L'affaire de la Société de l'Eau et de l'Assainissement de Annaba et Tarf (Seata) devrait revenir au-devant de l'actualité dans les prochains jours. Créée en 2008 en partenariat avec la société allemande Gelsenwasser, l'entreprise avait été secouée par un scandale financier durant l'année 2015. Il a été rendu public par le partenaire allemand dans une tentative d'internationaliser le dossier sur la base d'une plainte qu'elle a déposée auprès du tribunal commercial de Paris. Gelsenwasser s'était affiché en victime d'un important préjudice commis par les gestionnaires algériens de 2008 à 2011. C'est au cours de cette dernière année que la partie algérienne avait exprimé sa volonté de résilier le contrat de partenariat. Tout au long de ses activités dans la gestion et la distribution de l'eau et sa prise en charge de l'assainissement, le représentant de Gelsenwasser en Algérie Mario Lopez n'avait, de cesse, de dénoncer des dépassements dans la gestion de l'entreprise. Ce qui lui avait valu d'être ciblé par ceux-là même qu'il dénonçait quotidiennement et par écrit auprès de la zone Algérienne Des Eaux (ADE) sise à Route du Pont Blanc. Ce qui justifie la décision de celle-ci de désigner son directeur commercial à l'effet d'effectuer une enquête interne et déterminer avec exactitude le type de dépassement. Ce cadre ponctua son enquête par : «Les faits dénoncés par le partenaire allemand sont imaginaires.» Ce qui ne sera pas de l'avis des éléments de la police judiciaire. Ils piocheront en profondeur dans les documents comptables et administratifs pour découvrir qu'il manquait plus de 13 milliards de cts, l'acquisition injustifiée de voitures de grandes marques et des recrutements à la en veux-tu en voilà. Il y avait aussi des membres du conseil d'administration qui s'attribuaient un jeton de réunion du conseil d'administration de 30.000 DA/jour en sus de la prise en charge totale dans un hôtel huppé. Egalement découverte, l'acquisition d'équipements et de compteurs/eau à l'importation non inventoriés. C'était le haut du pavé qui s'adonnait à ces actes en toute impunité. Au niveau plus bas, l'on ne se privait pas aussi de se remplir les poches. D'autant que le directeur commercial dépêché par la zone ADE, n'a vu que du feu. Or, c'est là où il a enquêté, c'est-à-dire l'agence de la Ménadia entre autres, que l'on a découvert le pot aux roses. Avec la complicité directe ou indirecte de 20 autres dont le directeur général, le directeur d'unité, le chef de département comptabilité et finance, les deux caissières y puisaient au gré de leur humeur du jour d'importantes sommes. Parfois, l'une ou l'autre prenait la totalité de la recette sans que nul ne trouve à redire. Entre-temps, le directeur commercial dépêché par la Zone ADE pour enquêter avait été promu directeur de l'unité objet de cette même enquête. On ne peut pas trouver mieux comme moyen pour tenter de couvrir les faits. Depuis, c'est la catastrophe dans la gestion de la distribution de l'eau potable aux populations de la wilaya de Annaba. Les douze communes ont été touchées par la rareté de l'eau dans leurs robinets. Chaque jour, des files interminables se constituent près des camions citernes de la Protection civile pour remplir leurs bidons et jerricans. La colère des habitants est à ce jour difficilement contenue. Elle l'est au regard de la multiplication des sit-in organisés devant le siège de la wilaya. Le dernier en date a été relevé au lendemain du nouvel an 2017. Des citoyens de plusieurs quartiers s'y étaient rassemblés pour exprimer leur ras-le-bol. Dimanche, il a fallu l'intervention directe du wali pour que les habitants de la cité des 400 logements de Bouzaroura (El Bouni) aient de l'eau potable après 20 jours de disette. Et pourtant, les services de la wilaya ont engagé en 2017, quelque 38 milliards de cts pour améliorer la qualité et la distribution de l'eau potable pour alimenter la population. Ceci se passe au moment où la justice se prépare à juger le dossier en appel des 22 cadres et agents ADE. L'on devrait s'attendre à l'ouverture d'un autre dossier. Celui des acquisitions d'équipements dont on ne trouve pas trace aujourd'hui. Dans le lot, il y a les 4.000 compteurs à eau que les spécialistes du trafic aux frontières ont exportés en Tunisie pour y être commercialisés. La médiocrité dans la gestion de l'entreprise ADE de Annaba est certainement unique en Algérie. Malgré tous ces scandales et les difficultés des 650.000 habitants de la wilaya de Annaba à s'alimenter en eau potable, rien n'est fait du côté du ministère des Ressources en eau pour mettre un terme cette situation.