L'enfant d'Oran a vu le jour le douze mars 1949, il fut un véritable gentleman, que ce soit dans un terrain de football qu'en dehors. C'est un footballeur qui a été forgé dans la rue, il a été le premier footballeur algérien à avoir assimilé avec beaucoup de finesse et d'élégance le rôle de libéro, mais en fait libéro ou pas, Miloud Hadefi était né pour jouer au football. Cadet, il remportait le concours national du jeune footballeur, junior, il était international et sacré meilleur joueur du tournoi de Roubaix. A 18 ans, Lucien Leduc fut enthousiasmé par les qualités techniques de ce garçon petit de taille et bien frêle, mais dont le culot et la vocation offensive qui faisait de lui, le meilleur arrière gauche évoluant en national. Miloud avait l'avantage d'être dirigé par son père Hadj-Hadefi au Mouloudia Club d'Oran. Il brillait par sa vitesse d'intervention, son sens d'interception et sa clairvoyance quand il s'agit de relancer le jeu, soit de le casser pour permettre à ses coéquipiers de s'organiser. Miloud Hadefi qui a connu quelques déboires à cause de sa forte personnalité avec Rachid Mekhloufi aurait pu augmenter son capital sélection, s'il n'en avait pas été évincé. Mais malgré les embûches qu'il eut avec le staff technique, cela n'empêche que paradoxalement il fut retenu en sélection africaine et maghrébine alors qu'il ne figurait pas dans la liste des Verts. Après un bref passage au WA Tlemcen, Miloud remportait la Coupe d'Algérie avec le MC Oran puis terminait sa carrière comme entraîneur-joueur au SIG, un club de Régionale «Ouest». En 1986, il est toujours fidèle au poste, mais cette fois-ci avec l'équipe de la DGSN d'Oran. Hadefi Miloud était surnommé le Kaiser algérien, surnom donné à Beckenbauer l'Allemand. Il a été convoqué en date du 31 juin 1967 à Oran pour affronter la formation polonaise Legia Varsovie avec l'entraîneur le Français Lucien Leduc alors qu'il n'avait à peine 18 ans, il a porté le maillot national plus de 80 fois. Miloud Hadefi avait un sens remarquable du placement et surtout une grande lucidité dans sa propre surface de réparation qui lui permettait de donner une certaine assurance à ses coéquipiers. Il était plein d'audace et un véritable gentleman dans un terrain de football. Son dernier match international s'est déroulé à Bamako au Mali en date du 22 avril 1979 à l'âge de 30 ans et avait pour entraîneur Rachid Mekhloufi, il a participé à divers matchs internationaux, que ce soit en amicaux, aux Jeux olympiques, aux Jeux africains, en Coupe du monde et à divers tournois footballistiques. Hadefi Miloud est de cette catégorie de footballeur qui ne court plus les rues de nos jours ! C'est le genre de joueur qui manque actuellement à l'equipe nationale algérienne, il faudrait plus de cent ans pour retrouver un footballeur de son genre. «Miloud Hadefi, le Kaiser africain». Tel est le titre du livre écrit par notre ami et collègue Hadj Mohamed Belaroui. Loin d'être une narration d'une biographie d'un footballeur d'exception, ce recueil est un récit passion, né d'une sincère amitié entre les deux hommes et truffé d'anecdotes inédites. L'auteur, au prix de beaucoup d'efforts pour collecter des informations sur les compositions de l'équipe nationale de plusieurs décennies, a réussi la gageure de mettre le maximum dans le minimum, selon la formule consacrée. C'est un véritable flash-back couvrant cinquante années de football avec évidemment des récits sur la plupart des matchs joués par Hadefi Miloud et qui, et tous les connaisseurs seront d'accord avec nous, aura été parmi le cercle très restreint de ceux qui ont redonné de la dignité et ses lettres de noblesse à un poste naguère confié aux rugueux, aux «prolétaires» du football, ceux à qui les entraîneurs demandent d'éloigner le plus loin possible le ballon avec la manière forte. Dans ce registre des inoubliables libéros, Hadefi a pris place aux côtés des plus célèbres, à savoir l'Allemand Frantz Beckenbauer, mais aussi l'Algérien Mustapha Zitouni et l'Argentin Roberto Perfumo. Tous ces artistes ne se préoccupaient pas de leurs adversaires mais plutôt de la manière d'intercepter et de relancer proprement le ballon. L'extrême difficulté de cet exercice explique la rareté de cette «espèce» de grands défenseurs, aujourd'hui en voie d'extinction où l'on préfère évoquer le pourcentage de possession et le nombre de kilomètres parcourus par chaque joueur ! Il reste que l'œil est ce meilleur outil de notre jugement. Nous avons admiré ces joueurs et des images resteront fixées dans nos mémoires. Nous avons adoré Miloud Hadefi, si timide malgré sa célébrité, si généreux et sincère avec tous ceux qu'il a côtoyés même avec ceux qui l'ont vilipendé et envoyer à la retraite internationale alors qu'il était au summum de sa forme. Ses succès et ses peines sont racontées avec précision par Hadj Mohamed Belaroui qui est l'une des dernières «mémoires» du football national. L'autre remarque a trait à l'absence de la langue de bois dans ce récit, un exercice où l'auteur a excellé pour la bonne cause, même si des gens pensent que toute vérité n'est pas bonne à dire. C'est donc un livre-testament d'un sportif qui a emmagasiné beaucoup d'évènements au cours de sa vie. Enfin, à la fin du livre, il adresse un coup de projecteur mérité à la glorieuse équipe du FLN, aux entraîneurs de l'EN, à Kader Firoud, Nehari Miloud, Lasni, Salem et sa ville natale, Oran, berceau du football nord-africain avec ses clubs doyens. C'est donc un livre indispensable pour les amoureux du jeu à onze, car il contient une foule d'informations, Hadefi Miloud ne fait plus partie de ce monde mais sa légende demeure vivace dans le cœur et l'esprit de chaque Algérien. Il avait un style de jeu propre à lui, un style de joueur de contre attaque qui a fait des ravages. Hadefi mérite un hommage à titre posthume et des conférences auxquels on parlera de lui afin que la jeunesse algérienne puisse le connaître davantage.
