La maison de l'artisanat a, comme à l'accoutumée, abrité le salon du burnous et de la kachabia. Cet évènement a été lancé par madame la ministre déléguée auprès du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme, et de l'Artisanat, chargée de l'artisanat, Aïcha Tagabou. Ce salon, qui il faut le dire et le reconnaître, est de moindre importance que les éditions précédentes. La place du marché réservée à ce noble habit est plusieurs fois plus importante que ces stands comblés par produits faits main par les femmes au foyer appelées à la rescousse par les organisateurs pour combler les presque 50% de vide laissé par les défections de dernière minute. La ministre et le wali de Djelfa ne se sont attardés que dans les stands dédiés réellement au burnous et à la kachabia. Les meilleurs étaient absents. Il n'y avait, en dehors des tisseuses et cardeuses ou bien de la de la délégation relizanoise, que des commerçants ou des revendeurs. Le plus ancien couturier avait assisté le temps de la visite de la délégation officielle. Ceci n'a pas amoindri la valeur et la portée de ce salon car en son sein, il n'y avait pas un burnous de la honte (barnos el bakhs). Par contre, la ministre était très étonnée lors de la visite d'un stand où était présenté un burnous dont la valeur «vantarde» annoncée par le forain commerçant est de 25 millions de centimes. Ce burnous pèse plus de 1 500 g et est trois fois plus lourd qu'un vrai «wabri» (duvet de chamelon) lequel ne doit pas dépasser les 500 g. D'ailleurs, elle fera de ce sujet le mot clé de ses interventions jusqu'à ce que la tisseuse de renommée mondiale Belkabcha Tounsia de Messaad lui ait clarifié la situation. Elle lui expliquera que le meilleur coupon le plus léger et le mieux damé ne peut dépasser les cinq à six millions de centimes et elle lui montrera la pièce en cours de tissage dont la surface est deux fois plus importante et qui ne pèsera que neuf cents grammes à un prix de huit millions de centimes. Ce n'est qu'à ce moment que la ministre déléguée a compris les problèmes d'introduction frauduleuse de produits contrefaits en provenance de Chine et d'Irak, de la nouvelle tendance de la consommation de la viande cameline, du rétrécissement des parcours de pâturage par soit leur mise en défens ou par sa mise à disposition des investisseurs en agriculture et bien d'autres problèmes énumérés par le Dr Kanoun, responsable de l'antenne de l'INRAA à Djelfa lors de la présentation de la synthèse des travaux de recherche menés par sa femme et lui-même. Lors du déplacement à Messaad, capitale du vrai burnous wabri, tout le monde a été agréablement surpris. C'est à cet instant qu'elle fut convaincue que même le secteur de l'artisanat est pris en partie en otage par des spéculateurs qui spéculent sur les prix. Ils rendent le produit plus cher et inabordable. C'est l'étouffement des petits artisans. Avant de quitter la capitale du burnous, elle a donné le coup d'envoi d'une session de formation sur la conception dans le tissage artisanal, organisée au profit d'un nombre d'artisanes, au niveau du Centre de valorisation des talents locaux. Lors de la visite des stands des exposants et des artisanes, Tagabou, pour une meilleure protection des produits de l'artisanat, a annoncé à partir de Djelfa que tous les produits de l'industrie artisanale nationale qui seront labellisés bénéficieront d'un estampillage pour d'abord leur protection ensuite pour leur valorisation et leur promotion au niveau national et international. Pour ce, dira-t-elle, une rencontre internationale se tiendra l'an prochain dans le but d'intégrer la protection intellectuelle dans ce domaine. C'est le meilleur moyen de protéger ce produit et d'une manière pérenne.
