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La réussite socioéconomique est conditionnée par des institutions crédibles et une meilleure gouvernance
Publié dans La Nouvelle République le 01 - 04 - 2016

Du fait des tensions géostratégiques et de la baisse du cours des hydrocarbures de longue durée, la mise en place d'institutions efficaces de suivi, du fait des ressources de surcroît éphémère dues essentiellement à la rente des hydrocarbures, interpelle les plus hautes autorités du pays, sur l'urgence d'une gouvernance rénovée.
Le terme «corporate governance», qu'on peut traduire par gouvernance d'entreprises, va ensuite être utilisé dans les milieux d'affaires américains tout au long des années1980. Par la suite, la notion de «urban governance» a été reprise par d'autres pays européens et s'est généralisée dans l'étude du pouvoir local et fait par ailleurs son apparition à la fin des années 80 dans un autre champ, celui des relations internationales.
Le terme de «good governance» est employé par les institutions financières internationales pour définir les critères d'une bonne administration publique dans les pays soumis à des programmes d'ajustement structurel. En effet, dans les pays en voie de développement et en transition, l'introduction de la notion de gouvernance s'est effectuée sous la houlette d'organisations internationales (banque mondiale puis OCDE).
En 1989, la banque mondiale qualifie la situation en Afrique «de crisis in gouvernance», dans un rapport publié deux ans plus tard (management development, the governance dimension), recommandant une gestion du secteur public plus efficace et transparents, de nouveaux programmes visant à restaurer l'Etat de droit, à rendre les dirigeants politiques responsables, à équilibrer les dépenses publiques, à améliorer les méthodes de comptabilité et de vérification des comptes et à décentraliser les services publics etc.
Les services publics et les institutions à tous les niveaux de gouvernance - locale, nationale, régionale, continentale et mondiale sont mis en place pour remplir certaines missions et réaliser certains résultats qui correspondent à des besoins spécifiques de la population, en fonction d'un programme déterminé de développement. C'est que les prix Nobel d'économie entre 2000/2015 consacrent la bonne gouvernance fondée sur des institutions crédibles.
Du point de vue historique, ce concept a évolué étant apparu depuis que le monde est monde a été évoqué par Aristote, mais a été formalisé il y a plus d'un demi-siècle chez les économistes américains, dont Ronald Coase, en 1937 dans «The Nature of the firm» dans lequel il explique que la firme émerge car ses modes de coordination interne permettent de réduire les coûts de transaction que génère le marché.
Cette théorie, redécouverte dans les années 1970 par les économistes institutionnalistes, et en particulier par Olivier Williamson, débouche sur des travaux qui définissent la gouvernance comme les dispositifs mis en œuvre par la firme pour mener des coordinations efficaces qui relèvent de deux registres : protocoles internes lorsque la firme est intégrée (hiérarchie) ou contrats, partenariat, usage de normes lorsqu'elle s'ouvre à des sous-traitants.
Le pas décisif de la recherche sur la bonne gouvernance date des années 1990 en réaction à la vision, jugée techniciste, du New Public Management où a été posée cette question : la bonne gouvernance est-elle une conséquence de la pratique de la démocratie et l'Etat de droit ou sa cause ? Autrement dit, la liberté, la démocratie et l'Etat de droit, pris comme option politique peuvent-elles engendrer la bonne gouvernance, c'est-à-dire la bonne gestion des affaires publiques ? Car il serait erroné d'affirmer que la bonne gouvernance serait l'assimilation à la quantification de la croissance du PIB / PNB vision mécanique dépassée par les institutions internationales elles mêmes.
Ainsi, des auteurs comme Pierre Calame ont mis en relief à juste titre que la crise de l'Etat ne connaît pas seulement une crise interne touchant à ses fonctions et à sa structure, mais concerne davantage la capacité de l'Etat à asseoir sa légitimité ainsi qu'à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socio-économiques. Les travaux de Aglietta et Boyer sur la régulation en France, bien que ne se réclamant pas du courant institutionnaliste, faisant la synthèse entre la théorie keynésienne et la théorie marxiste (ce retour en force des idées de Keynes et de Marx depuis l'avènement de la récente crise) vont dans ce sens, liant l'accumulation du capital, les ruptures du capitalisme à travers les institutions et la dynamique des forces sociales.
Et ce contrairement aux théories du cycle ( synthèse entre la théorie néo-classique et la théorie keynésienne) à travers le courant des chicago boy's résumé clairement par Milton Friedman prix Nobel d'économie pour qui «seule une crise peut produire des changements,», théorie appliquée à certaines économies en transition des pays de l‘Est partant de postulat que pour briser les résistances aux changements et faire émerger une économie de marché concurrentielle il faut des chocs exogènes puissants relevant surtout des mécanismes économiques, empruntant ces concepts aux théories physiques de la thermo- dynamique.
C'est dans ce cadre comme consécration de la recherche du rôle fondamental des institutions, cœur de la dynamique économique des conditions du développement, en octobre 2009, que le jury du Prix Nobel en sciences économiques de l'Académie royale suédoise des Sciences a choisi le travail d'une femme – Elinor Ostrom pour «son analyse de la gouvernance économique, en particulier des biens communs» et d'Olivier Williamson pour son analyse de la gouvernance économique, en particulier des frontières de la firme ».
Cette analyse approfondit celle du fondateur de la Nouvelle Economie Institutionnelle, (NEI), ayant comme chef de file, Douglass North, qui a démontré que les institutions ont un rôle très important dans la société déterminant la structure fondamentale des échanges humains, qu'elles soient politiques, sociales ou économiques et qu'elles constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme, le terme d'institution désignant «les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines», et aussi comme «les règles du jeu» qui façonnent les comportements humains dans une société.
D'où l'importance des institutions pour comprendre la coopération sociale, comment contrôler la coopération des différents agents économiques et faire respecter le contrat de coopération. Parce qu'il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d'une organisation.
C'est là l'apport fondamental de Ronald Coase et de Williamson qui permet de comprendre comment émerge le phénomène de la firme qui intègre une série d'activités de manière hiérarchique, économise les coûts de transactions par rapport au marché, tenant compte bien entendu des coûts d'organisation. D'où la nécessité de l'analyse de la gouvernance des contrats au sein de la firme pour faire en sorte que la coopération au sein de la firme soit la meilleure possible.
La structure de gouvernance fait alors référence à la rationalité limitée, l'incomplétude des contrats, mais aussi à la spécificité de certains actifs (non substituables donc), et prend en compte la nécessité d'adapter les organisations.
En plus de cette analyse, en introduisant l'importance de la confiance et du «capital social» comme ciment de la coopération, Elinor Ostrom fait progresser également la gouvernance environnementale.
Dans le sens de plus de décentralisation : implication des acteurs locaux dans la mise en place de la règle, reconnaissance de l'évolution des pratiques et des traditions, méfiance à l'égard des solutions toutes faites imposées de l'extérieur par une réglementation autoritaire alors que la diversité institutionnelle est nécessaire pour comprendre la complexité de notre monde.
L'actualité n'est sans doute pas étrangère au choix du jury Nobel, la crise financière ayant en effet rappelé avec douleur que la gouvernance au sein de la firme est une question majeure. Et les enjeux écologiques tels que la déforestation ou la surpêche nous poussent à chercher des solutions multiples de gestion de notre environnement, objet d'enquêtes d'Elinor Ostrom, prix Nobel de sciences économiques.
La bonne gouvernance et les nouvelles technologies
Comme suite logique de ces importantes découvertes théoriques, sur le plan opérationnel l'analyse des liens entre gouvernance et institutions a fait un grand progrès par la mise en relief de l'importance de la révolution dans le système des télécommunications (les nouvelles technologies dont Internet et Intranet) et l'intelligence économique mais avec des visions différentes. Concernant le premier aspect en rappelant que les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont constitué le thème central du 14e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) le 30 janvier 2010 à Addis-Abeba où a été mis en relief l'intolérable fracture numérique au détriment de l'Afrique, c'est que les mutations que connaît l'économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l'information et de la communication.
Elles ont une répercussion fondamentale sur la bonne gouvernance, sur l'urgence du renouveau du mode d'enseignement, sur tous les mécanismes de gestion tant centrale que locale des institutions et des entreprises : passage de l'organisation hiérarchique dite militaire, puis à l'organisation divisionnelle, puis matricielle et récemment à l'organisation en réseaux, ces organisations cohabitant souvent dans un même espace mais avec le déclin des anciennes organisations classiques, s'adaptant au nouvelles mutations économiques du passage de l'ère de la matérialité du XXe siècle à l'ère de l'immatérialité ère du XXIe siècle.
En effet, on observe aujourd'hui une métamorphose complète du paysage médiatique mondial qui est due principalement à la combinaison dynamique de deux facteurs : l'essor exceptionnel du capitalisme financier et la «révolution numérique» qui a donné aux technologies de l'information et de la communication un essor non moins exceptionnel. Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l'Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales.
Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique...) sur les téléphones portables. Cependant, me semble t-il il ne faut pas assimiler la société de l'information à la société de la connaissance. La société d'information désigne une société dans laquelle les technologies de l'information jouent un rôle fondamental.
Par contre la notion de société de la connaissance (knowledge society), apparue vers la fin des années 1990, est utilisée en particulier dans les milieux universitaires, comme une alternative jugée préférable par certains à la notion de «société de l'information.
Certes, le débat n'est pas clos sur le plan théorique, mais l'optique beaucoup plus technique de la société d'information fait référence aux données, aux canaux de transmission et aux espaces de stockage de l'information, alors que la notion de société de la connaissance évoque les êtres humains, les cultures et les formes d'organisation et de communication, l'information étant déterminée en fonction de la société et non l'inverse.
Aussi je partage l'analyse de Abdul Waheed Khan de l'Unesco pour qui je le cite : «la société de l'information est la pierre angulaire des sociétés du savoir. La notion de société de l'information est liée à l'idée d'innovation technologique, alors que la notion de sociétés du savoir comporte une dimension de transformation sociale, culturelle, économique, politique et institutionnelle, ainsi qu'une perspective de développement plus diversifiée. La notion de société du savoir est préférable à celle de société de l'information car elle fait une place plus large à la complexité et au dynamisme des changements qui sont à l'œuvre.
Le savoir en question est utile non seulement pour la croissance économique, mais aussi parce qu'il contribue à l'autonomie et au développement de la société dans son ensemble.
Dans cette optique, l'information doit être un bien public, et non pas une marchandise ; la communication un processus de participation et d'interaction, la connaissance une construction sociale partagée et non pas une propriété privée et les technologies un support pour tout ceci, sans qu'elles deviennent une fin en soi».
(Suivra)


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