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Histoire de l'art : la saga d'une fresque algérienne
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 05 - 2018

Dans les prémices d'un printemps prometteur, la nature reprend ses droits. L'art aussi, quand il se mêle à l'Histoire pour donner une alchimie qui transcende le temps. On a longuement connu, su, découvert, ressassé des centaines de fois l'histoire d'une œuvre, son cheminement dans la grande Histoire et son impact. Combien de photos n'ont-elles pas changé le monde, le fameux Che Guevara de Korda, la fameuse «Madone» de Bentalha fixée dans l'Histoire par Hocine Zaourar ou la terrible photo du petit Aylan immortalisé dans sa posture si innocente. Combien de peintures, de gravures ou de dessins, n'ont-ils pas éveillés les consciences, Guernica de Picasso, la Guerre civile de Goya, les murales de Siqueiros et Rivera...
Elles se comptent en milliers, ces œuvres qui ont marqué l'Histoire, qui ont franchi les limites du temps et qui ont agi justement sur ce temps, mais dans l'histoire de l'art, dans l'Histoire tout court, on compte une centaine de ces œuvres qui resteront à jamais comme les plus emblématiques du monde. Cent œuvre, cent fresques répertoriées sur une recherche doctorale américaine entérinée par un livre qui compte, parmi ce florilège, une œuvre algérienne devenue majeure aujourd'hui parce qu'elle a suivi les méandres d'une destinée exceptionnelle, surprenante et dont le miracle de son cheminement à nos jours s'avère comme un pied de nez de l'Histoire face aux «facéties» terroristes létales qui ont caractérisé une grande partie de l'Histoire contemporaine algérienne, et des délires incohérents qui ont choisi la voie nihiliste plutôt que la vie.
Cette aventure extraordinaire d'une fresque à Maâmora a provoqué un torrent de larmes dans l'assemblée des présents venus célébrer les 45 ans de la naissance de cette peinture par l'instillation d'une émotion partagée par de nombreuses personnes, une émotion vraiment palpable, car porteuse de régénération, d'un renouveau étrange, du principe mystérieux d'une œuvre disparue dans le temps et dans l'espace et qui réapparait en transcendant le temps, en revenant parmi nous pour rester encore présente d'une manière pertinente dans l'histoire.
Elle trône dans cette école sauvée de la barbarie et de l'oubli par un chef des patriotes, Mohamed Belhamidi, de son épouse, enseignante de français, avec l'aide des villageois, épris d'un travail artistique cristallisant les envies, les espoirs et la notion symbolique d'un objet transitionnel qui est porteur de toutes les valeurs de vie.
L'histoire de cette œuvre particulière commence avec la trilogie des révolutions algériennes, marque de fabrique du défunt leader Boumediene. En 1973, en pleine extase progressiste, Abdelkader Alloula, sa troupe et de nombreux intellectuels sont très impliqués dans cet élan avant-gardiste, le TRO fort de son engagement, lance une initiative de séminaire à Saïda avec Abdelkader Djeghloul, Benamar Mediène, l'université populaire de Sidi Bel Abbès, et le désormais célèbre Prolet-Cult, mouvement théâtral qui tient compte de la composante prolétaire. La thématique de ce volontariat, filmé par le jeune Merzak Allouache à l'époque, portait sur la relation importante entre le théâtre, la culture, la révolution, l'agriculture, la culture, l'industrie.
Tout ce beau monde est réuni dans un chantier volontaire pour accompagner la naissance du village socialiste de Maâmora à quelques kilomètres sur les piémonts de Saïda. Les artistes, portés aussi par cet élan sublime ne seront pas en reste, mais ils voudront apporter un plus culturel, porter des briques, de la pierre et faire de la maçonnerie n'étaient pas tellement la vocation. L'offrande d'une fresque était une idée sans nul doute plus pertinente, preuve en est aujourd'hui que cette immense œuvre porte ses symboles d'une façon autrement plus efficiente que dans l'anonymat des pierres posées. Ils seront quatre artistes à être invités dans cette action de volontariat déclinée en une journée mémorable.
Leurs noms, Mohammed Khadda, artiste peintre, sculpteur, graveur, affichiste, Denis Martinez, artiste peintre, plasticien, performer, professeur. Il y a aussi Boukhari Zerrouki, artiste peintre, scénographe au sein du TROet Baghdadi dit Benbaghdad, Mohamed de son prénom, artiste peintre, journaliste, membre avec Martinez du Groupe Aouchem. Ici le soleil et la steppe ont parlés, les artistes ont réunis leur talent pour produire cette fresque collective sur un panneau de bois destiné à être offert à la future école en construction.
Le tout a été fait dans le délire artistique byzantin, quatre individualités pour une œuvre collective, la fougue «martinezzienne», la liberté «boukharienne» l'originalité «baghdadienne» et la «rectitude» de Khadda mises sur une feuille de papier qui sera probablement vite oubliée, aussi vite que les reflexes émis par chaque artiste, le travail in-vivo s'imposera de fait. Il s'agit sans doute ici de la première œuvre collective créée dans l'histoire de l'art algérien. Elle sera réalisée en une journée, sous un soleil tapant. La steppe vibrant sous la chaleur de ce généreux début du mois d'avril 1973 (c'était entre le 3 et le 5 du mois) et l'ambiance générale dans ce village tout ancré dans la construction. Les quatre artistes s'attelleront à réaliser le travail, les futurs attributaires n'y comprennent pas grand-chose hormis le détail que la fresque sera destinée à l'école du village.
Le ton change, et une fois finie, elle sera transportée affectueusement comme une relique vers la future école. Depuis, plus rien, nada, oualou ! La fresque de Maâmora disparait des radars, elle revit un peu dans le souvenir de ceux qui l'ont faite, mais c'est tout, on en parle dans un film documentaire... Et puis un jour, le président de l'Association Ciné-Culture de Saïda Abdelkrim Moulay rencontré lors d'une des éditions du Festival du film engagé donnera une information surprenante...la fresque existe toujours. Elle a survécu au terrorisme, à la destruction et aux années de fer et de sang.
Denis Martinez est abasourdi, il crie sa joie son étonnement et rejoint par la grande porte la destinée d'une œuvre algérienne qui fait désormais partie de l'Histoire grâce à des êtres héroïques, leurs noms : Mohamed Belhamidi, chef des patriotes du village, son épouse, professeur de français, le directeur de l'école. Ils seront autant d'ombres bienveillantes pour sauver un pan de Maâmora qui un certain temps avait failli être détruite par les hordes barbares. Mille et une péripéties, mille et une aventures seront «vécues» par cette création, elle fera mille déplacements, sera cachée chez une vieille insoupçonnable, s'enfouira sous des tas de pailles... la dernière mésaventure étant d'être presque repeinte par un artisan du dimanche, elle sera encore une fois sauvée in-extremis par madame Belhamidi.
La célébration des 45 ans de cette création a donné lieu à une grande manifestation entre le 3 et le 5 avril 2018, avec une série de rencontres réalisées à Saïda et à Maâmora, sous l'égide de la ministre de l'éducation national Mme Benghebrit, de la directrice de l'éducation de la wilaya de Saïda, Mme Soumia Hamana, de Ciné-Culture Saïda, coordonnée par le sieur Moulay, de la DJS de l'APC de Maâmora, de la wilaya de Saïda, de la maison de jeunes des frères Abdelli, ainsi que de cette école devenue aujourd'hui célèbre, l'école «Abdelkader Benkhouda» de Maâmora dirigée par Kada Moussounin.
Toutes ces rencontres, ces débats, la poésie de la belle Batoul, et tous les modérateurs universitaires, militants, intellectuels et simple quidams évoqueront les projets de conservation, un film sur Khadda «Le signe et l'olivier» sera présenté, un autre du réalisateur Claude Hirsch sur le parcours extérieur de Denis Martinez, et puis cette apothéose offerte comme un regard porté sur l'avenir, une fresque qui prend place par la magie de cinq jeunes artistes de l'Ecole des beaux-arts de Sidi Bel Abbès qui réalisent pendant une journée quasiment un travail magnifique, coloré, fixant la passerelle artistique, le leg sur les murs de l'école «Abdelkader Benkhouda» devant les yeux ébahis de ces merveilleux bambins de Maâmora et du conteur Kada Bensmicha, superbe magicien des mots.
Deux grands artistes, Abdelkader Belkhorissat, Karim Sergoua, habitués aux actions murales encadrent Zineb Benhamiche, Amira Bouzar, Mohamed Soumeur, Mehdi Ibrahim et Mohamed Amine Ghalmi, pour une aventure plastique sensationnelle, les superlatifs ne sont pas de trop pour cette histoire extraordinaire. Les cinq jeunes talents ont présenté une «djidaria» inédite faisant écho à l'ancienne qui est entrée encore une fois dans l'actualité. Maâmora 1973- Maâmora 2018, la boucle est bouclée, et le leg mémoriel assuré...


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