De quel secours peut bien être la commission d'enquête dépêchée aujourd'hui lundi à Annaba par le ministre des Ressources en eau pour l'amélioration de la gestion de ses structures des wilayas de Annaba et d'El-Tarf ? Depuis l'avènement du partenariat avec les Allemands de Gelsenwasser en 2009 et la résiliation du contrat de ce même partenariat, rien ne va plus. Alors que les problèmes de distribution d'eau potable aux populations s'accentuent, de nombreux projets avec financement inscrit, sont en veilleuse. Les investigations, que les membres de cette commission devraient entamer dès leur arrivée avec les autorités locales, interviennent au moment où revient au-devant de l'actualité, ce que d'aucuns qualifient de deuxième scandale de la Société des eaux et assainissement de Tarf et Annaba (Seata), redevenue «l'Algérienne des eaux». Le premier scandale avait impliqué une vingtaine de cadres dont les deux précédents directeurs généraux, des cadres et des agents d'exécution. Ils avaient été cités dans le détournement de plus de 150 millions de dinars de la caisse de la Ménadia (Annaba) . Tous les mis-en cause avaient été condamnés en mai 2916 à différentes peines de prison ferme. Le 2e scandale porte également sur un détournement. Il concerne quelque 4 000 compteurs à eau. Seata les avait acquis à l'importation. Jusqu'à leur disparition, ils étaient entreposés dans le magasin de l'entreprise. Le préjudice financier dépasse largement le premier qui a entraîné la condamnation à de sévères peines de prison d'une vingtaine d'accusés dont 3 femmes mères de famille. Ce deuxième scandale a confirmé les analyses des experts quant à l'incompétence généralisée ayant caractérisé la gestion de la Seata. Initialement, celle-ci avait été assurée par le partenaire allemand Gelsenwasser. Bien que nanti de toutes les prérogatives pour y mettre un terme, ce dernier n'a pas réagi. Il a, au contraire, laissé se poursuivre la mise à sac de l'entreprise. Ce qui a eu pour conséquence la faillite de celle-ci et imposé au gouvernement algérien de résilier le contrat de partenariat. L'absence de toute matérialisation des différents projets avait été un autre argument avancé par les associés algériens pour décider de mettre le holà à une situation devenue véritablement catastrophique. La résiliation du contrat de partenariat avait été également motivée par l'absence de distribution de l'eau potable et, la saturation du réseau assainissement. La goutte qui avait fait déborder le vase bien plein de la Seata a été la latitude qu'avaient certains mis en cause de puiser dans les stocks des pièces de rechange et des compteurs à eau, d'exploiter comme ils l'entendent le parc-autos de l'entreprise, de promouvoir à des postes supérieurs parents et alliés majoritairement non qualifiés, d'utiliser les moyens d'interventions et d'exploiter à des fins personnelles les biens et les moyens roulants de l'entreprise. Ces faits avaient été confirmés dans les conclusions de l'enquête judiciaire par le procureur de la République près le tribunal d'Annaba. Poursuivant leurs investigations, les éléments de la Brigade économique et financière de la sûreté de wilaya Annaba ont réussi à mettre au jour le réseau de trafic d'équipements, matériels et accessoires hydrauliques importés. C'est ce dossier que le président du tribunal correctionnel de Annaba devait traiter en son audience la semaine écoulée. Le jugement a été différé pour mercredi prochain. L'affaire des 4 000 compteurs disparus des magasins de la Seata a pris de l'ampleur. Deux entrepreneurs privés y sont impliqués. Ils achetaient auprès des cadres et agents véreux à des prix excessivement bas les compteurs acquis à l'importation au prix fort par l'entreprise. Les mêmes compteurs sont aussitôt rétrocédés à la Seata à des coûts très élevés. Une importante quantité de ces compteurs portant griffe «Seata/ADE » avait pris la route vers Tunis. Les compteurs avaient été bradés à des prix défiant toute concurrence. Certitude de l'impunité aidant, des commerçants algériens n'hésitaient pas à les exposer sur leurs étalages. Une autre enquête judiciaire sur un dossier similaire pourrait intervenir prochainement. Ce dossier porte sur le détournement en importante quantité de compteurs à eau griffés ADE Guelma et Skikda.