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Engagée contre les mariages forcés
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 07 - 2017

«Too Young To Wed» («Mariées trop jeunes»). Les photos sont bouleversantes de beauté et de réalité. La photojournaliste américaine Stephanie Sinclair fait passer son message contre le mariage de petites filles par des images subtiles sans jugement inutile.
Les chiffres parlent pour eux-mêmes : toutes les deux secondes, une jeune fille est mariée de force quelque part dans le monde. Sinclair explore ce phénomène depuis 15 ans et s'engage au-delà des photos depuis 2012 dans sa propre ONG, « Too Young To Wed ». C'est aussi le titre de la magnifique exposition de ses photos, jusqu'au 26 septembre dans la nouvelle Arche du photojournalisme, sur la Grande Arche de la Défense, à Paris. À 110 mètres au-dessus du sol, au 35e étage de l'Arche de la Défense, à Paris, Stephanie Sinclair découvre la mise en scène magistrale de ses photos. La photojournaliste multiprimée par les plus prestigieux prix de la profession – un prix Pulitzer, trois Visa d'or et trois World Press Photo– est visiblement émue de voir son travail des quinze dernières années présenté en mode panoramique sur le toit de Paris. 175 photos dont 113 jamais exposées, et certaines dans des formats comparables aux vitraux d'une cathédrale. « Les mots me manquent. C'est incroyablement impressionnant de voir son travail sélectionné pour cette merveilleuse espace dans un endroit emblématique de Paris. C'est un vrai honneur. » Stephanie Sinclair, « une force et une puissance inouïes » Cette photographe de 44 ans ouvre le nouveau « Grand Palais » des photoreporters, l'Arche du photojournalisme, inaugurée début juin. Un honneur bien mérité, remarque Jean-François Leroy, l'œil mondial de la profession, fondateur du Festival international Visa pour l'image et directeur artistique de l'Arche du photojournalisme : « Stephanie est un personnage d'une force et d'une puissance inouïes. Elle a décidé de lutter contre ce phénomène de mariages forcés. Elle utilise la photo, la vidéo, l'écriture, elle a monté son ONG, parce que c'est le combat d'une vie. Et c'est là où elle mérite cette reconnaissance qu'on lui donne aujourd'hui. » En effet, sa façon de travailler est unique. Photoreporter aguerrie lors de la guerre en Irak, l'Américaine découvre en 2003, en Afghanistan, dans un service hospitalier pour grands brûlés, le phénomène de petites filles immolées par le feu pour échapper au mariage forcé. Ce choc provoque chez elle le besoin de comprendre – et d'agir. Pendant quinze ans, elle parcourt la planète pour entrer pendant de longues semaines en relation avec les familles de ces petites filles promises à un avenir sombre après des fêtes de mariage souvent fastes. Être juste et changer les mentalités « I try to be fair », « j'essaie d'être juste », avance-t-elle. Malgré un point de vue clairement affiché : « mettre fin à ces pratiques », Stephanie Sinclair évite d'être dans le jugement tout en essayant de faire changer les mentalités. Pour cela, elle a créé en 2012 son ONG Too Young To Wed, acclamée par les Nations unies et très demandée sur le terrain. Elle organise des ateliers, met des appareils photo à la disposition des filles pour qu'elles puissent partager leurs histoires et pour « rendre un peu ce qu'elles m'ont donné ». Avec sa voix grave et chaleureuse, Stephanie Sinclair dégage un air naturel, direct, simple, sans fausse note, malgré ses cheveux blonds colorés apprivoisés en natte. Elle est touchante, avec son pendentif de cœur autour du cou et son regard clair et déroutant... Ses yeux ont croisé des centaines de filles mariées entre 6 et 14 ans, comme Niruta, au Népal, une fille promise à 13 ans et mariée à 14 ans dont le portrait pris lors du mariage trône dans l'exposition à côté de photos prises d'elle et de sa famille dix ans après : Les mariages provoqués par les crises « Je l'ai rencontrée le jour de son mariage, c'était en 2007. Elle a été mariée à un jeune homme, Durga. Je suis restée en contact avec elle grâce à mon traducteur. Il y a deux ans, il y avait un grand tremblement de terre qui a totalement détruit leur village. Et c'est à ces moments-là, quand il y a un conflit ou une crise, qu'il y a le plus de mariages précoces. Donc, il y a un an et demi, je suis retournée au village. J'ai découvert qu'ils ont perdu leur maison et qu'ils luttaient pour leur survie.» Plus de 400 maisons ont été détruites dans leur village, et comme d'autres villageois, Durga et Niruta étaient sur le point de reproduire le schéma ancestral qu'ils avaient eux-mêmes subis : «Ils étaient en train de réfléchir de marier une de leurs filles, parce qu'ils n'avaient plus assez à manger. Comment reconstruire la maison quand vous n'avez aucun argent ? À travers de notre association Too Young To Wed, nous les avons mis en relation avec une organisation. All Hands Volunteers a reconstruit leur maison. Et en partenariat avec l'American Jewish World Service, nous avons mis à disposition des services dans ce village où les mariages précoces avaient beaucoup augmenté. Alors on a investi dans l'éducation. Par exemple, notre association a financé 25 bourses pour les enfants. Et nous avons reconstruit l'école.» Ces filles courageuses Jamais elle n'oublie de rendre hommage aux «filles très courageuses qui ont participé à ce projet. Elles voulaient montrer aux autres ce qu'elles ont vécu et enduré». Aujourd'hui encore, plus de 50 pays dans le monde sont touchés par les mariages forcés, même en Occident. Selon Unicef, en Europe de l'Est, une fille sur dix est mariée avant l'âge de 18 ans. «La partie américaine m'a prise le plus de temps» avoue-t-elle. Au niveau fédéral des Etats-Unis, aucun âge légal de mariage n'est fixé. «Oui, cela arrive aussi en Occident. Il n'y a pas forcément beaucoup de cas, mais il est important que les gens comprennent que ce genre de situation arrive dans pratiquement toutes les sociétés.» On découvre alors un membre de l'Eglise des saints des derniers jours (FSDJ) avec ses épouses ou comment un enquêteur du Bureau du procureur général du Texas prélève un échantillon d'ADN sur la petite fille de 2 ans de Janet Jeffs (19 ans), à San Antonio. Ses photos et son engagement auprès de son ONG, qu'ont-ils changé concrètement pour ces filles rencontrées en Afghanistan, Népal, l'Ethiopie, l'Inde ou le Yémen ? «Aujourd'hui, il y a une meilleure conscience du problème. Le fait de les rencontrer, de savoir ce que ces filles ressentent, d'essayer de comprendre leur vie à travers la photographie a conduit à des changements. Aujourd'hui, il y a beaucoup de campagnes autour du sujet : l'Union africaine et les Nations unies ont fait des campagnes autour des mariages précoces. Des pays ont établi un âge minimum pour le mariage ou ils ont augmenté l'âge légal nécessaire pour se marier. Beaucoup de gouvernements concernés ont commencé à s'occuper du problème. Ils essaient de garder les filles plus longtemps à l'école et ils comprennent que c'est aussi bénéfique pour le pays.»

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