La distribution en plusieurs phases de 25 000 logements sociaux locatifs aux familles issues des sites précaires d'Alger a été lancée hier à la nouvelle cité des 3 216 logements de Chaïbia, dans la commune de Ouled Chebel, à l'extrême sud de la wilaya. La cité de Chaïbia, qui s'attend à recevoir 1 089 familles lors de cette première opération de recasement, a accueilli les premiers locataires à 3h du matin, avec des banderoles où l'on pouvait lire : «Bienvenue à nos honorables citoyens», «Adieu à l'habitat précaire», «Enfin un logement décent», «Le droit au logement, un rêve qui se réalise». Sur les 1 089 familles à reloger à Oued Chebel, 505 sont issues des bidonvilles de la circonscription administrative de Zéralda, 302 de ceux Birtouta (notamment de Oued Chebel), 193 des baraques «Deffous 2» de Chéraga, 34 familles originaires de Magharia (Hussein Dey), cinq de Draria et 50 occupants le stade de Birkhadem, selon les détails de l'opération fournis par l'OPGI. La route reliant Oued Chebel à Birtouta a enregistré des embouteillages monstres du fait du déferlement de dizaines de camions mobilisés par la wilaya d'Alger pour le déménagement des familles vers la cité des 3 216 logements. Malgré une nuit blanche passée à se préparer au déménagement et les bousculades sur site au bureau de l'OPGI pour récupérer les clefs et d'éventuelles réclamations, les locataires ont laissé exprimer leur joie d'avoir pu obtenir de l'Etat un logement «décent» leur permettant de dire «adieu à l'habitat précaire». La nouvelle cité s'est peu à peu transformée en fourmilière, les familles allaient dans tous les sens au milieu des youyou et les nombreux agents mobilisés dans cette opération s'afféraient à décharger les camions et à transporter les affaires des locataires à leurs logements. «Nous avons laissé exploser notre joie quand nous étions informés du déménagement dans la nuit du vendredi. Nous avons passé une nuit blanche à rassembler nos affaires. Je n'arrive toujours pas à croire que ma famille a pu accéder à un logement décent», déclare les larmes aux yeux Khadidja, qui vivait dans une baraque mitoyenne à la cité des 3 216 logements de Chaïbia. D'autres familles, comme celles issues des bidonvilles de la circonscription administrative de Chéraga, avaient accepté le déménagement à contre-coeur. «Nous aurions préféré être relogés sur place dans notre commune», disent-elles. Les baraques occupées par ces 1 089 familles relogées ont été aussitôt démolies après le déménagement, a assuré le directeur de la protection civile d'Alger, le colonel Mohamed Tighrastine qui a déploré des cas de personnes évanouies dont deux ont été transférées à l'hôpital. 200 agents de la Protection civile ont été mobilisés dans le cadre de ce déménagement inaugural, alors qu'un centre de soin a été installé dans la cité des 3 216 logements pour parer à toute urgence, a précisé M. Tighrastine. La nouvelle cité de Chaïbia, dotée de toutes les commodités (espaces verts, stades, marché, centre de soin, écoles, annexes administratives, etc.), sera occupée dans sa totalité d'ici vendredi à travers plusieurs opérations de recasement. «Le relogement concerne en priorité les familles dont les baraques sont proches de la cité et des milieux urbains. Il concerne aussi celles qui occupent des terrains destinés à d'importants projets en souffrance comme le logement à Oued Chebel, la ligne ferroviaire Birtouta-Zéralda, le stade de Birkhadem et le lycée d'El-Hamiz en souffrance depuis deux ans», a rappelé le wali Abdelkader Zoukh lors d'une conférence sur site. Les familles concernées par le recasement sont celles habitant dans des immeubles vétustes qui menaçant ruine (IMR), dans des bidonvilles, des chalets ainsi que les familles qui souffrent de la promiscuité ou habitent dans des caves et sur les terrasses des immeubles, a dit M. Zoukh. Les opérations de relogement «se poursuivront après le mois sacré du Ramadhan parallèlement à la réception progressive de projets de logements dotés de toutes les infrastructures publiques» à raison d'une opération tous les deux mois, selon la wilaya. 72 000 habitations précaires, dont 16 000 dans les houach (ancienne fermes agricoles) qui seront remplacées sur place par des maisons en dur, ont été recensées à Alger alors que le programme destiné à leur résorption est doté de 84 000 logements, implantés dans la capitale mais aussi à Blida et Boumerdès. La dernière opération de cette ampleur à Alger a été réalisée en 2010 et a porté sur la distribution d'environ 12 000 logements sociaux-locatifs aux familles issues notamment des bidonvilles de Oued Koreiche, La Casbah, Hydra, El-Madania et Ben Aknoun.
