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Dresser un bilan serein de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF-2025) L'Afrique face à la convoitise des grandes puissances
L'Arabie saoudite, lors d'un forum organisé le 28 octobre 2024, s'est engagé à mobiliser 41 milliards de dollars en faveur de l'Afrique. Les Emirats arabes unis ont des investissements croissants en Afrique, se concentrant sur les infrastructures (ports, logistique), les mines et les énergies renouvelables, notamment en Afrique de l'Est et en Angola. Ces investissements se sont élevés à plus de 100 milliards de dollars entre 2012 et 2024. Le Qatar vise à réduire sa dépendance à l'égard des hydrocarbures, qui représentent encore environ 60 % de son PIB. Le plan national «Vision 2030» a pour but d'investir en Afrique dans la finance, les services, le tourisme et la technologie. Al Mansour Holdings, l'un des plus grands conglomérats du Qatar, a annoncé son intention d'investir 103 milliards de dollars dans six pays africains, dont la République démocratique du Congo recevra l'allocation la plus importante (21 milliards de dollars), suivie par le Mozambique (20 milliards de dollars). La Zambie et le Zimbabwe recevront chacun 19 milliards de dollars, tandis que le Botswana et le Burundi recevront 12 milliards de dollars chacun. 3.-Face à la concurrence internationale , l'Algérie doit diversifier son économie pour pouvoir exporter vers l'Afrique Selon l'ONS, les hydrocarbures continuent de générer l'essentiel des recettes extérieures de l'Algérie avec 47,1 milliards d'euros en 2024, contre 50 en 2023 et 60 milliards de dollars en 2022 ; et en cas d'un baril de 65 dollars (cours moyen et de 30 dollars le mégawat/heure de gaz pour 2024), les recettes seront encore inférieures à celles de 2024, les hydrocarbures représentant plus de 98% de recettes en devises avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 65%. Selon les notes de l'ONS, les exportations hors-hydrocarbures ont atteint 5,81 milliards de dollars en 2022, 4,77 milliards de dollars en 2023. En 2024, la baisse a continué avec 3,56 milliards en 2024 et durant le premier trimestre 2025, elles ont atteint 885 millions de dollars contre par rapport à la même période en 2024 de 982 millions de dollars, s'orientent en tendance annuelle pour 2025, moins de 3,5 milliards de dollars face à la concurrence internationale en Afrique. Sur une valeur totale, importations et exportations d'environ 95 milliards de dollars en 2023, selon les statistiques douanières, les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Afrique en 2023, selon les statistiques officielles ont atteint 4,6 milliards de dollars, avec 2,7 milliards de dollars d'exportations vers le continent et 1,87 milliard de dollars d'importations, soit 4,8% de ses échanges, 80% de ses échanges constituées principalement des hydrocarbures pour ses exportations se faisant avec l'Occident et la Turquie dont 50% avec l'Europe. Dans ce cadre, quel est le bilan objectif qui doit répondre à quatre 04 questions ? Premièrement, selon le rapport final d'Afreximbank, la Foire intra-africaine (IATF 2025), tenue à Alger, du 4 au 10 septembre 2025, a généré 48,3 milliards de dollars de transactions, comprenant 11,4 milliards de dollars de contrats signés par l'Algérie. Mais l'on doit d'abord distinguer, d'une part, investissement et commerce et d'autre part, distinguer contrat applicable immédiatement et lettres d'intention qui n'engagent nullement le contractant supposant de longues négociations pouvant ne pas être concrétisés. Par ailleurs, il faudra rapporter ce montant au commerce global intra-africain où en 2024, le volume des échanges commerciaux a atteint en 2024, environ 208 milliards de dollars, soit 15% du commerce total. (source données lors de cette foire). Et extra africain, soit 85% sur une valeur totale de 1500 milliards de dollars de biens, non compris les services en 2024. Comme il faudra rapporter, ce montant sur la valeur estimée du commerce mondial de biens d'environ 33.000 milliards, soit 4,5% du commerce mondial, cependant en croissance modérée par rapport aux années précédentes où il oscillait entre 2/3%. Deuxièmement, pour l'Algérie mono-exportateur d'hydrocarbures ayant 2500 milliards de mètres cubes gazeux et entre 11/12 milliards de barils de pétrole ( source APS – Conseil des ministres 2O22), étant fortement concurrencés par d'autres pays comme le Nigeria, premier réservoir de gaz plus de 5500 milliards de mètres cubes gazeux, en Afrique suivi récemment du Mozambique, 5000 milliards de mètres cubes gazeux, et de la Libye premier réservoir de pétrole en Afrique (plus de 44 milliards de barils) et devant compter sur de nouveaux producteurs comme le Gabon et récemment le Sénégal, Mauritanie avec l'importante gisement de l'Ile de la Tortue mis en exploitation courant 2025. Et donc se pose cette question : quel sera la part de des exportations hors hydrocarbures de l'Algérie au niveau de l'Afrique ? Troisièmement, les différents contrats ne seront- ils pas freinés (dans le commerce international tout se fait en temps réel loin des entraves bureaucratiques) par les récentes dispositions du ministère du Commerce extérieur (mesures administratives trop lourdes dans le but de freiner les importations afin de sauvegarder le niveau des réserves de change, vision statique…), alors que tant pour les entreprises publiques que privées, le taux d'intégration en ce mois de septembre 2025 ne dépasse pas 15%, équipements et matières premières étant importées, y compris les contrats de Sonelgaz et ces mesures ne sont-elles pas en contradiction avec les règles qui régissent le libre échange intra-africain qui préconise le libre échange et un dégrèvement tarifaire progressif. Quatrièmement, outre la concurrence internationale évoquée précédemment, la pratique des affaires économiques internationales et de tout entreprise étant de maximiser le taux de profit appartenant à l'Etat régulateur de concilier les coûts sociaux et les coûts privés. Il s'agira pour les produits exportées par l'Algérie de dresser la balance devises nette en soustrayant la valeur de l'amortissement des équipements et des matières premières importés en devises, les bonifications des taux d'intérêts et le coût du transport variant, selon qu'il soit par avion, terrestres ou maritime, étant non rentables pour des pays enclavés d'Afrique dont la distance varie entre 1000 et 3000 km. Il faut être réaliste, car pour l'instant, selon l'ONS, les hydrocarbures continuent de générer l'essentiel de ses revenus en devises et avec la chute des exportations de biens non énergétiques fragilise limite les revenus alternatifs, du fait du manque de diversification économique. En conclusion, selon les experts, la mise en œuvre des mesures de la ZLECAf permettrait de réorganiser les marchés et les économies de la région et de stimuler la production dans les secteurs des services, de l'industrie manufacturière et des ressources naturelles par la création d'un marché commun de biens et de services qui renforcera la complémentarité économique du continent, stimulera le commerce intra-africain, augmentera les revenus de l'Afrique et permettra à des millions d'Africains de sortir de l'extrême pauvreté. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités