«C'est la première année où la fiscalité pétrolière va rapporter 150 milliards, et la fiscalité non pétrolière 3 000 milliards», a indiqué, hier, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, sur les ondes de la Chaîne lll. Lors de son passage à l'émission «L'invité de la rédaction», sur les ondes de la Radio algérienne de la Chaîne lll, le ministre des Finances a déclaré hier, qu'«aucun nouvel impôt n'a été imposé au consommateur, ni aux entreprises nationales», par contre, explique-t-il, «nous prenons des dispositions pour que les entreprises s'élargissent, et aient de nouveaux capitaux». Par ailleurs, Abderrahmane Benkhalfa, a souligné que le gouvernement engagera une stratégie de sortie du système des subventions généralisées vers un modèle de subventions ciblées. Cela, viendra à travers une libéralisation des prix qui sera compensée par l'octroi d'une allocation financière aux couches défavorisées, a affirmé le ministre. «Nous avons une stratégie pour sortir, d'ici à deux ou trois ans, des subventions généralisées pour aller à une vérité des prix, puis nous allons procéder à un soutien frontal à travers l'octroi d'une sorte de deuxième salaire pour les citoyens ayant des revenus inférieurs à un certain seuil», a déclaré Benkhalfa. Le gouvernement, qui se penche sur la finalisation de la segmentation des populations visées, veut que les prix des produits de base comme le lait, le sucre ou l'huile, aujourd'hui inférieurs de 50% de leurs valeurs réelles, «augmentent progressivement et que les personnes percevant un revenu inférieur à un seuil à déterminer plus tard, recevront une sorte de deuxième salaire», a-t-il précisé. Sur l'adoption de la loi de finances 2016 qui a été adoptée lundi à l'APN, le ministre des Finances a donné quelques éclaircissements. Interrogé sur l'article 66, autorisant l'ouverture du capital des entreprises publiques à l'actionnariat national résident, Benkhalfa a expliqué que le motif de cette disposition est la modernisation et le renforcement de la capitalisation de ces entreprises d'une part et l'attrait de l'argent qui dort dans les sacs, d'autre part. « Nous sommes en 2015 et aucun pays au monde ne fonctionne avec des entreprises publiques à 100% ou s'appuie à 100% sur son budget», souligne-t-il. «Toutes nos entreprises doivent s'ouvrir, s'internationaliser y compris les grandes entreprises publiques», a-t-il insisté. Toute ouverture de capital d'une entreprise publique devra cependant respecter un certain nombre de pré-requis à savoir l'obtention de l'aval du Conseil des participations de l'Etat (CPE) et la possession d'argumentaires valables et d'instruments juridiques protégeant l'emploi et les filières concernées, a-t-il avancé. En plus, cette ouverture «n'est pas destinée aux étrangers mais profite uniquement aux investisseurs locaux et aux gens possédant de l'argent qui dort», a-t-il encore soutenu. Toujours au sujet de la loi de finances 2016, le ministre des Finances a déclaré, en ce qui concerne l'article 71 qui autorise de réajuster des budgets à travers un simple décret sans passer par le Parlement, Benkhalfa a jugé que cet article est entouré de «beaucoup d'incompréhension». Selon lui, il est temps que l'Algérie, à l'instar des autres pays, «dispose d'un instrument de vigilance et d'une capacité de gestion de son budget mois par mois, surtout que les projets se comptent par milliers alors que les financements sont en baisse». Evoquant, par ailleurs, l'opération de bancarisation de l'argent informel, le même responsable a fait part d'un bon déroulement de l'opération mais sans indiquer le montant. Il a avisé, à cet effet, les Algériens détenteurs de fonds à l'étranger du fait que plusieurs pays s'orientent vers plus de rigueur en termes de secret bancaire, en les invitant à rapatrier ces fonds pour les investir en Algérie. «Ces gens risquent de perdre leur argent car les comptes bancaires, dont les sources sont inconnues, seront fermés dans plusieurs pays dans le monde», a-t-il mis en garde. Il a aussi fait savoir que le Groupe d'action financière (Gafi), chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, va tenir sa prochaine réunion annuelle en Algérie en janvier 2016.