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Biden et l'«exportation» de la démocratie (V)
Russie-USA
Publié dans La Nouvelle République le 28 - 02 - 2022

En janvier 2021, la Maison-Blanche a changé de locataire dans une réelle cacophonie.
Joseph Robinette Biden, Jr. a succédé à Donald John Trump après une campagne électorale et un scrutin qui resteront dans les annales de l'histoire des Etats-Unis. Outre les accusations de fraude clamées par le camp républicain et d'ingérence russe claironnée par celui des démocrates, ce qui a frappé les esprits c'est l'image de ces émeutiers trumpistes envahissant le Capitole.
En juin 2021, il s'est offusqué à la fermeture de l'Apple Daily, un journal appartenant à Jimmy Lai, un magnat de la presse et milliardaire hongkongais. Cet homme d'affaire est propriétaire de journaux ouvertement pro-manifestants et opposés à la politique chinoise, ce qui lui vaut d'être souvent traité de «traitre sécessionniste», «à la solde de la CIA» ou de «financer les émeutes» par les médias gouvernementaux chinois. Effectivement, Jimmy Lai est connu pour ses accointances avec de nombreuses personnes politiques américaines influentes. L'affaire a été jugée si «importante» par la présidence que Biden s'en est allé d'une déclaration officielle publiée sur le site de la Maison-Blanche.
Nous ne terminerons pas cette section sans traiter des récentes et violentes émeutes au Kazakhstan qui ont toutes les caractéristiques d'une révolution «colorée», la première de l'ère Biden.
De nombreux observateurs, spécialisés dans l'analyse des révolutions «colorées», ont révélé l'implication de la NED et de l'Open Society dans le financement des activistes kazakhs. Il n'est, en fait, pas du tout étonnant que les organismes américains d'«exportation» de la démocratie soient actifs au Kazakhstan, un riche pays asiatique historiquement et géographiquement proche de la Russie et de la Chine. Rien de plus alléchant pour les «neocons» américains que de créer une zone de turbulence dans cette région sensible, comme c'est le cas actuellement pour l'Ukraine.
Les accusations ont été tellement nombreuses que l'influent magazine étasunien «Foreign Policy» s'est senti obligé de publier une tribune intitulée «Les protestations du Kazakhstan ne sont pas une révolution «colorée»». Comme si, lorsqu'il s'agit d'une véritable révolution «colorée», il allait l'avouer à la une ! Nous reviendrons très certainement à l'analyse des évènements du Kazakhstan dans une étude beaucoup plus élaborée.
Biden et le Sommet de la démocratie
Les 9 et 10 décembre 2021, Joe Biden organisa un «Sommet mondial pour la démocratie». À cette grand-messe furent invités plus d'une centaine de pays, choisis sur des critères qui ont même dérouté les analystes américains mainstream pourtant si facilement enclins à vanter la sacro-sainte démocratie américaine. Le journaliste et pacifiste italien Manlio Dinucci qualifia le sommet de «tragique farce» et l'éditorial du journal Le Monde a souligné qu'il avait déçu tout en soulignant «qu'il est autrement plus cruel de constater combien les Etats-Unis, naguère ambassadeurs de la démocratie libérale, sont désormais bien mal placés pour faire la leçon à qui que ce soit». De la plume d'un éditorialiste de ce journal en particulier, ce n'est pas peu dire. Même sur le site du «Carnegie Endowment for International Peace», on pouvait lire «Le mélange actuel d'invités comprend des démocraties libérales, des démocraties plus faibles et plusieurs Etats aux caractéristiques autoritaires». La liste des pays invités attire effectivement l'attention : tous les pays de l'OTAN ont été invités sauf la Turquie et la Hongrie. Aucun pays arabe n'a été invité, même pas ceux «printanisés» par les Etats-Unis eux-mêmes, sauf l'Irak. L'invasion et la destruction de ce pays l'aurait-il magiquement démocratisé ?
Tous les pays qui ont été «colorés» par les Etats-Unis ont été invités : Serbie, Géorgie, Ukraine, Maldives. Un seul manquait à l'appel : le Kirghizstan. Des pays qui ne sont pas jugés démocratiques selon des critères de classement américains ont été invités : République démocratique du Congo, Irak, Kenya, Malaisie, Pakistan, Serbie et Zambie.
Le sommet de la démocratie vu par Chappate
Comme on peut s'en rendre compte, ce sommet a été un flop. Surtout que le prestige «démocratique des Etats-Unis a pris un sacré coup. Selon un sondage réalisé au printemps 2021, seules 17% des personnes interrogées dans 16 pays développés «considèrent la démocratie américaine comme un modèle à suivre».
En se transformant en juge «suprême» à l'échelle planétaire qui décide de qui est démocratique et qui ne l'est pas, Joe Biden a cherché à positionner son pays comme un «modèle» de la démocratie dans le monde. Il avait juste oublié une chose : les cornes de bisons et les fourrures de coyotes qui ont déambulé dans les couloirs du Capitole.
Conclusion
Les relations entre Joe Biden et les organismes d'«exportation» de la démocratie ne sont pas nouvelles. Déjà, en 2002, alors qu'il œuvrait de pied ferme pour envahir l'Irak, il était présent lors de la cérémonie de remise de prix aux lauréats du «Prix de la démocratie» (sic) octroyé annuellement par la NED. Dans son allocution à l'occasion de cet évènement présidé par Laura Bush, la Première Dame de l'époque, il fit l'éloge de la NED :
«Je pense que [la National Endowment for Democracy] a fait plus pour promouvoir la démocratie dans le monde que toute autre organisation». Il poursuivit son allocution avec une étrange déclaration : «Vous savez que nous [au Congrès] débattons et votons, et nous prenons des positions controversées», a-t-il déclaré aux destinataires. «Si nous perdons, nous sommes vaincus et nous touchons une pension. Si vous perdez, vous vous faites tirer dessus. Si vous perdez, vous êtes emprisonné. C'est le véritable test, le véritable test authentique d'un engagement envers la démocratie». Si on comprend bien, l'engagement de Joe Biden envers la démocratie peut se conclure, au pire des cas, par une belle pension fédérale alors que celui des activistes formatés par la «NED & Co.» pour les «regime change» dans leurs pays, peut les mener derrière des barreaux ou dans un cercueil. Quel bel avenir pour des personnes qui reçoivent des prix !
Cette volonté manifeste de Biden d'utiliser la «promotion» de la démocratie à travers le monde comme pilier de sa politique étrangère s'est confirmée par la nomination, dans son administration, de personnalités politiques ayant œuvré dans des organismes spécialement dédiés à cette mission. Elle est aussi visible dans ses décisions d'augmenter les budgets de ces derniers et ce, en complète opposition à la politique trumpienne qui cherchait à les réduire. Dans ce domaine, son administration est encore beaucoup plus généreuse que celles de Bush ou d'Obama. Une autre caractéristique qui attire l'attention avec les nominations de Biden, c'est la proximité avec l'OTAN de certaines des personnes choisies, souvent des faucons «neocons». Il va sans dire que l'actuel locataire de la Maison-Blanche a toujours considéré l'OTAN un instrument primordial pour l'hégémonie américaine dans le monde. Ainsi, dans le rapport du 20e Forum parlementaire transatlantique (mars 2021), le ton est donné : «Depuis le début de son mandat, le président Joe Biden a indiqué que le leadership et l'engagement des Etats-Unis resteront le socle de la sécurité mondiale. [...] L'administration Biden est fermement décidée à reconstruire et à revitaliser les alliances des Etats-Unis, en particulier au sein de l'OTAN. [...] Le Président Biden et le secrétaire général Stoltenberg soulignent tous deux la nécessité d'un programme ambitieux et opportun qui permettra à l'OTAN de mieux se reconstruire».
Revitaliser les alliances des Etats-Unis, en particulier au sein de l'OTAN ? Il s'avère que l'Oncle Sam considère les pays faisant partie de l'OTAN comme de vulgaires vassaux qu'il veut impliquer dans ses guerres sans fin. D'ailleurs, l'affaire des sous-marins français, les écoutes illégales des dirigeants européens et le «Fuck the UE !» montrent clairement comment la Maison-Blanche traite ses alliés.
Quant à reconstruire l'OTAN, c'est bien plus pour mieux servir ses velléités guerrières contre ses propres «ennemis», car l'OTAN dans sa version post-soviétique est loin d'assurer la sécurité mondiale, bien au contraire ! Et les «ennemis» des Américains sont bien identifiés comme on peut s'en rendre compte en lisant un article publié en 2018 par le célèbre magazine «Foreign Affairs». Cosigné par Joe Biden en personne et intitulé «Comment tenir tête au Kremlin – Défendre la démocratie contre ses ennemis», l'article est une diabolisation de la Russie dans le pur style du «Russia-bashing», dans lequel l'OTAN est citée 14 fois! La crise ukrainienne actuelle, entretenue et alimenté par les faucons américains en dit long sur l'état réel du «socle de la sécurité mondiale».
Il en est de même pour la Chine, un autre «ennemi» des Etats-Unis que ces derniers tentent de déstabiliser en finançant des activistes à Hong Kong ou en amplifiant à grande échelle une propagande dans le dossier des Ouïghours.
Au sujet de ce pays, signalons qu'en 2021, l'Atlantic Council (le think tank de l'OTAN dont Damon Wilson, l'actuel président de la NED, était vice-président exécutif) a publié un rapport qui appelait à rien de moins qu'un regime change» en Chine tout en précisant, dans l'introduction, que «le défi le plus important auquel sont confrontés les Etats-Unis et le monde démocratique au XXIe siècle est la montée d'une Chine de plus en plus autoritaire et agressive sous Xi Jinping».
Tout cela nous mène à conclure que l'administration de Joe Biden composée de faucons bellicistes aura certainement recours aux organismes américains d'«exportation» de la démocratie pour déstabiliser certains pays où l'approche non violente peut s'avérer efficace. Néanmoins, le renforcement de sa politique otanesque et l'augmentation de son budget militaire ne laissent aucun doute sur ses intentions militaristes lorsque la situation l'exige. Rappelons le slogan d'Anthony Blinken : «La force peut être un complément nécessaire à une diplomatie efficace». Veut-il suivre les pas de Theodore Roosevelt et de son «big stick»?
Ça semble plausible. A moins que le spectre des cornes de bisons et des fourrures de coyotes ne réapparaissent...
Ahmed Bensaada


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