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Le Hirak s'offre Total !
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 05 - 2019

Qui a dit que l'histoire n'avait pas le sens de la mise en scène ironique ? En pleine phase de crispation entre les partis d'opposition dit démocratiques et l'Armée Nationale Populaire, sur fond de vive tension diplomatique avec la France, voilà que Total acquière le quart de la production pétrolière algérienne alors que le pays traverse une période littéralement révolutionnaire. Quelques réflexions sur les aventures et mésaventures de la bureaucratie algérienne dont l'économie rentière mondialisée s'accommode décidément très mal !
La nouvelle est tombée le 05 Mai tard dans la soirée. Le géant pétrolier français a signé un accord de principe avec l'américain Occidental Petroleum pour le rachat de l'ensemble de ses actifs en Afrique nommément en Afrique du Sud, au Ghana, au Mozambique et en Algérie pour la coquette somme de 8,8 milliards de dollars. « Cette transaction permettrait à Total et à Occidental de sortir tous les deux gagnants », a estimé le PDG de Total, Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué de la compagnie pétrolière: « Total accèderait à plus de 3 milliards de barils de ressources et Occidental renforcerait son bilan suite à l'acquisition d'Anadarko en revendant immédiatement les actifs à l'international de Anadarko ». Anadarko a décidé de se retirer d'Algérie après 25 ans de présence dans notre pays où elle a acquis en partage production avec la Sonatrach, dans le cadre des différentes lois sur les hydrocarbures, trois importants sites pétroliers à savoir : Hassi Berkine, El Merk (Illizi) et Ourhoud. En 2018 ces champs ont produit 320.000 barils par jour soit le quart de la production pétrolière algérienne ! Chevron, le deuxième plus grand groupe pétrolier aux Etats-Unis annonce le 12 avril dernier avoir signé un accord définitif avec Anadarko pour acheter tous ses actifs, y compris africains, dont les gisements d'Anadarko en Algérie. Chevron est fortement intéressé en l'Algérie par l'exploitation du gaz de schiste, dont nous détiendrions les troisièmes réserves mondiales. En plein Hirak, les dirigeants de Chevron se déplacent à Alger, pour dans un premier temps sonder les autorités algériennes sur leur accord quant à un transfert des actifs d'Anadarko vers leur compagnie et pour s'enquérir plus avant des aménagements concernant l'assouplissement permanent des législations nationales relatives à l'exploitation des hydrocarbures. Cela est constamment exigé par les majors aux pays producteurs de pétrole sous prétexte que les gaz de schiste présentent un modèle d'exploitation économique diffèrent de celui du pétrole et du gaz classique. Les algériens, en prenant les précautions d'usage, font savoir qu'ils accueilleraient favorablement une telle éventualité pour ce qui concerne le transfert des actifs. Cependant dans le monde des grands groupes internationaux seul le dollar parle. Occidental Petroleum, un autre géant pétrolier américain, souhaite l'acquisition d'Anadarko pour exploiter ses immenses gisements de gaz de schiste du Permien dans le Texas, surenchérit sur l'offre d'achat de Chevron pour l'acquisition d'Anadarko et au lieu des 33 milliards de dollars américains proposés par son adversaire met sur la table 57 milliards de dollars, une offre qu'il ne peut atteindre sans passer par l'accord de ses actionnaires réticents qu'en partageant le fardeau de l'achat avec le fonds d'investissement Berkshire Hathaway, l'un des tous premiers du pays (pour 10 milliards de dollars) et….Total pour 8,8 milliards de dollars des actifs africains d'Anadarko ! A peine un demi-siècle après les nationalisations des hydrocarbures Total sortie par la grande porte se propose de renter par la fenêtre. Et Total de préciser dans son communiqué que la transaction est toutefois « conditionnée à la signature et à la finalisation de l'acquisition envisagée de Anadarko par Occidental ainsi qu'à l'approbation par les autorités compétentes », sous-entendu les organismes de régulation des marchés aux Etats-Unis et les feux verts des pays producteurs. Tout cela n'est pas encore fait mais le déroulé de la machine transactionnelle US, fluidifiée par les règles souples des bourses aux Etats-Unis, devrait permettre de « boucler » l'ensemble des opérations inhérentes à ces accords de très grande taille avant la fin de l'année en cours. Chevron a perdu la bataille et a reçu 1 milliard de dollars de dédommagements d'Anadarko prévus dans les clauses de déliements contractuels quant à la Sonatrach……elle n'attends pas pour faire connaissance des nouveaux locataires de Hassi Berkine et pour cause ! Alors que sous l'impulsion de l'ex Présidence, un accord d'investissement de 1,4 milliards de dollars dans la transformation du gaz en polypropylène pour 550.000 tonnes par an commence à peine à être mis en œuvre entre la compagnie française et la Sonatrach, Total surprend les autorités du Pays pour prendre possession de 320.000 barils par jour qu'elle a légalement acquis par le truchement des transactions sur le marché globalisé des hydrocarbures. A la Sonatrach s'offre deux alternatives : (1) le refus des transferts d'actifs vers Total, auquel cas elle devrait en toute logique rembourser les montants d'acquisition dont on ne connait pas encore les détails concernant l'Algérie et du coup Alger rendrait bien moins attractif le « deal » entre Occidental Petroleum et Total ; (2) l'acceptation qu'elle pourrait agrémenter d'un certain nombre de conditions non écrites aussi bien économiques (par exemple acquisition d'actifs sur le marché de la distribution énergétique en France ou l'augmentation de ses parts de marché sur le Gpl) que politiques (soutien international actif à la phase transitoire que vit le pays actuellement) ou les deux. Il n'y a qu'à se remémorer que cette acquisition de Total est la plus importante depuis l'achat d'Elf pour bien mesurer les enjeux économiques qui en découlent pour Total et les enjeux géostratégiques en Afrique pour…la France. On comprend immédiatement qu'en dehors des postures et des surenchères qu'une telle autorisation de la Sonatrach va susciter, il y un intérêt politique éminent dans la phase critique que traverse le pays, avec bien plus de marge de manœuvre côté algérien que français. Le fil rouge de l'attitude de Paris vis-à-vis du Hirak sera constitué de cette acquisition qui ne pouvait tomber à un moment plus critique. L'attitude du Quai d'Orsay, siège de la diplomatie française, sur les développements que ne manqueront pas de connaitre la scène politique nationale dans les prochaines semaines sera un véritable indicateur des réelles dispositions de Paris. Quelles que soient les dividendes tactiques qu'une telle opération pourrait présenter vue d'Alger, les péripéties des retombées de cette acquisition soulignent à quel point, le pays subit la géopolitique de ses hydrocarbures plus qu'elle ne réalise la promotion de sa propre géopolitique. Alors que la France sans Pétrole mais avec une puissante compagnie énergétique façonne ses devenirs, l'Algérie et ses milliards de barils de réserves prouvées goûte au sort amère de ses incertitudes. Cela est essentiellement dû à l'incapacité crasse de ses dirigeants à transformer une administration des hydrocarbures en un gestionnaire performant de ses ressources pétrolières. Il est grand temps que la Sonatrach fasse sa transition, son Hirak et sa transition d'entreprise aux fins de défendre l'avenir énergétique de la Nation qu'elle réduit à ses intérêts bureaucratiques sur un terrain de jeu mondialisé par les logiques technologiques et financières. L'un de ses axes de travail devrait être l'acquisition à l'international d'actifs (dans des pipes, des raffineries, des capacités de stockage, des stations de décompression pour nos GPL, des stations de regazéification pour nos GNL en Europe, Etats-Unis, Asie car nous pourrons les valoriser auprès des banques internationales, ce qu'il n'est pas possible de réaliser en Algérie en raison du sous-développement du secteur financier) afin de pouvoir d'une part y vendre nos propres Nafta enfin sortis des circuits de la corruption algérienne et d'autre part se constituer une base de valeurs de tout premier ordre sur laquelle adosser par le truchement d'un fonds souverain une politique patiente et intelligente de levée des fonds des ressources financières internationales et non pas locales pour le développement, dans le Pays, de la valorisation hors hydrocarbures, ou mieux encore, de la transition énergétique. Même les ex-communistes de Gazprom l'ont compris ! Nous faisons l'inverse ! Nous utilisons des ressources financières nationales au profit d'un secteur industriel extraverti (celui des hydrocarbures) et nous tentons de faire venir en Algérie des IDE (investissements Directs Etrangers) au service d'une industrie nationale hors hydrocarbures intravertie de la sous-performance. Comprendra qui voudra…Mais pour arriver à un tel positionnement de notre Administration nationale fainéante des hydrocarbures encore faudrait-il qu'elle fût une entreprise. Ce qui est loin d'être le cas. S'il y a un consensus parmi les cadres de la Sonatrach et de la Sonelgaz (les techniciens de la rente), c'est bien la valorisation des hydrocarbures qui fut bloquée en Algérie pendant près de 30 ans par des forces intéressées intégrées au renseignement militaire et à la Présidence. Il est clair que depuis 2015, correspondant sur le plan politique à un changement de direction au sein du DRS, une nouvelle politique de valorisation des hydrocarbures est mise en œuvre bien plus en phase avec les impératifs de cette industrie caractérisée par son intégration extrême à la mondialisation. La seule question qui mérite donc d'être débattue est la suivante : vaut-il mieux réaliser la valorisation de nos hydrocarbures dans des investissements couteux au sein du Pays, générateurs de commissions colossales, ou à l'international ou la transparence des transactions est une règle d'or ? Le débat n'est pas philosophique. Soit nous continuons à mobiliser des fonds issus de l'exploitation de nos rentes pétrolières et gazières au service du réinvestissement exclusif de nos hydrocarbures sur le territoire national au détriment du reste des secteurs industriels du pays et de notre transition énergétique; soit nous prenons la décision stratégique et courageuse, d'acquérir des actifs à l'international (comme l'ex raffinerie d'Exxon en Sicile), en priorité dans l'aval de l'industrie pour nous constituer des débouchés commerciaux que nous maitriserons en nous rapprochant de nos marchés internationalisés
pour mieux les dominer. Dans le premier cas nous reproduisons le cercle vicieux de la dépendance à la rente, important tout, y compris l'inflation mondiale inhérente à l'achat des moyens de production, véritable source de la dévaluation continuelle de notre monnaie nationale ; soit nous cessons d'importer ces moyens de la transformation des hydrocarbures en les achetant là où ils se trouvent en proximité de nos marchés et nous appuyant sur la financiarisation des investissements fonciers, industriels et d'affaires nouvellement réalisés nous effaçons le « risque pays » qui nous est opposé par les grandes banques internationales, nous importons des dividendes financiers et non plus des biens industriels, nous économisons des études d'ingénierie exorbitantes, le tout en soutien de notre balance des paiements et de la valeur de notre monnaie et par-dessus-tout en gageant ces biens industriels et les flux d'affaires qui en découlent, nous hypothéquons des outils industriels et du travail hors de la Nation et non plus nos réserves pétrolières et gazières ! Nous inversons les logiques imposées par la rente mondialisée pour promouvoir celles qui nous permettent de retrouver l'autonomie de la décision souveraine et le développement à nouveau maitrisé de nos devenirs. Et l'emploi dans tout cela ? Nous ne perdons pas grand-chose en raison de l'intensité capitalistique caractéristique des investissements dans les hydrocarbures qui demandent des sommes colossales par emploi créé. Au contraire, nous ferons une utilisation bien plus efficiente des fonds collectés à l'international dans l'emploi qui assurera en priorité notre sécurité alimentaire dans un pays semi-désertique et qui renforcera notre transition énergétique vers les industries du renouvelable. Total souhaite acquérir du Pétrole en Algérie. Grand bien leur fasse. Que faisons-nous pour capter des moyens financiers dans les circuits bancaires internationaux, véritables leviers du développement autonome hors hydrocarbures de nos futurs ?


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