découvert pour les femmes dans les fêtes de mariage ; quant aux autres soirées face à un auditoire masculin, elle cachait son visage sous une voilette (aajar). En quelque sorte, cette femme a fait du militantisme non prémédité, elle a ouvert une brèche pour apporter un plus à la condition de la femme de son époque, pour aussi dire qu'elle est une des descendantes de notre héroïne nationale Dihiya «la Kahina» des monts Aurès. Beggar Hadda, ou pour les intimes Hadda «el khencha» a vu le jour le 21 janvier 1920, près de Souk Ahras dans les monts de Ath Babar. Hadda a vécu et grandi dans un milieu populaire. Elle a choisi la chanson comme moyen pour subvenir à ses besoins sociaux. Il se trouve que la petite Hadda, dans son enfance n'a pas baigné dans l'opulence, d'abord orpheline, elle ne se souvient même pas de la mort de son père. Donc, pour survivre et subvenir à quelque besoin familial, la maman est dans l'obligation de faire de l'animation dans les fêtes familiales, toujours accompagnée par ses deux filles, non par pour des sous, mais quelque chose de symbolique, comme des oeufs, des gâteaux, de quoi manger, etc. Beggar Hadda a hérité de sa maman l'art et la façon de faire face à un public de fête, tout en apprenant certaines chansons du répertoire qu'on interprétait dans les soirées familiales. A l'âge de la puberté, son frère aîné la donne en mariage au premier venu. A son premier mariage, elle n'a pas encore 12 ans et son époux est beaucoup plus âgé qu'elle. D'ailleurs, naïvement, elle ne cessait de dire à sa maman «rentrons chez nous, on n'a rien à faire chez ce monsieur», ce à quoi la maman répondait: «ce monsieur n'a personne, on doit lui préparer sa galette». Résultat : une première fugue pour l'adolescente, qui quitte ainsi son mari. La seconde noce, cette fois-ci avec un un militaire, que son frère a connu dans les rangs de l'armée, se solde par huit années de mariage. Malheureusement, comme elle n'a pas enfanté, elle a dû voir arriver une rivale. N'étant plus maîtresse des lieux, elle a décidé de quitter le domicile conjugal. Et comme un malheur ne vient jamais seul, sa mère meurt, la laissant sans soutien, sans protection et sans guide. Elle décide alors de voler de ses propres ailes. Malheureusement, son frère ne le tolère pas. Et l'errance va commencer. Pour ne pas être repérée pas les siens, elle se voile et rejoint en cachète les guessabas qui animent les fêtes et soirées familiales. Malgré toute cette vigilance et la discrétion dont elle fait preuve, son frère est toujours informé de ses déplacements, il la battait. Un jour, elle décide de quitter la maison familiale pour de bon, elle a 25 ans. Elle rejoint les guessabas de la région de Kessouna et Souk Ahras à savoir Abdat, Ayachi, El Mekki qui travaillent déjà avec Ben Debache. C'est à partir de cette fugue que Hadda a entamé sa carrière de chanteuse de fêtes, avec celui qui allait devenir son mari, en l'occurrence le grand gssasbi Brahim Ben Debache. A vrai dire, le vrai nom de cette famille est Hachani, ces derniers sont tous des guessasbas de père en fils, seulement Brahim avait une façon particulière de jouer sa guesba. Hadda aimait Brahim, car c'était son seul protecteur, mais qui deviendra très vite un homme brutal et jaloux. Hadda puise ses thèmes et sa poésie du terroir, comme le grand El Djarmouni et Ali El Khencheli. Tous ces thèmes tournent autour de la mélancolie, de l'amour, et tout ce qui est lié à la vie sociale. Elle a aussi chanté la révolution comme «Adjoundi khouya» ou «Matabkich ya ainia aala chouhada el medfouna fi djebel l'Aurès» et puis d'autres titres tels que «Djebel Boukhadra», «Trig Tebessa», «Demou Sayeh», «Rakeb Lazreg»... C'est une artiste qui possédait un très riche répertoire (environs une centaine de chansons variées). Elle a aussi animé beaucoup de fêtes familiales dans sa région, avec son compagnon de toujours, elle a également enregistré un nombre important de 45 tours avec un visage emprunté sur la jaquette. «Je n'ai rien à voir dans cette décision, c'est Brahim qui a tout fait», répondait-elle quand on lui posait la question. Beggar Hadda a mené une vie de souffrance et d'amertume. Elle a lutté tout au long de son parcours pour soulager ses peines, en vain. Pour tout son apport à la culture, durant toute sa carrière, Hadda n'a rien reçu en contre-partie, elle est restée isolée dans son patelin voire, même ignorée. En tout et pour tout, vers la fin de sa vie, Abdelkrim Sekar l'a invitée à l'émission «Bonsoir culture» de notre Unique de l'époque. Beggar Hadda mourut mendiante dans les rues d'Annaba.

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