Dans l'ouvrage sous ma direction, paru en deux tomes (520 pages), à Casbah Editions (Alger-2005), auquel ont participé des politologues, sociologues, anthropologues, juristes et économistes, j'avais plaidé pour un système de communication transparent, adapté à la réalité de la société et au nouveau monde en mutation avec pour objectif redonner confiance afin de mobiliser les citoyens en faveur des réformes. Or, en ce mois d'octobre 2025, force est de constater, comme vient le souligner, fin septembre 2025, le président de la République lui-même, rejoint par le ministre de l'Agriculture, le manque de transparence dans les données fournies par plusieurs départements ministériels, confondant souvent dépôt de projets avec réalisation, lettres d'intention des opérateurs étrangers avec contrat définitif. Sans un système d'information fiable, il est impossible de gérer un pays agissant sous la pression de la conjoncture, comme un aveugle par tâtonnement avec des pertes se chiffrant à des dizaines de milliards de dollars. Cette présente contribution sur les nouvelles mutations informationnelles qui interpelle pas seulement les dirigeants algériens mais l'ensemble des dirigeants du continent africain, est une synthèse de plusieurs de mes contributions depuis de longues années, notamment dans l'American Herald Tribune du 11 août 2018 (USA) «Dr Abderrahmane Mebtoul : «Algeria Still Faces Significant Challenges» et le 19 octobre 2019 dans l'interview à American Herald Tribune Prof. Abderrahmane Mebtoul : «TheWidespread Financial Scandals Affecting most Sectors of National ActivityThreaten the Foundations of the Algerian State. Notre intervention (Ministère de la défense nationale – Institut miliaire – colloque international 28 janvier 2020 Cercle national de l'Armée, Beni Messous – Alger) sur les réseaux sociaux au Maghreb et au Moyen-Orient : quel impact sur les transitions politiques dans la région et récemment Magazine international New African London février 2025 la maitrise de l'intelligence artificielle un enjeu stratégique pour l'Afrique. Le rôle de l'intellectuel, ou de tout cadre de la nation, n'est pas de faire des louanges en contrepartie d'une rente contre-productive pour le pouvoir lui-même, mais d'émettre des propositions opérationnelles privilégiant les intérêts supérieurs de la nation. Dans le contexte d'aujourd'hui, avec le nouveau système de communication où tout est enregistré, un politique doit être réservée, ne jamais s'aventurer à faire des promesses qu'il ne pourra pas tenir, s'il veut conserver sa crédibilité auprès de la population qui a une mémoire. La confiance, fondée sur une communication crédible, transparente est fondamentale pour le redressement national et la mobilisation de la société. Durant la période contemporaine, il y a lieu de tenir compte de l'émergence des nouvelles technologie de l'information à travers les réseaux sociaux qui tendent de façonner les comportements à travers la manipulation et des rumeurs, conséquence du manque de transparence dans la communication, qui peuvent être dévastatrices à des fins de déstabilisation. La communication reste une affaire de terrain et non de bureaux feutrés, sa sémantique, sa sémiologie, sa stratégie et ses cibles ne pouvant relever de l'amateurisme, devant être élaborées à partir de travaux d'enquêtes ciblées. La communication politique doit éviter l'essoufflement et la monotonie, et que les déclarations et les gestes de responsables ne soient un objet de caricatures ou de plaisanteries, tant dans la presse que dans les espaces publics. Les citoyens souhaitent que leurs responsables leur ressemblent ; ces derniers doivent éviter d'essayer que ce soit au peuple de leur ressembler. Il faut que les responsables politiques à tous les niveaux se présentent avec la modestie qu'exigent l'imaginaire et le mental algériens sans tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contre-productif. Car avoir une responsabilité quelque soit le niveau ne doit pas être un privilège pour se servir, mais une lourde mission pour servir la nation, car opinion publique se ligue autour de la femme ou de l'homme rassembleur, capable de réaliser un certain accomplissement pour le pays. Pour une mobilisation citoyenne, il y a lieu d'éviter des discours contradictoires, déconnectés des réalités internes et mondiales de la part de différents responsables ministériels supposant une visibilité et cohérence dans la démarche de la gouvernance, rendant urgente une planification stratégique au plus haut niveau. Le patriotisme, à ne pas confondre avec le nationalisme chauviniste, peut féconder la matrice qui forge la mobilisation populaire, sous réserve toujours de la moralité, car en dépit des apparences, les Algériens sont attachés à leur passé et aux défis de leur présent. Dans ce cadre, le renouveau du système culturel s'adaptant à notre anthropologique culturelle est fondamental pour une bonne communication et réaliser la symbiose Etat citoyen devient une question de sécurité nationale. Pour cela, il y a lieu de tenir compte que la société algérienne, comme toutes les sociétés humaines, est structurée en fonction de plusieurs paramètres sociologiques : catégories d'âge, profession, sexes, statut social, statut religieux, statut politique devant sensibiliser la population sur l'importance de la pression démographique sur les futurs besoins sociaux. Au vu des expériences récentes, avec la nouvelle reconfiguration des relations internationales et les vives tensions dans le monde, les impacts du réchauffement climatique, les innovations technologiques en perpétuelle évolution avec la transition numérique et énergétique, influant sur la nouvelle structure des taux de croissance et d'emplois, tout cela nécessite à la fois une haute qualification adaptée, une bonne communication et des réalisations concrètes sur le terrain loin des discours utopiques. Le concept de crise que traverse l'Algérie doit se hisser au niveau de la crise du monde et ne pas rester une crise de société bloquée, faute de perspectives pour l'avenir d'une population et surtout d'une jeunesse angoissée et même très angoissée par les assauts de la nature, par la violence humaine et les déchéances sociales et économiques. La communication rénovée doit trouver des réponses réelles qui répondent en priorité à ces angoisses. Sous réserve d'une nouvelle gouvernance, l'exploitation d'une crise économique, sociale peut être salutaire si elle est perçue comme un demi-mal, et si elle permet un sursaut national en faveur des réformes, créant une dynamique qui impliquerait les citoyens, afin de faire face aux grands défis. Pour cela, les expériences historiques montrent que les populations fondent leur adhésion à un projet de société clairement défini, fondé sur la tolérance, la diversité sociale et culturelle. La rationalité, comme l'ont montré les deux grands philosophes allemands Hegel et Kant, est relative et historiquement datée. Et pour reprendre les propos de l'économiste indien et prix Nobel A. K. Sen, toute action démocratique doit tenir compte des anthropologies culturelles spécifiques à chaque société. Cela renvoie au concept de la citoyenneté qui ne doit pas rester aux yeux de la population comme un modèle importable, existant un lien dialectique entre la tradition et la modernité, ne devant jamais renier notre riche patrimoine historique et culturel (voir expérience des pays de l'Asie, comme le Japon, la Malaisie ou la Chine), mais adapter nos politiques économiques, sociales, culturelles, sécuritaires et militaires au mouvement du monde nouveau. Comme le note à la fois le professeur Amadou-Mahtar M'BOW intellectuel et homme politique sénégalais qui avait été élu en 1974 directeur général de l'Unesco. dans son ouvrage « l'avenir de l'Afrique: concilier la tradition et la modernité , et le professeur algérien Malek Chebel anthropologue , spécialiste de l'Islam, il s'agit de tirer le meilleur des deux mondes, en mettant les connaissances ancestrales et les outils modernes au service de l'amélioration du bien-être individuel et collectif, tout en honorant le passé. En conclusion, l'objectif stratégique d'un système de d'information fiable, outre une bonne gouvernance et la valorisation du savoir, une Nation sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, de connaissance de l'adversaire dans le domaine militaire où le fondement de l'efficacité d'une armée repose sur son système de renseignement, dans le domaine économique par la connaissance d'informations juridiques, technologiques, normatives ou autres permettant de creuser son avantage compétitif et une asymétrie d'information à son avantage. C'est dans ce cadre que rentre la nécessaire maîtrise de l'Intelligence économique qui devrait bouleverser le monde et sa gestion stratégique est pour une Nation l'un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sa sécurité. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités