Le médecin-chef du service de Médecine légale, du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, le Pr Brahim Boulassel, a mis en avant, hier, à Tizi Ouzou, la nécessité de situer le geste suicidaire dans la réalité médico-psychologique du sujet à même de définir les tendances suicidaires. «Il importe aujourd'hui de situer le geste suicidaire dans la réalité des pathologies psychiatriques individuelles (deuil, séparation des parents) et sociales (échec scolaire, négligence affective...) de la personne concernée afin d'essayer de mieux cerner ce fléaux et de le combattre», a-t-il indiqué. S'exprimant lors du 8ème congrès de psychiatrie, tenu au sein l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Fernane Hannafi de Oued Aissi (Tizi Ouzou) sous le thème «psychiatrie et société», l'intervenant a estimé qu'il n'existe pas de portrait-type de l'adolescent suicidaire. «Le vécu, les relations affectives ou encore l'environnement familial, scolaire et social sont des facteurs de risques», a observé le Pr Boulassel. S'appuyant sur les résultats des autopsies pratiquées sur trois adolescents, deux filles et un garçon, âgés respectivement de 14, 15 et 16 ans, l'intervenant a relevé que le mode suicidaire diffère d'un adolescent à l'autre. «Les ingestions médicamenteuses et les pendaisons, sont les modes les plus fréquents», a considéré l'intervenant. Psychologiquement, a-t-il poursuivi, l'adolescent est impulsif, instable, émotif. «Il est constamment en déséquilibre, en état de conflit. Il agit pour expérimenter avant de réfléchir. C'est pourquoi, la période de l'adolescence est plus susceptible d'engendrer des comportements suicidaires», a ajouté le Pr Boulassel, considérant que cette problématique complexe et multiforme mérite une attention particulière. D'où la nécessité d'y réfléchir à la spécificité de l'adolescence, aux significations du geste suicidaire, et, à ses facteurs de risques et signes annonciateurs. L'autopsie médico-légale des trois cas de suicides examinés au service de Médecine légale, du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, a conclu, selon ce spécialiste, à des morts violentes. Dues respectivement, a-t-il indiqué encore, à l'ingestion d'un produit caustique et, pendaison par une corde fixée, à un poteau de la terrasse du domicile familial, un pied touchant le sol et l'autre sur une chaise et, nouée au barreaudage de la dalle de la maison familiale, les pieds ne touchant pas le sol. Le suicide, ou mort violente, peut, a encore relevé ce spécialiste, peut appartenir à n'importe quelle classe sociale. Il peut être de sexe masculin ou bien de sexe féminin, comme il peut aussi appartenir à toutes les tranches d'âge même à l'adolescence, a encore poursuivi l'intervenant qui considère que «le passage à l'acte représente un mode de résolution de la tension liée à un conflit», par une décharge immédiate venant à la place d'une prise de conscience ou d'une élaboration mentale. Caractérisé, a-t-il observé, par la rapidité et l'impulsivité du geste, et, l'absence de prise de conscience ou de réflexion.